Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/218

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et ils nous touchent perpétuellement. Bien que la grâce ’de leurs paroles ait consacré de fades et futiles ustensiles, l’usage qu’ils en font nous passionne et de s’en -servir, ils les embellissent, pour des ans, des saisons, ,des temps.

Si banalement qu’ils semblent n’user de ces objets — la lampe cuivreuse ou bien l’écuelle — on dirait -qu’ils les touchent avec une ferveur plus exquise, et un Tespect bien plus purs que nous-mêmes. Nous ne -connaissons pas leur sens divin et nous ignorons cet aspect dans lequel ils les considèrent. Ils paraissent ne les prendre que pour faire allusion à quelque ange suprême et plausible. Je vois là une ferveur champêtre. Aux plus minimes objets, à une table, une épée, une rose, ils attribuent peut-être une signification magnifique et intime, laquelle, à vrai dire, nous ne savons plus. Assurément, Dieu, toujours demeure auprès d’eux. A la minute même où ils mangent, peut-être communient-ils encore par d’énormes hosties de blé chaste et par d’aromatiques épices. Dans la salle basse, toute crépitante d’eau et de cristallines verreries, ils ont l’air gai et en repos comme le plus jovial laboureur. Ils parlent ,des épisodes du jour. Ces anecdotes qui vous paraissent banales, vous pensez qu’ils n’y prennent point garde, pourtant ils les écoutent avec vénération. En effet, ce que vous leur dites ne signifie point ceci ou cela simplement, mais ils comprennent tout comme les anges eux-mêmes et ils restituent à ces pierres, à ces ,objets et à ces floraisons, le sens qu’ils avaient quand Dieu les créa.

Agités de ces sentiments, nous présageons quelque