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BADE
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le Portugal. Patrie du peintre Morales. — Badajoz, après la conquête des Arabes, forma aux xie et xiie s. un petit État musulman ; elle fut enlevée aux Maures au xiie siècle. Le roi d’Espagne et le régent de Portugal y signèrent en 1801 un traité par lequel l’Espagne et le Portugal abandonnaient l’alliance de l’Angleterre pour celle de la France. En 1811-12, Badajoz soutint trois siéges successifs : prise sur les Espagnols par le maréchal Soult (8 mars 1811), elle ne fut reprise par les Anglais (6 avril 1812) qu’après deux siéges meurtriers. — L’intendance de Badajoz, sur la limite O. de l’Espagne, compte 336 000 h. Avec celle de Cacerès, elle forme la capitainerie générale de l’Estramadure, dont Badajoz est la capit.

BADAKCHAN, contrée de la Grande Boukharie, séparée du Turkestan chinois par le mont Belour, et arrosée par le Djihoun, forme un khanat qui a pour capit. une v. de même nom : c’est un ville forte, située sur le Djihoun, par 66° 25’ long. E., 37° 18’ lat. N., au N. E. de Balk. Station de caravanes qui vont en Chine. Mines contenant des rubis.

BADE (grand-duché de), Baden en allemand, un des États de l’Allemagne du Sud, est borné à l’O. par la France, dont le Rhin la sépare, au N. par la Hesse, à l’E. par le Wurtemberg, au S. par la Suisse et le lac de Constance ; il a 280 kil. de long sur une largeur qui varie de 20 à 130 kil., et compte env. 1 360 000 hab., dont plus de la moitié Catholiques ; capit., Carlsruhe. Le grand-duché avait été divisé en 1819 en 6 cercles : Murg-et-Pfinz, Lac, Treysam, Kinzig, Necker, Mein-et-Tauber. Depuis 1832 le nombre des cercles est réduit à 4 : cercle du Lac, ch.-l. Constance ; du Haut-Rhin, ch.-l. Freyburg (Fribourg en Brisgau) ; du Rhin-Moyen, ch.-l. Carlsruhe ; du Bas-Rhin, ch.-l. Manheim. Les villes principales après les précédentes sont Bade, Dourlach, Kehl, Rastadt, Reichnau, Zæhringen et sur-tout Heidelberg, célèbre par son université. Le grand-duché de Bade est un des pays les plus riches et les plus pittoresques de l’Allemagne : au N. sont des plaines vastes et fertiles ; au S. de hautes montagnes ; une grande partie du pays est couverte par la forêt Noire. Climat tempéré ; vignobles estimés ; mines assez riches en argent, cuivre, plomb, fer, cobalt, houille ; plusieurs sources thermales, dont la principale est celle de Bade même. Le culte catholique et les cultes réformés se partagent la population. Le gouvernement est constitutionnel et représentatif. — Il ne faut pas confondre le grand-duché actuel avec le margraviat de Bade, dont les limites étaient assez différentes. Le margraviat, qui faisait partie du cercle de Souabe, était renfermé entre les rivières de Pfinz et de Schwarzbach. Il avait en outre beaucoup de possessions en Alsace. Il eut longtemps pour ch.-l. Bade, qui lui donna sen nom.

Histoire. La maison de Bade est une ligne cadette de l’antique maison de Zæhringen. Le premier margrave de Bade est Hermann, petit-fils de Berthold I, duc de Zæhringen et de Carinthie ; il commença à régner en 1074, et prit le titre de margrave à la diète de Bâle, en 1130. Ses États furent plusieurs fois partagés entre ses descendants, ce qui donna naissance à diverses branches. Hermann IV et Henri, fils de Hermann III, par suite d’un partage qui eut lieu en 1190, devinrent la tige de deux lignes nouvelles, celles de Bade-Baden et Bade Hochberg. Christophe I, qui régna de 1503 à 1527, réunit la plus grande partie des possessions de la maison de Bade; mais après lui se formèrent encore deux nouvelles lignes : celle de Bade-Baden, dont le chef fut Bernard, fils aîné de Christophe ; et celle de Bade-Dourlach ; qui eut pour chef Ernest, son 2e fils. Enfin la ligne de Bade-Baden s’éteignit en 1770, et tous les États de Bade furent réunis de nouveau sous un seul chef (V. ci-après CHARLES-FRÉDÉRIC de Bade). En 1803, le margrave (Charles-Frédéric) reçut le titre de prince-électeur. En 1806 il adhéra à la Confédération du Rhin et reçut de Napoléon le titre de grand-duc avec augmentation de territoire. Après la bataille de Leipsick (1813), le grand-duché de Bade rentra dans la Confédération germanique. En 1818, le grand-duc se vit obligé de donner une Constitution. Néanmoins, le pays fut en 1848 et 1849 le théâtre d’insurrections redoutables : la 2e ne put être réprimée que par l’intervention de la Prusse.

