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ARAN (Val d'), une des plus hautes vallées d'Espagne, dans les Pyrénées, versant N., sur la frontière des dép. de la Garonne et de l'Ariége, forme un district de la prov. de Lérida, qui a pour ch.-l. Viella. La Noguera et la Garonne y prennent naissance à 50 pas l'une de l'autre. Les habitants sont presque tous pâtres, bûcherons ou contrebandiers. — Le val d'Aran appartenait jadis aux Convenæ ou Garumni, peuple de la Gaule. Il fit ensuite partie du comté de Comminges, et passa à l'Espagne en 1192.

ARANDA (don ABARCA DE BOLEA, comte d'), homme d'État espagnol, né en 1719, mort en 1798, fut ambassadeur de Charles III près d'Auguste III, roi de Pologne, devint en 1766 président du conseil de Castille, puis ambassadeur en France, et fut nommé en 1792 premier ministre, mais il fut bientôt remplacé par Godoï. Ministre libéral, il avait fait bannir les Jésuites (1767) et limité le pouvoir de l'inquisition.

ARANJUEZ, v. d'Espagne (Tolède) sur le Tage, r. g., à 44 kil. S. de Madrid; 9000 hab. Superbe maison royale, séjour de la cour depuis Pâques jusqu'à la fin de juin; beaux palais des Infants et de Médina-Céli. Chemin de fer conduisant à Madrid. — Un traité d'alliance y fut conclu en 1772 entre la France et l'Espagne contre l'Angleterre. Il y éclata en 1808 une insurrection contre le prince de la Paix, Manuel Godoï, par suite de laquelle Charles IV se vit forcé d'abdiquer en faveur de son fils Ferdinand.

ARANYOS, riv. de Transylvanie, sort du mont Kalymiasza, passe à Thorda, Aranyos-Cyères, et se jette à St-Marton dans le Maros; cours 140 kil. Elle roule des paillettes d'or (arany en hongrois).

ARAPILES, bourg et mont. d'Espagne près de Salamanque, a donné son nom à une bataille plus connue sous le nom de bataille de Salamanque.

ARAR, ARARIS, riv. de Gaule, est auj. la Saône.

ARARAT, auj. Macis ou Agri Dagh, célèbre mont. d'Arménie, à 65 kil. S. O. d'Érivan, par 42° 15' long. E., 39° 30' lat. N., est la plus haute mont. de cette contrée; on lui donne 5248m; son sommet est couvert de neiges éternelles. C'est sur cette mont., selon la Genèse (ch. VIII, v. 4), que s'arrêta l'arche de Noé.

ARAS, Araxes, riv. d'Asie, sort du mont Teckdagh, en Arménie, à 35 kil. S. E. d'Erzeroum, court au N. E., fertilise l'Érivan et le Chirvan, et tombe dans le Kour, r. dr., près de Djabat, après un cours de 680 kil. L'Aras était surtout remarquable par son impétuosité, ce qui a fait dire à Virgile : Pontem indignatus Araxes (Én., VIII, 728). Néanmoins, on le traverse aujourd'hui sur trois ponts de pierre.

ARATOR, poëte latin chrétien, né en Ligurie vers l'an 490, mort en 556, était sous-diacre à Rome, et devint secrétaire et intendant des finances d'Athalarie, roi des Goths. Il a mis les Actes des Apôtres en vers. Ses poésies se trouvent dans la Biblioth. des Pères, Paris, 1575; elles ont été publiées à part par Arntzénius, Zutphen, 1769, et Hubner, Leips., 1850.

ARATUS, général de la ligue Achéenne, né à Sicyone vers l'an 272 av. J.-C., fut élevé à Argos, rentra dans sa patrie en chassant le tyran Nicoclès, fit entrer Sicyone dans la Ligue Achéenne et en fut nommé chef, quoique fort jeune encore. Il rendit l'indépendance à Corinthe (243), en chassa Antigone, roi de Macédoine, fit entrer dans la Ligue presque toute la Grèce centrale, mais ne put surmonter l'opposition des Étoliens et des Lacédémoniens, et fut même battu par Cléomène, roi de Sparte. Il fit alors une alliance imprudente avec Antigone, puis avec le successeur de ce prince, Philippe V : ce dernier, après s'être servi de lui pour écraser les Étoliens, le fit empoisonner (213). Aratus avait composé une Histoire de la Ligue Achéenne qui ne nous est pas parvenue. Plutarque a écrit sa Vie.

