Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/248

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

où seraient inscrites des sentences d’Hésiode, de Rousseau et de Théocrite serait justement protectrice au seuil des vieux parcs pastoraux. Tels sont les patrons du hameau. Il faut que chacun décore sa maison de l’image réelle ou emblématique de quelque héroïque et subtil poète.

Au culte des dieux et des guerriers, il est utile de substituer le respect magnifique des sages. Parmi eux les poètes me paraissent prodigieux. En effet, la beauté d’un hymne suppose un sublime entendement. Quiconque est susceptible d’écrire une noble églogue peut aussi glorieusement entreprendre des conquêtes et bâtir des cités. Entre un poète et un savant il ne convient pas de faire différence. L’un et l’autre ont une même mission qui est de purifier les hommes et de contribuer à la grâce du monde. Mais leurs expressions les différencient. La réalisation d’un hymne implique une excessive sagesse, la connaissance de l’univers. Le mouvement des mers vertes, les petites feuilles brillantes où poudroient des lumières inverses, la dure concavité des roches, toutes les bêtes de l’Arche, Pan, de glauques poissons qui agitent les mares lumineuses, les coraux, à l’instar des roses, sont nécessaires aux cadences d’un sonnet. Pour l’inscription d’une ode sonore les étoiles lointaines interviennent. Leur oscillation berce notre indolence. Comme l’eurythmie de nos poèmes dépend de celle de l’univers, afin de scander de beaux chants, il s’agit de prendre garde aux rumeurs de la terre.

Ainsi l’art des suaves rythmes et des stances magnifiques présuppose la science des mathématiques, une