Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/187

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gardien des animaux. — Ils expriment la perpétuité, l’énorme identité humaines. — Vêtu de cette toile humble et âpre, sous ce laboureur, je vois Dieu.

Mieux et plus que Diogène, les nomades, ces bergers errants, guerriers, conquérants si sublimes cependant, je l’admire, cet homme vénérable, assis sous les treilles lourdes, parmi le jardin vert !

A l’entrée d’un bourg, un jour, cet été, je me suis, assis placidement dans un cabaret crépi à la chaux, au rouge toit crépu et brûlé de pailles.

Longs repos dans des chambres d’auberge, je ne sais rien de plus mélancoliquement doux. La froide clarté des murs reluisants d’un banal papier à bouquets bleus, les grosses faïences bombantes, la table en sapin, toutes ces intimités nous attristent d’autant plus qu’elles le sont davantage, et que nous y semblonsencore plus étrangers. — Dans une auberge sise en pays d’eau et de joncs, j’ai vécu un jour de douleur. — Petit hameau si frais, si clair, où s’arrêta la diligence jaunâtre ! Des roses grimpantes tordaient leurs flammes parmi le bucolique portail.

Cette froide pièce embaumée de fruits, de vieilles roses et d’épices séchées, jamais lieu ne m’a plus ému. L’antique armoire regarde d’un air hostile. J’ai entendu des plaintes d’aïeule et les suaves rires puérils qui montent des linges pliés ; — On dirait les fantômes couchés des vierges et des vieillards qui s’en vêtirent.