BADE, Civitas Aurelia aquensis ou Thermæ inferiores, en all. Baden-Baden, jolie ville du grand-duché de Bade, sur l’Oosbach, dans le cercle, du Rhin-Moyen, à 30 kil. S. O. de Carlsruhe, à 32 kil. N. E. de Strasbourg, est célèbre par ses eaux thermales qui ont valu à la ville son nom (baden veut dire bains), et qui y attirent un grand nombre d’étrangers. C’est le rendez-vous de la haute société de France, d’Allemagne et d’Angleterre : on y joue beaucoup. La population fixe est d’environ 5000 hab. ; mais elle s’élève à plus de 15 000 dans la saison des eaux. Château ducal fort curieux, beau parc, salon de conversation, anc. collége des Jésuites, vieux château fort d’Hohen-Baden, cabinet d’antiquités. Environs pittoresques, belles promenades, avenue de Lichtenthal, etc. Chemin de fer. — Bade était déjà connue au IIIe siècle ; elle reçut le nom d’Aurelia en l’honneur de l’empereur Aurelius Alexander (Alexandre Sévère). Elle fut longtemps la résidence des margraves de Bade et la capit. de tout le margraviat.

BADE, Aquæ Helveticæ ou Verbigenæ, v. de Suisse (Argovie), sur la Limmat, à 21 kil. N. O. de Zurich ; 2500 hab. (Catholiques). Eaux thermales renommées. Bade fut de 1426 à 1711 le siége de la diète fédérale. Eugène de Savoie y signa, en 1714, la paix dite paix de Bade, entre l’Empire et la France.

BADE, Aquæ Pannonicæ, v. d’Autriche, à 24 kil. S. O. de Vienne ; 2800 hab. Établissements d’eaux thermales ; château de plaisance de l’empereur.

BADE (princes de). Les plus célèbres sont : Louis-Guillaume, margrave de Bade-Baden, connu sous le nom de Prince de Bade, général de l’Empire, né en 1655, mort en 1707. Il servit d’abord sous Montécuculli, contre la France ; puis il fit la guerre aux Turcs, 1683, aida Sobieski à leur faire lever le siége de Vienne, et, après leur avoir fait éprouver plusieurs échecs, gagna sur eux la victoire décisive de Salankemen, en 1691. Il fut moins heureux contre la France : après avoir pris Landau, il fut battu par Villars à Friedlingen et à Hochkstaedt (1703). Il a laissé des Mémoires sur la guerre contre les Turcs et sur la guerre de la succession d’Espagne (1702) — Charles-Guillaume, margrave de Bade-Dourlach, né en 1679, mort en 1746. Il servit d’abord sous le prince de Bade, son parent, se retira dans ses États après la paix de Rastadt, jeta les fondements de la ville de Carlsruhe (1715), et créa à cette occasion l’ordre de la Fidélité. – Charles-Frédéric, margrave, puis grand-duc de Bade-Dourlach né en 1728, hérita en 1746, des États de Charles-Guillaume, son grand-père, y joignit les domaines de Baden-Baden, qui lui échurent par succession en 1771, et fut élevé en 1803 au rang d’électeur de l’Empire. Mêlé aux événements de la Révolution française, il perdit ses possessions sur la rive gauche du Rhin ; mais il en fut amplement dédommagé pal Napoléon, qui agrandit ses États, et qui, en 1806, lui donna le titre de grand-duc et accorda à son petit-fils, le prince Charles-Louis-Frédéric, la main de sa fille adoptive, Stéphanie, fille de Claude Beauharnais. Il mourut en 1811, après un long règne. Il eut pour successeurs : 1° Charles-Louis-Frédéric, son petit-fils, qui donna une Constitution à ses États, et qui mourut en 1818, sans enfants mâles ; 2° Louis-Guill.-Auguste, son 2e fils, et oncle de Charles-Louis-Frédéric, qui monta sur le trône en 1818 et mourut en 1830, sans enfants ; 3° Léopold de Hochberg, un autre de ses enfants, mais né d’un mariage de la main gauche ; il devint duc en 1830, et mourut en 1852 ; 4° Frédéric, 2e fils du préc., appelé en 1852 au trône ducal au lieu de son frère Louis, à cause de l’état mental de celui-ci.