Page:Bouilhet - Œuvres, 1880.djvu/53

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Vous qui m’avez donné les coupes d’ambroisie,
Pour oublier le monde et ses rêves d’un jour ;
Vous dont le luth divin, vous dont la poésie
M’a consolé de tout, et même de l’amour.

Car, lorsque je pleurais, sur mon âme en ruine
Vous êtes descendue, ô colombe de Dieu !
Et j’ai senti mon cœur bondir dans ma poitrine,
Et s’élargir mon front sous vos baisers de feu.




Double incendie.


Hier, le feu prit à la maison de celle
Qui, l’an passé, m’entourait de ses bras ;
Les pieds dans l’eau, trempé jusqu’à l’aisselle,
J’ai fait la chaîne et je songeais tout bas :

Combien de fois, au seul bruit de mes pas,
Le portier chauve a tiré sa ficelle,
Quand ma beauté dont l’œil noir étincelle
Discrètement m’attendait sous les draps.