Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/226

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neuves et de vos frais regards, à cause de vos bonnes joues brillantes comme le soleil.

Pourtant je ne vous parlai point. Sur mes péchés je n’édifie personne. Vous n’avez aucunement prévu combien leur abjection me souille.

Des guirlandes reluisaient aux treilles. Vous regardâtes la haie et les vieux animaux quand l’écume laiteuse blanchissait nos tasses. Eut-il été possible de répandre « en public » le conte joli des anciens jours ? Je n’y aurai point prétendu. De peur d’en froisser la délicatesse, je préfère en distraire encore la confidence. Mon amie, peut-être me crut froid et triste, car je reste ici placidement, lorsqu’elle retentit d’innocence. Et c’est de cette sorte en effet, qu’il m’est arrivé, bien des fois, de paraître ingénu, jovial ou élégiaque dans une infinité de circonstances plausibles et par des stratagèmes semblables.

Des fiévreuses ivresses où se baigne ma peine, je ne fais donc part à personne, et je me tais précisément dans le miraculeux moment où il me serait si facile de jouer la parade d’une étrange manière.

Ce jour-là, cependant, comme nous restions assis sur ce banc taillé en plein roc et qu’abritent d’étroites tonnelles vertes, faites d’une masse de feuillages compacts, il ne m’eut pas été permis de dire quelqu’une de ces mobiles langueurs dont je me sentis tout à coup saisi. En face du joyeux paysage, mon amie ne suspectait point la tendresse lassante où je défaillais. Je ne la regardai même pas et bien que tout m’y invitât, je n’embrassai point son visage de fleur. En proie à d’éternelles rêveries j’en réserve la confidence. Je demeure