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perd dans l’Yonne, à La Roche, à 18 k. N. d’Auxerre, après un cours de 200 kil., dont 120 flottables.

ARMAND. Les poëtes du xviie siècle désignent souvent par ce prénom le cardinal de Richelieu.

ARMATOLES, milice grecque de la Thessalie, instituée au commencement du xvie siècle par Sélim I, dans le but de s’opposer aux incursions des montagnards connus sous le nom de Klephtes (brigands). Lors de l’insurrection grecque, en 1821, les Armatoles s'unirent aux Klephtes contre les Turcs, et servirent puissamment la cause de l'indépendance : Botzaris est un de leurs chefs les plus illustres.

ARMÉNIE, Armenia, contrée de l’Asie occident., située entre l’Iméréthie et la Géorgie au N., le Kurdistan et l’Aderbidjan à l’E., l’Algézireh au S., l’Anatolie à l’O. Ses limites ont du reste très-souvent changé. - Elle peut se partager en Arménie turque et en Arménie russe : la 1re comprend les pachaliks d’Erzeroum, de Kars et de Van, à l’O. et au S.; la 2e se compose de l’Érivan à l’E., qui formait autrefois l’Arménie persane, et du pachalik d’Akhaltsiké au N., qui naguère était aux Turcs. V. princ.: Erzeroum, Kars, Van, Ani, Erivan, Nakhchivan, etc. L’Arménie est traversée par des chaînes de montagnes qui unissent le Caucase et le Taurus ; la plus connue est le mont Ararat. L’Euphrate, le Tigre, l’Aras (Araxe) et le Kour (Cyrus) prennent leur source dans cette contrée ; on y trouve un grand lac, le lac de Van. Le climat de l’Arménie est très-varié ; les montagnes sont couvertes de neiges éternelles, mais les vallées sont de la plus grande fertilité (on a même voulu y placer le paradis terrestre). Les montagnes renferment de riches mines d’or, d’argent, de cuivre, de fer et de plomb ; des carrières de marbre et de jaspe. Les Arméniens sont d'un caractère souple, poli, insinuant, mais peu sûr ; ils sont très-adonnés au commerce. On les trouve répandus dans toute l’Asie, surtout dans l’Arabie et la Turquie ; et en Europe, dans la Grèce et à Venise. Ils ont une langue à part, l’une des plus anciennes du monde, qui appartient à la famille des langues ariennes. Ils possèdent une littérature assez riche, dont Moïse de Khorène est la principale gloire. Les Arméniens sont Chrétiens depuis le ive siècle : ils furent convertis par S. Grégoire l’Illuminateur, évêque de Césarée. Le plus grand nombre forme une église particulière, l'église arménienne, qui, suivant l’hérésie d’Eutychès, n’admet en J.-C. qu'une seule nature, et qui ne reconnaît point la suprématie du pape ; ils ont un patriarche qui réside à Etchmiazme, près du mont Ararat.

Arménie ancienne. Elle se divisait en Grande Arménie (Armenia Major), et Petite Arménie (Armenia Minor). La Grande Arménie était située entre l’Euphrate à l’O., le Tigre au S., l’Assyrie et l’Atropatène à l’E., et l’Ibérie au N. Elle comprenait un grand nombre de provinces, dont les principales sont nommées : 1e Acilisène, Sacasène, Basilisène, Catarzène, Phasiane, Colthène (entre l’Euphrate et l’Aras); 2e Sophène, Arzanène, Chorzène, Bagraydanène, Cordyène, Cotée, Moxoène, Caranitide (entre l’Euphrate et le Tigre); 3e Orbalisène, Otène, et le pays des Obareni, Taochi, Scythini, Sanni (entre l’Araxe et l’Ibérie). Artaxata, auj, Ardech, était la capit. de tout le pays. — La Petite Arménie était située à l’O. du Haut-Euphrate, entre la Colchide, la Cappadoce et la Comagène. Lorsqu’elle eut été réduite en province romaine, elle fut divisée en 5 préfectures : Mélitène, Cataonie, Muriane, Laviane et Rhavène. Plus tard on la partagea en Arménie 1re, ch.-l. Satala et Arménie 2e, ch.-l. Simbra. Le nom de Petite Arménie fut aussi donné au roy. d’Arménie fondé par les Grecs en 179.

