Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/35

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qu’à lui et toute autre liaison demeure téméraire.

Pour la véhémence de ma joie, sa beauté n’est point superflue. Entre une foule de belles demoiselles que j’ai coutume de fréquenter, Clarisse m’a frappé par son harmonie et un air de douceur sensuelle. Elle m’a paru propre à faire mon- plâtsir et à décorer mon appartement. En effet, sa présence m’embellit de pureté, j’ai conquis des béatitudes. De loutes les jeunes femmes que j’ai.rencontrées, certes, celle-ci ne m’est apparue ni la plus aimable, ni la moins vertueuse, mais sa joyeuse ingénuité, une certaine perfidie tranquille, un goût évident pour de blancs repos, les larmes qu’elle répand à propos, ses .subites allégresses me charment, et je sens qu’elle m’est extrêmement précieuse. Ce que je préfère à son caractère c’est la frénésie qu’elle m’inspire. La joie qu’elle goûte, quand je l’embrasse, m’émeut. Je lui sais gré, sans aucun doute, de paraître alors toute béatifiée. Sur elle j’éprouve ma force, ma flamme.

Oui, je pressens prodigieusement combien je suis peu épris d’elle. Qu’elle me quitte ! je n’en ai nulle peine. Fanny, Angèle ou Andromaque, l’une ou l’autre, un jour, recevra mon cœur. Celle-là, cependant, pour l’instant, m’occupe. Elle complète bien mon mobilier. Elle pare la retraite où je me repose. Ses délicatesses décorent mon foyer. Parfois je lui explique son excessive saveur. Si étranges que soient mes épithalamcs, elle discerne leur splendeur, et mon âme passionnée. Je la compare à un printemps. Je l’appelle : « Petite fleur, joyau blanc, tourterelle. » L’extravagance de ces mots l’émotionnc et elle n’en paraît point déconcertée. Elle en devine le subterfuge, et mes