Page:Bouhélier - L’Hiver en méditation, 1896.djvu/63

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parodie m’exalta. Avec d’amoureuses ambitions une sensualité élégiaque, de cruelles et secrètes tendresses, j’aurais pu devenir glacé et fantasque. Mais ce chaosoù j’aboutis, mes méditations l’ont équilibré. J’ai gardé le goût pur de la beauté. Le sentiment qui me domine est une volonté de repos. J’ai besoin de joie et d’amour. Je sens cela et je n’en parle jamais. Parvenu à un âge de songes moins ingénus, je connais des hommes toute l’affreuse bassesse intérieure et peut-être aurais-je défailli dans la nuit amère de la mort si la grandeur — cependant — de leur rôle n’avait enfin comblé nies vains désirs.

... Ces émotions, nul ne le a comprises. — Clarisse se penche, elle lit par-dessus mon épaule. — « O, ditelle, mon ami, comme vous êtes ingrat. » La blanche lampe flambe, brasille au mur.

« Ah ! Clarisse, vous aussi, vous n’avez point compris. — Ni vous, ni moi, ni Dieu, peut-être. — Vous en vivez, pourtant, de ces pensées, vous en êtes belle et ivre, à tout instant.

« Certes, vous savez dresser la table, et vous êtes habile à tresser des fleurs, de luisants feuillages en couronnes. — Je me rappelle les nuits passées, la lune sur l’eau et les oiseaux dans la forêt. Oui, un jour, je tombai malade, fièvre et luxure, battements en larmes ; vous êtes descendue dans la pâle prairie, afin d’en rapporter des herbages odorants, des plantes brillantes du sel marin. — Vous êtes plus savante que Socrate. — Nulle ne \ous surpasse en douceur, ô