Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/106

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

10 600 h. Évêché. Place forte. Commerce de safran. — Fondée par l'empereur Frédéric II; endommagée par les tremblements de terre de 1703 et 1706; prise par les Français en 1798 et par les Autrichiens en 1815.

AQUILA, natif de Sinope dans le Pont, était architecte et fut chargé par Adrien de rebâtir Jérusalem. Ayant ainsi eu occasion de connaître la religion des Juifs, il l'approfondit sous la direction du rabbin Akiba et ne tarda pas à l'embrasser. Il se fit ensuite chrétien, mais il revint définitivement à la religion juive. Il donna, vers 138, une version grecque de la Bible, qui eut longtemps une grande autorité et qu'on préférait même à celle des Septante. On en trouve des fragments dans les Hexaples d'Origène. — Un autre Aquila, Juif grec de Corinthe, fut converti par S. Paul, qu'il accompagna à Éphèse. Les Grecs l'honorent comme saint le 8 juillet.

AQUILÉE, Aquileia, v. des États autrichiens (roy. d'Illyrie), à 25 k. S. O. de Goritz, à 6 k. S. O. des lagunes de Marano, au fond de l'Adriatique. Petit port. — C'était primitivement la capit. des Carni, peuple de Vénétie. Elle reçut une colonie romaine l'an 180 av. J.-C. et prit son nom d'un vol d'aigle de bon augure. Grande et forte sous l'empire romain, elle compta jusqu'à 130 000 h. et devint la capitale de la Vénétie ; c'était la clef de l'Italie au nord. Maximin fut tué par les siens pendant qu'il assiégeait cette place. Théodose y battit en 388 l'usurpateur Maxime. Attila la détruisit en 452. Elle ne s'est pas relevée depuis et n'a guère auj. que 1600 h. Elle était jadis le siège d'un patriarcat, qui en 1751 a été divisé en 2 archevêchés : Udine et Goritz.

AQUILIUS (Manius), consul en 129 av. J.-C., fut chargé, après la mort de Perpenna, d'achever la guerre contre Aristonic, qui prétendait au trône de Pergame, et amena à Rome ce prince prisonnier.

AQUILIUS NEPOS (Manius), général romain, consul avec Marius, l'an 101 av. J.-C., étouffa la révolte des esclaves en Sicile. Dans la suite, il fut envoyé en Asie pour rétablir les rois de Bithynie et de Cappadoce, que Mithridate avait détrônés. Mais, après quelques succès, il fut pris par ce prince qui le fit promener sur un âne, puis le fit mourir en lui versant dans la bouche de l'or fondu. Aquilius avait été accusé de concussion; il fut défendu par Antoine l'orateur, qui le sauva en découvrant au milieu de sa plaidoirie les cicatrices des blessures que son client avait reçues au service de la patrie.

AQUILONIA, auj. la Cedogna ou Carbonara, v. d'Apulie, au S. E. de Lucérie. Papirius Cursor y battit les Samnites, 293 av. J.-C.

AQUIN, Aquinum en latin, Aquino en italien, vge du roy. de Naples (Terre de Labour), à 4 kil. N. E. de Ponte-Corvo; 800 h. Évêché. — Jadis ville des Herniques; détruite par les Lombards au VIe siècle. Patrie de Juvénal; S. Thomas d'Aquin naquit auprès.

AQUIN (île d'), près d'Haïti (Antilles), par 75° 4' long. O., et 18° 14' lat. N. — Dans Haïti, vis-à-vis de l'île, est un bourg d'Aquin, à 115 k. O. des Cayes.

AQUIN (Louis-Claude d'), célèbre organiste, né à Paris en 1698, mort en 1772, eut un talent tellement précoce que, dès l'âge de 6 ans, Louis XIV voulut le faire jouer devant lui, et qu'à 8 ans il composait d'excellents morceaux. On venait tout exprès des pays étrangers pour l'entendre.

AQUINCUM, v. de Dacie, auj. Bude.

AQUIS GRANUM, nom latin d'AIX-LA-CHAPELLE.

