Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/282

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tumultueux à chanter que vers le temps qui environne leur mort ; mais en face de ces personnages que transfigure un provisoire émoi, un laboureur ou ce marin, voilà des héros perpétuels.

Ah ! nous voulons la vie plus pure, plus simple et harmonieuse aussi ! Le tragique d’un destin dévie, fausse celui-ci. Dès l’instant qu’un homme tue ou meurt, sa beauté intrinsèque solennelle disparaît. Au culte de l’individu, de sa pensée intérieure, de ses petites ambitions, des tourmentes de sa passion, j’oppose le culte ,du Héros qui travaille. Les profondes rumeurs des cités, des ports rouges, goudronneux, les quais sonores ,d’esclaves, d’énormes cargaisons d’or, l’industrie au hameau, le prodigieux tumulte que font les forges de fer, les vagues, les flots blancs, telle est l’étude que je prêche ! Tel est l’univers poétique duquel je propose la méditation.

Pour revenir à Hamlet, je le trouve pire, sans harmonie. Il est viable en Grèce, en Islande, sur la montagne ou près du lac. C’est un héros sentimental. De là l’indifférence de la Nature. — Cependant, à un pécheur la mer est indispensable. Que l’on conçoive, donc, une vie plus parfaite. Le mot que prononcera cet homme ne fait pas allusion qu ’à soi, mais aussi aux blanches vagues qui s’ébrouent, bondisseut sur les rocs, à un poisson parmi de glauques goémons d’or, aux herbes encore, et aux coraux marins ! — Ah ! voilà l’eurythmie enfin ! La nature passionnée, chuchote autour d’un homme. Le ciel est attentif, l’eau heureuse ! beau soleil ! »

c. Je désire que l’on comprenne bien. Avec la conception