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772 ÉLÉMENTS DE L’ART HÉRALDIQUE.


cœur de l'écu ; le flanqué peut être arrondi en forme de deux demi-lunes ; le chape couvre les 2/3 de l'écu ; il descend du chef en deux pointes qui Tiennent poser sur le bas de l'écu dont la partie à découvert forme un triangle ; le mantelé est le chape agrandi et couvrant les 3/4 de l'écu ; le chaussé est le contraire du chape ; il meut de la pointe de l'écu ; le chapé-chaussé est la réunion du chape et du chaussé ; ils s'arrêtent alors tous les deux à la moitié de l'écu ; l'embrassé est le chape mouvant du flanc dextre ou du flanc senestre ; il est dit, selon le cas, embrassé à dextre ou à senestre ; l'emmenché est composé de longs triangles en forme de dents de scie, s'enclavant les uns dans les autres ; il peut être en chef, en pal, en barre, en bande et en pointe. Le nombre des pointes et des demi-pointes doit être exprimé ; il doit y avoir au moins 2 pointes ou une pointe et deux demies. Lorsque dans un écu parti ou coupé les bandes, les fasces, les pals sont opposés les uns aux autres, c'est-à-dire métal à couleur, couleur à métal, on dit alors contre-bandé, contre-fascé, contre-palé. On appelle Vun dans Vautre un rebattement qui consiste à faire passer l'émail d'une des parties sur l'émail de l'autre et réciproquement.

Pièces moins honorables ou du second ordre. Le lambel se pose horizontalement à la partie supérieure de l'écu sans toucher les bords ; il est garni, à la partie inférieure, de pendants en forme de trapèze dont le nombre est ordinairement de trois ; il est employé le plus souvent comme brisure de branche cadette ; les losanges, carrés allongés et pleins posés de biais ; ils sont en métal ou en couleur ; les fusées, losanges étroits et allongés, quelquefois penchés ; les macles, losanges évidés en losanges ; les rustres, macles évidées en rond ; les besants, pièces de monnaie qui avaient cours en Orient à l'époque des croisades ; ils sont toujours en métal ; les tourteaux ont la même forme que les besants, mais ils sont toujours de couleur ; les besants-lourteaux sont des besants mi-partis de métal et de couleur et posés sur un champ de couleur ; les tourteaux-besants sont des tourteaux mi-partis de couleur et de métal sur un champ de métal ; les billettes, pièces de bois carrées, plus hautes que larges ; elles peuvent être évidées, on les dit alors cléchées ; les carreaux, pièces de bois formant un carré à côtés égaux et posées comme les billettes.

Figures naturelles. Elles sont empruntées à toute la création et représentent les astres, les éléments, l'homme, les animaux, les plantes,- leur nombre est infini ; quelques-unes ont, dans la langue du blason, un nom particulier. Nous ne parlerons ici que des plus fréquemment employées.

Figures empruntées aux astres et au firmament. Le soleil se représente comme une figure humaine de forme ronde, entourée de 16 rayons dont 8 ondoyants ; il est levant lorsqu'il meut de l'angle dextre du chef, et couchant lorsqu'il paraît à l'angle senestre. La lune se figure de la même manière, mais sans rayons ; le plus souvent elle a la forme d'un croissant ; on représente ordinairement celui-ci les pointes en haut ou montant ; lorsqu'elles sont en bas, il est dit versé. Le monde ou globe terrestre se représente sous forme de boule surmontée d'une croix et entourée d'un double cercle. Les étoiles n'ont ordinairement que 5 rais ; si elles en ont davantage il faut l'indiquer. L 'arc-en-ciel paraît en blason avec ses couleurs naturelles. Les comètes se figurent comme les étoiles à 7 rais ; un huitième, trois fois plus long que les autres et ondoyant, indique la queue de l'astre. Les nuées se représentent le plus souvent avec des foudres sortant de leurs flancs ; le feu par un métal ou une couleur ; Veau est ordinairement d'argent ombrée de sinople, d'azur ou de sable.

Figures empruntées au corps de l'homme.


