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MELÆNIS


» Qu’il tombe avant le jour ! que dans la nuit glacée,
» Il ait, pour tout linceul, comme un sombre inconnu,
» L’aile du vautour fauve et l’ombre du ciel nu !
» Tourne ! tourne !… » Et sa voix haletante, insensée,
Sa chevelure grise, à son front hérissée,
Ses yeux sanglants, ses doigts crispés, son bras tendu,

Tout passait, tout grinçait, ainsi qu’un rêve étrange,
Devant la courtisane immobile d’effroi…
« Tourne ! tourne plus fort !… C’est l’amour qui se venge !
» Le feu flambe au foyer ! l’air siffle autour de moi !
» À la lèvre du vase écume le mélange !
» Ô cieux, lancez la foudre ! ô terre, entr’ouvre-toi ! »

Mais sa voix s’éteignit, arrêtée au passage,
Une froide sueur sillonna son visage,
Et le fouet, à ses mains échappa brusquement ;