ARATUS, poëte et astronome grec, né à Soles en Cilicie, vers 270 av. J.-C., contemporain de Théocrite, vécut à la cour d'Antigone Gonatas, roi de Macédoine. Il a composé sur l'astronomie un poëme intitulé les Phénomènes et les Pronostics, que Cicéron, Germanicus et Avienus ont traduit en vers latins, et qui a été commenté par Hipparque, Ératosthène et Théon. Les meilleures éditions de ce poëme sont celles de Th. Buhle, Leipsick, 1793-1801, et d'A. Kœchly, dans les Bucolici didactici de la collect. Didot, 1846. Hugo Grotius a réuni, sous le titre de Syntagma Arateorum (Leyde, 1600), les traductions latines d'Aratus faites par les anciens. Pingré a donné une trad. française de ce poëte à la suite des Astronomiques de Manilius, 1786, 2 vol. in-8.

ARAUCANIE, contrée de l'Amérique méridionale, entre les Andes et l'Océan, au S. du Chili, s'étend de 36° 44' à 39° 50' lat. S. Les Araucans, la principale nation indigène de la famille chilienne, se distinguent par leur civilisation assez avancée et leur haine implacable pour les Espagnols. De 1555 à 1773, ils ont fait à plusieurs reprises une rude guerre à ce peuple, et souvent ils ont été les agresseurs. Les Jésuites avaient tenté leur conversion, mais en 1720 une révolte générale mit ces tentatives à néant. Par un traité avec l'Espagne en 1773, ils obtinrent d'avoir un résident à Santiago. Les Araucans forment encore auj. une confédération composée de quatre États, qui ont des chefs héréditaires : ils ont une constitution analogue au gouvernement féodal. Ils élèvent des troupeaux de bœufs et de vigognes. La guerre des Espagnols contre les Araucans, au XVIe siècle, est le sujet du poème épique de l’Araucana, d'Alonzo de Ercilla.

ARAURIS, riv. de Gaule, est auj. l’Hérault.

ARAUSIO, ville de Gaule, est auj. Orange.

ARAXE, nom anc. de deux riv., dont l'une dans l'Arménie, est auj. Aras (V. ce nom); et dont l'autre est dans la Perse : celle-ci passait à Persépolis et se jetait dans le Médus, affluent du golfe Persique.

ARBACE, gouverneur des Mèdes sous Sardanapale, roi d'Assyrie, conspira contre ce prince efféminé avec le Chaldéen Bélésis, gouverneur de Babylone, partagea ses États avec les principaux conjurés, et obtint le roy. des Mèdes, vers l'an 759 av. J.-C. Il établit sa résidence à Ecbatane et régna 28 ans.

ARBE, Arba, île des États autrichiens, sur la côte de Dalmatie, par 12° 31' long. E., 44° 47' lat. N. (80 kil. carr.); env. 5000 h.; ch.-l. Arbe. Évêché.

ARBÈLES, Arbela, auj. Erbil, v. d'Assyrie, à l'E. de Ninive, près du Lycus, a donné son nom à la victoire qu'Alexandre remporta aux environs sur Darius, dans la plaine de Gaugamèle (331 av. J.-C.) : Darius, obligé de fuir, fut bientôt tué par Bessus.

ARBOGASTE, comte gaulois, général des armées de Valentinien II, défit et tua Victor, fils de l'usurpateur Maxime (388). Nommé préfet du prétoire, il voulut exercer seul toute l'autorité, mais alors Valentinien le dépouilla de ses charges. Il se vengea en faisant périr ce prince, proclama empereur un certain Eugène et chercha à mettre les Païens dans son parti, en relevant les autels des faux dieux; mais il fut poursuivi par Théodose, vaincu près d'Aquilée, et réduit à se donner la mort (394). M. Viennet en a fait le héros de sa tragédie d’Arbogaste, 1841.

ARBOIS, ch.-l. de cant. (Jura), sur la Cuisante, arr. et à 10 k. de Poligny, à 40 k. N. E. de Lons-le-Saulnier; 5541 h. Tribunal, collége. Vins estimés, notamment le vin dit de gelée. Patrie de Pichegru.

ARBORÉE, anc. prov. de Sardaigne, la même que celle qu'on nomme auj. Oristano.

ARBRESLE (l'), ch.-l. de canton (Rhône), au confl. de la Brevanne et de la Tardine, à 17 kil. N. O. de Lyon; 2221 hab. Anc. château.

ARBRISSEL, plus exactement ALBRESEC, village de l'anc. Bretagne, près de Rennes, célèbre par la naissance de Robert d'Arbrissel, fondateur de Fontevrault.

ARBROATH, jadis ABERBROTHWICK, ville d’Écosse (Forfar), à 84 k. N. N. E. d’Édimbourg, près de l'emb. du Brothwick; 12 000 h. Port petit, mais bon; magnifique phare de Bell-Rock, sur un rocher au milieu de la mer. Ruines d'une abbaye fondée en 1170 et où se tint le parlement de 1320, célèbre par les remontrances qu'adressèrent les barons d’Écosse au pape.