AQUITAINE, Aquitania, c.-à-d. pays des eaux, une des quatre grandes régions de la Gaule, comprenait avant César tout le pays situé entre les Pyrénées au S. le golfe de Gascogne à l'O., la Garonne au N. et à l'E. Peuples principaux : Tarbelli (Béarn), Ausci (Armagnac), Arverni (Auvergne), Bituriges Vivisci (Bordelais), Pictones (Poitou), Lemovices (Limousin), Cadurci (Quercy), Convenæ et Bigerrones (Comminges et Bigorre). Villes : Burdigala, Bordeaux, Aquæ Tarbellicæ (Dax), Cadurci (Cahors), Tolosa (Toulouse), Gergobia, détruite par César. — Crassus, lieutenant de César, soumit la plus grande partie de l'Aquitaine en 57 av. J.-C. César s'en rendit tout à fait maître par la prise de Gergovie (52) et, dans le partage qu'il fit de la Gaule, il étendit les bornes de cette province jusqu'à la Loire au N. et à l'E. Auguste y ajouta le territoire des Bituriges Cubi (Berry et Bourbonnais). Enfin vers 369 ou 381, l'Aquitaine fut partagée en 3 prov.: Aquitaine 1re, ch.-l. Avaricum (Bourges); Aq. 2e, ch.-l. Burdigala; Aq. 3e ou Novempopulanie, ch.-1. Lugdunum Convenarum (St-Bertrand-de-Comminges), puis Ausci (Auch). Les Visigoths devinrent maîtres de l'Aquitaine en 419, sous le règne de Wallia, et firent de Tolosa la capit. de leur empire. En 507, Clovis, vainqueur à Vouillé, enleva l'Aquitaine à Alaric II, roi des Visigoths, et la réunit au roy. des Francs. Dagobert l'en démembra en 628 et l'érigea en royaume en faveur de son frère Caribert. Après la mort de Hildéric, fils de Caribert (631), le roy. d'Aquitaine fut changé en duché et donné par Dagobert à Boggis, 2e fils de Caribert. Eudes, Hunald et Waïfre possédèrent successivement l'Aquitaine à titre de ducs jusqu'en 768, époque où Charlemagne s'empara de cette province. Il en fit un roy. dépendant de la couronne, et le donna en 781 à Louis le Débonnaire, son fils. Celui-ci la céda en 814 à son fils Pepin, qui mourut en 838. Pepin II fut proclamé roi après lui, mais Charles le Chauve lui enleva ses États et se fit couronner roi d'Aquitaine en 848. En 855, il en investit son fils Charles, qui mourut en 867, et fut remplacé par Louis le Bègue. Lorsque celui-ci monta sur le trône de France (877), l'Aquitaine fut de nouveau érigée en duché héréditaire en faveur de Ranulfe I, fils de Bernard, comte de Poitiers ; elle perdit bientôt après son nom d'Aquitaine pour prendre celui de Guyenne, qui paraît n'en être qu'une corruption. Elle se composait alors des fiefs de Gascogne, d'Armagnac, de Fezensac, du Périgord, du Poitou, du comté d'Angoulême et de la Marche. En 1137, le mariage d'Éléonore, fille de Guillaume X, dernier duc de Guyenne et comte de Poitiers, avec Louis VII réunit pour un instant cette prov. à la couronne de France. Mais après le divorce impolitique de ce prince (1152), Éléonore épousa Henri Plantagenet, depuis roi d'Angleterre, et par là la Guyenne passa entre les mains des rois d'Angleterre. Philippe-Auguste la reprit en partie en 1204, par confiscation, sur Jean sans Terre; mais S. Louis crut devoir la restituer aux Anglais (1259). Confisquée sur Édouard III par arrêt du parlement en 1370, elle fut définitivement réunie à la France sous Charles VII, en 1453. V. GUYENNE.

ARA BACCHI, autel de Bacchus, nom latin moderne de BACHARACH. — ARA URIORUM, auj. Gottsberg, v. de la 2e Germanie, où les Ubiens élevèrent un autel à Auguste, était au N. de la v. actuelle de Bonn. D'autres disent que c'est Bonn elle-même.

ARABAT, fort situé sur la côte N. E. de la Crimée, donne son nom à la Flèche d'Arabat, presqu'île longue et étroite qui se relie à la Crimée, en séparant la mer Putride de la mer d'Azov.

ARABIE, Arabia, contrée de l'Asie occid., bornée au N. par la Syrie et l'Algezireh, à l'E. par le golfe Persique, au S. par la mer d'Oman, à l'O. par la mer Rouge. Son étendue est de 2500 k. environ du N. au S. sur 2000 de l'O. à l'E. On la divise vulgairement en trois parties : A. Pétrée, au N. O., A. Déserte, au centre et à l'E., A. Heureuse, au S. O.; mais la division réelle, la seule qui soit connue des indigènes, est celle qui partage l'Arabie en 5 régions, savoir : l’Hedjaz, le long de la côte N. O., qui renferme le grand chérifat de la Mecque, l'Yémen, au S. O., dont les principaux États sont, en allant de l'O. à l'E., l'imamat de Sana, le pays d'Aden, l'Hadramaut et le désert du Marah; l’Oman, au S. E., qui renferme l'imamat de Maskate; le Lahsa (Bahraïn ou Hadjar), à l'E.; et le Barria ou Bahr-Abad, qui comprend le Nedjed, et se compose des vastes déserts situés au centre de l'Arabie. Villes princi-