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MELÆNIS


La sorcière éteignit les torches. L’âtre antique
Resplendit tout à coup d’une flamme magique,
Que la vieille excita sous son souffle glacé.
Dans un vase d’airain, sur les tisons dressé,
Sang des morts, noirs venins, plante au suc exotique,
Tout bouillonne et frémit, pêle-mêle entassé ;

Et Staphyla, parfois, dans la marmite pleine,
Jette des ossements pris aux dents d’une chienne,
Des cailloux qu’en tombant, la foudre a calcinés,
Et de longs clous ravis aux croix des condamnés,
La nuit, lorsque le vent qui pleure dans la plaine,
Fait craquer du gibet, les grands bras décharnés ;

Puis rêveuse, elle écoute, ainsi que des augures,
Brûler en pétillant des feuilles de laurier,
Et dans la cendre éparse alentour du foyer