Page:Bouilhet - Dernières chansons.djvu/208

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Ployait sous huit cents ans de soleil et de pluie ;
Les fenêtres, au loin, dans les murs élevés,
S’ouvraient horriblement, comme des yeux crevés,
Tandis que ― dominant la montagne prochaine,
Empanaché de lierre et plus touffu qu’un chêne,
Avec ses chérubins qui se penchaient sur nous,
Ses diables grimaçants, ses docteurs à genoux ―
Le grand clocher muet, debout dans les airs libres,
Gardait, miné d’en bas, d’effrayants équilibres ;
Si bien qu’on avait peur, en passant sous l’arceau,
D’un souffle de la brise ou du poids d’un oiseau.
Des enfants se roulaient, au pied des murs, dans l’herbe ;
Mille insectes cachés faisaient un bruit superbe ;
Les genêts d’or ouvraient leur bouquet éclatant,
Tout riait, tout chantait, tout vivait ; et pourtant,
Des gazons répandus en touffes inégales,
Du rire des enfants et du cri des cigales,
Des fleurs, des nids joyeux, des buissons chevelus,
Quelque chose montait des temps qui ne sont plus.
Comme une odeur de tombe emplissait la vallée !

Une cloche tinta, misérable et fêlée.

C’était pour une morte, un doux être emporté