Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/231

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stagne et les verts marécages dont je me prétendis l’adorateur. Car, qu’est-ce que tous nos pauvres mots, par rapport à l’orage des mers ou à l’inflexion des consciences ?

— Ce jour-là, des scrupules semblables me préoccupaient furieusement. Je vainquis l’enchantement du monde. A cause des riches teintes du soleil je convins de la pénurie des madrigaux qui le courtisent. Avec quel respect j’y ai médité, et bien qu’un lucide crépuscule occupe l’étendue des prairies, je ne cessai point d’en être attendri. J’en conçus le plus vif chagrin. De peur d’avoir froissé des objets délicats, je me crus perdu sans retour aucun.

Cependant, Clarisse ne se souciait point de tant d’inquiétudes minutieuses et son attention parut bientôt prise au sujet des linges qu’elle raccommodait, autant ou davantage que par l’idée de Dieu, ces lassitudes qui m’exténuent. De l’envisager, petite rieuse, futile, je m’accusai iristement. La gaieté et l’indifférence qu’elle exposait en cette minute, ne contribua pas peu à ma douleur, et ses divertissements m’offensèrent cruellement. Qu’elle parut aussi gaie et vive, quand de noires passions me portent sur l’abîme, cela me fit mieux ressentir le péril de nos entreprises si elles ont pour but le plus bel amour. J’en distinguai l’impossible. — Hélas ! comment ne voyai-je point que Clarisse ne fut pas une petite passionnée, mais la femme qui pare la maison, l’extasiante compagne pour des temps de froid ?

« Clarisse, criai-je à mon amie qui restait songeuse dans la blancheur ronde qu’épand la lampe d’or, pourquoi