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puis attorney général (1613), membre du conseil privé (1616), garde des sceaux (1617), et enfin grand chancelier (1618) ; il fut en outre fait baron de Vérulam et vicomte de St-Alban. Il seconda puissamment les efforts du roi pour unir les royaumes d’Angleterre et d’Écosse, et fit d’utiles réformes. Mais il avait à peine exercé pendant deux ans les fonctions de grand chancelier qu’il fut accusé par les Communes de s’être laissé corrompre, en acceptant de l’argent pour des concessions de places et de priviléges ; il fut en conséquence condamné par la cour des pairs à être emprisonné dans la tour de Londres et à payer une amende de 40 000 livres sterling; il fut en outre privé de toutes ses dignités, et exclu des fonctions publiques (1621). Par cette sentence sévère, le parlement ne voulait pas tant frapper Bacon, dont le crime était loin d’être aussi grand qu’on l’a fait, qu’atteindre le favori de Jacques, Buckingham, dont le faible chancelier était la créature, et dont il avait trop facilement toléré les malversations (V. buckingham). Au bout de peu de jours, le roi lui rendit la liberté, et lui fit remise de l’amende ; quelques années après, il le releva de toutes les incapacités prononcées contre lui (1624). Cependant, Bacon resta depuis sa disgrâce éloigné des affaires, et il consacra les dernières années de sa vie à ses travaux philosophiques. Il mourut en 1626, à la suite d’expériences de physique qu’il avait faites avec trop d’ardeur. — Bacon a laissé des écrits sur la jurisprudence, la politique, l’histoire, la morale, et sur la philosophie. Ce sont surtout ces derniers qui l’ont rendu célèbre. Ils sont tous compris dans un vaste ouvrage que l’auteur nomme Instauratio magna, et qui devait se composer de six parties, la revue des sciences, la méthode nouvelle, le recueil des faits et des observations, l’art d’appliquer la méthode aux faits recueillis, les résultats provisoires de la méthode, les résultats définitifs ou philosophie seconde. De ces six parties, trois seulement ont été exécutées : la 1re, dans le traité De dignitate et augmentis scientiarum ( qui parut d’abord en anglais, 1605, puis en latin, 1623) ; la 2e, dans le Novum Organum (1620, lat.), où l’auteur expose une logique nouvelle qu’il oppose à l’antique méthode d’Aristote ; la 3e, dans divers traités qui portent le titre d’Histoire naturelle, tels que le Sylva Sylvarum (1627, en anglais, posthume) l’Historia vitæ et mortis (1622), l’Historia ventorum (1622), l’Historia densi et rari (1658, posthume). Il ne reste sur les autres parties que des ébauches incomplètes. Bacon est considéré comme le père de la philosophie expérimentale : l’idée fondamentale de tous ses travaux est de faire, comme il le dit, une restauration des sciences, et de substituer aux vaines hypothèses et aux subtiles argumentations qui étaient alors en usage dans l’école, l’observation et les expériences qui font connaître les faits, puis une induction légitime, qui découvre les lois de la nature et les causes des phénomènes, en se fondant sur le plus grand nombre possible de comparaisons et d’exclusions. Outre l’Instauratio, Bacon a écrit des Essais de morale et de politique qui jouissent d’une grande réputation (publiés d’abord en anglais, 1597, puis en latin, sous le titre de Sermones fideles, 1638) ; un petit traité De sapientia veterum (1609) ; l’Atlantis nova, ingénieuse utopie philosophique ; l’Histoire de Henri VII (1622, en angl. ; 1638, en latin). Il a aussi laissé quelques opuscules philosophiques, qui ont été publiés en 1653 par Isidore Gruter à Amsterdam, sous le titre de Scripta in naturali et universali philosophia, 1 vol. in-18 ; des Discours, qu’il avait prononcés, soit comme solliciteur et attorney général, soit comme membre du parlement, et enfin un grand nombre de Lettres qui jettent beaucoup de jour sur sa vie et son caractère. Dans les écrits de Bacon on admire autant le style que les pensées : ils sont remplis d’images neuves, sublimes, et de comparaisons heureuses. Les meilleures éditions de ses Œuvres complètes sont celles de Londres, 1740, 4 vol. in-fol. ; celle de Basil Montaigu, 1825-1835, 17 vol. in-8, et celle de MM. Spedding, L. Ellis et Heath, 1857-62, 12 vol. in-8. M. Bouillet a publié les Œuvres philosophiques, en les accompagnant d’introductions et de notes en français, Paris, 1834-1835, 3 vol. in-8. Les œuvres de Bacon ont été traduites en français par A. Lasalle, 15 vol. in-8, Paris, 1800-1803 ; malheureusement cette trad. n’est ni complète, ni fidèle. M. Lorquet a donné une trad. nouvelle du Novum Organum, Paris, 1840, in-12. La vie de Bacon a été écrite en latin par W. Rawley, son secrétaire (1638), en anglais par Mallet (1740), par J. Campbell (Vies des lords chanceliers) et par Hepworth Dixon, 1860, et en français par P. de Vauzelles (1833). On doit à Deleyre une Analyse de la philosophie de Bacon; à Deluc un Précis de la philosophie de Bacon. M. J. de Maistre a laissé un Examen de la philosophie de Bacon, ouvrage posthume (1837), plein de partialité et peu digne de l’auteur. Le philosophe anglais a été mieux apprécié par M. Ch. de Rémusat dans le livre intitulé : Bacon, sa vie, son temps et sa philosophie, 1856.

