Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/131

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De peur d’offenser l’amoureuse enfant — la plusexquise dites-vous qui existe dans le monde — convenez, avec moi, que son charme et -sa grâce, les jeux mêmes de son innocence vous coûtent plus d’attention que Dieu.

Pourquoi défaillir sur la Bible, un traité de mathémathique,quelque ancienne encyclopédie, dans le temps que nous ignorons les usages de notre âme et sa psychologie ? Avant de nous préoccuper des lois d’attraction et de pesanteur, apprenez donc, d’abord, à vous connaître !

Les trafics, les embûches de l’or, le grand doux bœuf pompeux qui meugle aux luzernes bleues, l’énorme soleil captif dans les grappes des vignes grosses, le retour des pêcheurs, leur débarquement sur les plages sonores, les roses vives, le sourire d’Urgèle, il n’est rien qui demeure aussi impressionnant. Ne soyons pas inquiets de Dieu, mais avisons-nous des exploits publics et des suaves travaux du foyer. Dehors, que faisons-nous perpétuellement ? — Restons donc reclus chez nous. — Plutôt que d’être préoccupés par l’Eldorado ou le Styx, assurons-nous de nos plates-bandes,, de la laitue acide, des pâtes et des pommes qui cuisent sous la cendre.

Cependant nul ne se comprend. Je crois que tout homme a un but. Il faut exister publiquement. Pourquoi suis-je né ? Où vais-je ? Quelle noire bataille ? La nuit, l’orage, l’atroce- conquête ? De semblables scrupules corrompent nos désirs, et en brûlent la placidité. Tant de vicissitudes et d’épouvantes, la profonde confusion de nos joies familiales, la mélancolie et la lune, les perfides révérences que nous tirent, sans émoi,