Histoire. L’histoire de l’Arménie remonte jusqu’à Noé. Ce fut d’abord un État indépendant, gouverné par des rois, dont le 1er fut Haïg, issu de Noé, qui régnait vers 2107 av. J.-C. Aram, un des successeurs d’Haïg, s’illustra par ses conquêtes : c’est de lui que les Arméniens tirent leur nom. Soumis par Sémiramis, les rois d’Arménie reconnurent la suprématie de l’Assyrie, puis celle de la Perse. En 328 av. J.-C., sous le règne de Vahé, le dernier des Haïganiens, l’Arménie fut conquise par les Macédoniens ; elle passa depuis sous la domination des Séleucides. Elle secoua le joug l’an 189 av. J.-C., et forma dès lors deux royaumes distincts : la Grande et la Petite Arménie. Cette dernière, après avoir eu longtemps des rois particuliers, fut réduite en province romaine vers l’an 75 de J.-C. Quant à la Grande Arménie, elle jouit de quelque éclat sous les règnes d’Artaxias, fondateur d’Artaxate (189-159), et de Tigrane, l’allié de Mithridate (95), qui résista énergiquement aux Romains, mais qui fut forcé en 64 av. J.-C. de reconnaître leur autorité. Pendant les deux premiers siècles de l’empire romain, l’Arménie fut régie par une branche de la dynastie des Arsacides, qui régnaient déjà sur les Parthes, et fut un éternel sujet de guerres entre les Parthes et les Romains. De 232 à 386 après J.-C., les Sassanides, rois perses, régnèrent sur l’Arménie privée de ses rois. En 387, Théodose le Grand la partagea avec les Perses ; mais Bahram III, roi sassanide, réunit toute l’Arménie à son empire (398). Néanmoins la dynastie des Arsacides subsistait encore ; elle ne s’éteignit qu'en 428, en la personne d’Ardachès, qui fut déposé. L'Arménie retomba alors entièrement sous le joug des Perses. Après la chute des Sassanides (652), l’Arménie fut longtemps en proie à d’horribles convulsions ; elle retrouva un peu de repos sous la dynastie de Pagratides (855-1079). Les Grecs s’emparèrent en 1079 de la Petite Arménie ; puis, y ajoutant la Cilicie, ils en firent un roy. dont Anazarbe fut la capitale. Ils en furent expulsés en 1182 par Rupen, prince de la famille des Pagratides. Ce prince fit, ainsi que ses successeurs, de nombreuses alliances avec les Croisés établis en Syrie. En 1320, la dynastie des Rupéniens fut remplacée par des princes issus de Lusignan, roi de Chypre. Cette dernière dynastie fut renversée en 1373 par les Mongols, et dès lors l’Arménie cessa d’avoir une existence indépendante. Elle passa successivement sous le joug des Turcs seldjoucides et sous celui des Turcs ottomans. Les Persans enlevèrent ensuite aux Turcs une partie de leurs conquêtes et furent eux-mêmes dans ces derniers temps remplacés par les Russes, qui partagent auj. avec la Turquie la possession de l’Arménie.

ARMENTIÈRES, ch.-l. de cant. (Nord), sur la Lys, à 18 kil. N. O. de Lille, sur la frontière ; 8795 hab. Fortifications détruites. Collége, hospice d'aliénés, haras. Genièvre, linge de table ; construction de bateaux, etc. Commerce de grains, vin, eau-de-vie, tabac, fer, etc.

ARMIDE, personnage tout imaginaire de la Jérusalem délivrée du Tasse. C’était une enchanteresse, type de la beauté jointe à la séduction. Longtemps elle retint dans ses jardins enchantés Renaud, le plus brave des Croisés ; elle se livra au plus violent désespoir quand, pour obéir à la voix de l’honneur, le héros s’arracha de ses bras. Gluck et Rossini ont traité ce sujet dans deux opéras célèbres.

ARMINIENS ou remontrants, secte de la religion réformée. V. arminius (Jacques).

ARMINIUS ou hermann, fameux général des Chérusques, tailla en pièces les légions de Varus dans les défilés de Teutbourg (Teutoburgiensis saltus), l’an 9 de J.-C., se soutint longtemps avec avantage contre les forces romaines, commandées par Germanicus, et les contraignit enfin à abandonner la Germanie. Dans la suite, ayant aspiré au titre de roi, il fut empoisonné par un de ses compatriotes (19). Il n’avait que 37 ans. Arminius avait été élevé à Rome et avait longtemps joui de la confiance d’Auguste et de Varus lui-même. Après sa mort, les Germains en firent, dit-on, un dieu sous le nom d’Irminsul.

arminius (Jacques) ou harmensen, théologien protestant, né à Oude-Water en 1560, mort en 1600, fut ministre à Amsterdam (1588), et professa la théo-