BACQUEVILLE, ch.-l. de cant. (Seine-Inf.), arr. et à 17 kil. S. O. de Dieppe, sur la Vienne ; 1341 hab. Serge, coutil, toile à matelas.

BACS, comitat de Hongrie, dans le cercle en deçà du Danube, entre ceux de Pesth, Csongrad, Torontal, Syrmie, Baranya, a 113 kil. sur 97, avec 297 000 h., et a pour ch.-l. Sombor, quoiqu’il tire son nom de la v. de Bacs, située à 44 kil. S. de Sombor, Cette v., de 7000 h., a eu un évêché grec, transféré à Neusatz.

BACTRES, Bactra, primitivement Zariaspa, auj. Balk, capit. de la Bactriane, sur le Bactrus, petite riv. qui se jetait dans l’Oxus, est une des plus anc. v. de l’Asie et a été surnommée la Mère des Villes. Elle fut prise par Ninus, qui, dit-on, dut cette conquête à l’habileté de Sémiramis.

BACTRIANE, contrée de l’anc. Asie, qui répond auj. au khanat de Balk, dans le Turkestan indépendant, était beaucoup plus grande autrefois. Elle avait pour bornes au S. les monts Paropamisus et l’Inde ; au N. la Sogdiane ; à l’E., la Scythie extra Imaum ; à l’O., l’Hyrcanie, et contenait, entre autres contrées, la Margiane, la Guriane, la Bubacène, le pays des Tochares et des Marucéens. Montagnes très-hautes ; climat froid en général ; habitants belliqueux. — La Bactriane fut à une époque, très-reculée le centre d’un empire puissant et fort civilisé : quelques-uns la regardent comme le berceau de l’empire des Perses et de la religion de Zoroastre. Elle fut conquise par Ninus. Lors de la conquête d’Alexandre (330), elle formait une des grandes satrapies de la monarchie persane. Bessus, satrape de Bactriane, assassina Darius son maître, afin de se rendre indépendant dans sa satrapie ; mais il n’y réussit pas : Alexandre joignit ce pays à ses conquêtes. Les Séleucides le gardèrent jusqu’au règne d’Antiochus Théos, en 256 av. J.-C. A cette époque, la Bactriane reprit son indépendance et eut successivement six rois grecs : Théodote I (256); Théodote II (243); Euthydème (221); Ménandre (195); Eucratide I (181); Eucratide II (147-141) : c’est ce qu’on nomme l’Empire grec de la Bactriane. Pendant ce laps de temps de plus d’un siècle, les rois gréco-bactriens avaient beaucoup étendu les limites de leur empire aux dépens de l’Inde d’une part, de la Sogdiane et des Scythes de l’autre, mais surtout aux dépens des Séleucides. A leur chute, les Arsacides de la Parthiène s’emparèrent de toutes Leurs conquêtes à l’O. ; les Scythes, 90 av., J.-C., prirent possession du reste et fondèrent un nouveau royaume de Bactres dont les dimensions varièrent souvent.

BACULARD (Arnaud). V. arnaud.

BADAJOZ, Pax Augusta, v. d’Espagne, ch. l. de l’intendance de Badajoz, sur la Guadiana, à 293 kil. S. O. de Madrid ; 14 500 hab. Évêché. C’est un des boulevards de l’Espagne du côté du Portugal : citadelle, 2 forts, arsenal ; pont de 620m, construit, dit-on, par les Romains. Commerce assez actif avec