Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/132

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les moins infidèles de nos épousées, est-il vraiment permis de les dissimuler ou faut-il les communiquer comme un texte de loi ou une confidence ?

Si Clarisse trompe mon indulgente constance, au cours de quelque embûche de sa volupté insolite, dois-je en conserver le secret, ou serait-il convenable que mon cœur l’ébruite dans une élégie ? Toute la Nature, chez un poète, les maux qui le frappent, ses joyeuses candeurs non moins que ses larmes, sa souffrance, son souffle, ne paraissent être prédestinés qu’à •excuser ses chimériques romans. Prétextes qui en approuvent la création ! Il y régénère son individu. Les agréments qu’il y expose purifient et augmentent les races. — Mais les gens du bourg, ces bons charpentiers ! leur émoi importe-t-il au monde ? — Quel est l’exploit de leur pensée ? Est-il légitime d’y être attentif ? L’abondance de leurs sentiments en détermine-t-elle l’expansion et est-il nécessaire qu’ils les expriment ? Prendre garde au caractère de leurs petites consciences, n’estrcepoint défigurer celui de leur destin, de leur utilité auguste ? Deviendront-ils plus solennels du jour que mon amour surprendra le secret de leurs païennes fureurs, la luxure qui les mortifie, feu et flammes, tempes battantes, les grâces et les sanglots, toute leur allégresse et leur désuétude ?

V. Exister Publiquement’

Ce qui empêcha, autrefois, Jésus, de se proclamer beau et merveilleux avant trente années de méditation,