L'homme est de carnation, c'est-à-dire au naturel ; il est souvent en buste. La femme se représente de la même manière. Lès yeux sont ordinairement de face ; lorsqu'ils sont de profil, on doit l'exprimer ; ils sont allumés lorsque la prunelle est d'un autre émail que la paupière. Les mains sont ordinairement étendues du côté de la paume et dites appaumées ; ou jointes et posées en fasce ; elles s'appellent alors une foi. Les bras sont ordinairement mouvants d'un des côtés de l'écu ; le droit s'appelle dextrochère et le gauche senestrochère. Les jambes sont aboutées par les cuisses, quelquefois au nombre de trois et au milieu de l'écu. On figure ordinairement les os des jambes passés en sautoir.

Animaux. Une des figures le plus fréquemment employées en blason, et assurément une des plus anciennes, est le lion ; sa position ordinaire est la tête de profil et levé sur les pieds de derrière ; il est dit alors rampant ; mais on n'exprime en blasonnant que les positions ci-après : posé, lorsqu'il est sur ses quatre pieds ; passant, lorsqu'il semble marcher ; léopardé, dans la position réservée au léopard ; armé et lampassé, lorsque les griffes sont apparentes et la langue tirée ; le bouquet de la queue doit être tourné vers le dos ; dans les anciens blasons c'est le contraire, il est tourné en dehors ; morné, lorsqu'il n'a ni dent ni langue ; diffamé, quand il n'a point de queue ; issant, lorsqu'il paraît sur un chef, une fasce, etc. ; la tête de lion est dite arrachée lorsqu'elle est détachée du tronc et que des lambeaux de chair pendent du cou. Le léopard est passant et a la tête tournée de face, la queue dirigée vers le dos le bout en dehors ; il est lionne, lorsqu'il est rampant, c'est-à-dire dans l'attitude du lion ; il est quelquefois assis. Le cheval est gai, lorsqu'il n'a ni bride ni licou ; effrayé ou cabré, lorsqu'il est posé sur les pieds de derrière ; la tête de cheval est toujours de profil. Le bœuf se distingue de la vache par une touffe de poils sur la tête ; il est toujours de profil ; ils peuvent être l'un et l'autre clarines, c'est-à-dire ayant une clochette ; la tête de bœuf, comme celle des autres animaux, le cheval excepté, se pose de face et se nomme rencontre. Le cerf est de profil et passant ; son bois, attaché à un morceau du crâne, est dit massacre de cerf. Les lévriers et les bracs sont à peu près les seuls chiens que l'on voie figurer sur les armoiries ; ils sont ' passants ou courants. L'hermine est représentée au naturel et passante. Le bélier, dans la position ordinaire, est passant ; sautant, lorsqu'il est debout ; on le reconnaît à ses cornes arrondies. L'agneau est de profil et passant ; l'agneau pascal tient une croix à laquelle est attachée une banderole chargée d'une croisette. Le sanglier est de profil, passant et de sable. L'ours est de profil et passant ; il peut être rampant, accroupi, armé et lampassé, etc. L'éléphant est défendu lorsque ses défenses sont d'un autre émail que son corps ; sa trompe ou proboscide est souvent représentée dans les cimiers des casques allemands. L'écureuil, le lapin, le rat, le limaçon figurent assez fréquemment dans les armoiries ; le serpent n'y est pas rare non plus ; on l'y nomme bisse, vivre, givre ou guivre ; il est ordinairement posé en pal et onde. Parmi les poissons ceux que l'on rencontre le plus souvent sont les bars, reconnaissables à leur forme recourbée ; ils sont le plus souvent au nombre de deux et adossés ; les chabots se posent en pal ; le dauphin, de profil et recourbé ; il est versé quand ses extrémités sont tournées vers le chef de l'écu ; couché, lorsqu'elles regardent la pointe ; pâmé, quand sa gueule est ouverte et son œil fermé. Les coquilles figurent fréquemment dans les armoiries ; les plus usitées sont celles dites de saint Jacques et celles de saint Michel ; lorsqu'on les voit à l'intérieur, elles prennent le nom de vannets ; l'écrevisse a la tête en haut et est posée en pal.