Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/41

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Clarisse range le païu. dans la huche, et, parmi de bombantes corbeilles elle entasse de froides pommes nacrées. Dehors sous la pluie et la brume scintillent les roses neuves, les tuiles des maisons. Comme cette après-midi est fade ! On s’ennuie à mourir ici ! Ah ! Clarisse, Clarisse, souriez-moi un peu !

Des amis, enfin sont venus. — J’ai parlé, ils tressaillent, des lueurs brûlent, je les aime. Lorsqu’ils demeurent en ma présence, je sens qu’ils ne s’occupent point d’eux. Aucun ne s’intéresse à l’autre, mais chacun regarde dans la nuit. Ils se méditent davantage. Leurs ambitions se purifient, deviennent plus suaves et solennelles. Tacites ou sonores, ils tressaillent. Ils pensent : « Celui-ci nous connaît. » D’ordinaire je pérore fort peu, ou splendidement, parfois, jusqu’à mourir. Leur candide douceur me courtise. Longtemps je voulus qu’ils me ressemblassent, il m’eut plu de les animer de mes émois, je les aurais sculptés comme des statues. —» A présent je les comprends mieux. Ils m’entretiennent du coq, de l’eau et de la lune. Ces surnaturelles émotions dont la grâce déjà tourmente leurs désirs comme elles m’interprètent le sens de leur être !

Nous savons inutile de s’appuyer sur Gœthe, Swedenborg ou Apollonius afin d’atteindre aux extrêmes pics de la pensée. Le fait du jour, une anecdote suffisent, car ils peuvent être l’axe de Dieu même. Aussi me content-ils leurs belles joies, les amours vives et merveilleuses desquelles ils subissent l’enchantement et où ils expirent brisés de délices. Lacompagniede cesjeuneshommesm’estfort précieuse. Leur méditative mansuétude augmente la mienne. Ils