Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chefs-lieux de deux États différents. Orchomène déchut de bonne heure ; Thèbes, au contraire, fut longtemps florissante. Elle fut régie par des rois ; mais la monarchie y fut abolie au xiie s., et les villes de la contrée formèrent une ligue dite Pambéotique, à la tête de laquelle étaient des chefs annuels nommés Béotarques. Platée, Haliarte, Orchomène, Thespies, Tanagre, Anthédon, Coronée, Chéronée, sont les villes les plus importantes de cette confédération. Dans les guerres médiques, deux villes de Béotie, Thespies et Platée, se signalèrent par leur dévouement à la cause nationale. Pendant la lutte de Sparte et d’Athènes, les Béotiens secondèrent les projets ambitieux de Sparte. Néanmoins, peu après la prise d’Athènes, les Lacédémoniens vainqueurs soumirent aussi la Béotie, à la suite de la bataille de Coronée (394). Thèbes, la capitale, secoua cependant leur joug (378), et devint un instant la puissance prépondérante ; mais son despotisme envers ses alliés souleva une haine générale et amena sa ruine (V. Thèbes). Depuis, la Béotie ne joue plus aucun rôle dans l’histoire. — La Béotie, qui sous les Turcs faisait partie de la Livadie, forme auj. avec l’Attique une des 10 Nomarchies du roy. de Grèce et comprend les deux Éparchies de Thèbes et Livadie.

BÉRANGER (Pierre Jean de), chansonnier national, né à Paris en 1780, mort en 1857, avait pour père un agent d’affaires, ardent royaliste, qui se compromit dans la Révolution et qui fut obligé de se cacher. Recueilli par une tante, aubergiste à Péronne, il suivit quelque temps dans cette ville l’Institut patriotique organisé d’après les idées de J. J. Rousseau, et y puisa quelque instruction, mais sans s’initier aux lettres anciennes, entra à 14 ans comme apprenti chez un imprimeur de Péronne, qui faisait des vers et lui en donna le goût, revint à 16 ans à Paris pour être commis chez son père, qui faisait alors la banque, se livra en même temps à la poésie, s’essayant successivement dans l’épopée, l’idylle, le dithyrambe, la comédie, et ne s’attacha qu’assez tard au genre qui devait l’immortaliser. Il luttait contre la gêne lorsqu’en 1803 Lucien Bonaparte, à qui il avait adressé ses poésies manuscrites, apprécia son talent naissant et assura son existence en lui abandonnant son traitement de l’Institut. En 1809, sur la recommandation d’Arnault, il fut attaché comme expéditionnaire aux bureaux de l’Université. Tout en s’acquittant de sa besogne de copiste, il faisait de joyeuses et piquantes chansons, qui le firent admettre en 1813 au Caveau moderne, où il devint le rival de Désaugiers. Sous la Restauration, qui blessait tous ses sentiments, il composa des chansons d’un genre nouveau, où il combattait les tendances antinationales du gouvernement, frondait les ridicules du jour et célébrait les gloires de la République et de l’Empire. Il fut en 1821 privé de son modeste emploi, poursuivi et condamné à 3 mois de prison et 500 fr. d’amende ; en 1828, il se vit condamné de nouveau, mais cette fois à 9 mois de prison et 10 000 fr. d’amende. Ces condamnations ne firent que rendre son nom plus populaire : l’amende fut acquittée par souscription. La révolution de 1830 ayant en grande partie donné satisfaction à ses vœux, il renonça à la chanson politique, et ne traita plus guère que des sujets philosophiques ou humanitaires. Ses amis, arrivés au pouvoir, le pressaient d’accepter un emploi avantageux : il refusa constamment, ne voulant pas aliéner son indépendance. Élu en 1848 à l’Assemblée nationale, il refusa également de siéger ; jamais non plus il ne voulut se mettre sur les rangs pour l’Académie française. Aussi bienfaisant que désintéressé, il n’usa de son crédit que pour rendre service. Il mourut pauvre : le gouvernement impérial fit les frais de ses funérailles. Après avoir débuté par des chansons bachiques, licencieuses et mêmes impies, qui l’auraient laissé confondu dans la foule, Béranger sut se créer un genre à part : il éleva la chanson à la hauteur de l’ode. Dans les pièces où il traite des sujets patriotiques ou philosophiques, il sait le plus souvent unir à la noblesse des sentiments l’harmonie du rhythme, la hardiesse des figures, la vivacité et l’intérêt du drame. On remarque surtout la Sainte Alliance des peuples, le Vieux Drapeau, le Vieux Sergent, les Enfants de la France, l’Orage, le Cinq mai, les Souvenirs du Peuple, le Champ d’Asile, les Adieux à la Gloire, le Dieu des Bonnes gens, le Bon Vieillard, les Hirondelles, les Quatre âges, le Déluge. — Béranger avait publié son premier recueil en 1815 sous le titre malicieux de Chansons morales et autres ; il en publia trois nouveaux en 1821, 1825 et 1833. Ce dernier, qui parut sous le titre de Chansons nouvelles et dernières, est dédié à Lucien Bonaparte, pour lequel il avait conservé une vive reconnaissance. Il a laissé une centaine de chansons inédites, qui forment une sorte de romancero napoléonien ; sa propre Biographie, et une Correspondance : Béranger a été apprécié dans le Cours familier de littérature de Lamartine et dans les Causeries du lundi de Sainte-Beuve. On a de J. Janin Béranger et son temps, 1865.

BÉRAR, prov. de l’Inde anglaise, dans le roy. du Decan, au centre de la presqu’île ; bornée par le Kandeich et le Malouah au N. ; l’Aurengabad et le Bider au S., le désert de Gandouana à l’E. ; 420 kil. sur 220 ; 3 000 000 hab. Villes princ., Nagpour et Ellitchpour. Sol très fertile ; moutons d’espèce particulière ; beau bois de tek. — Le Bérar fut longtemps un État indépendant ; les Anglais s’en emparèrent en 1817, en s’engageant à faire une riche pension au radjah titulaire ; à la mort du dernier héritier de ce prince, ils ont annexé le pays à leurs possessions.

BÉRARD (Fréd.), médecin, né en 1789 à Montpellier, y fut reçu docteur à 20 ans, y publia en 1821 la Doctrine médicale de l’école de Montpellier, puis vint à Paris, y donna en 1823 sa Doctrine du physique et du moral, où il combattait Cabanis, fit paraître en même temps une Lettre sur les causes premières, écrit inédit de Cabanis où ce philosophe lui-même se rétractait en partie, fut nommé en 1825 professeur d’hygiène à Montpellier, et mourut dans cette ville en 1828, à peine âgé de 39 ans.

BÉRARD (Aug.), habile chirurgien, fils d’un médecin militaire, était né en 1802, et mourut en 1846. Il se fit remarquer de bonne heure par de savants mémoires autant que par la dextérité de sa main, et fut nommé en 1842, à la suite d’un brillant concours, professeur de clinique chirurgicale à la Faculté de Paris. Il entreprit (avec M. Denonvilliers) un Compendium de chirurgie pratique, qui est resté classique. — Son frère aîné, Pierre-Honoré B., 1797-1858, fut nommé en 1831 professeur de physiologie à la Faculté de Paris, devint doyen en 1848 et inspecteur général en 1854. Il avait commencé la publication d’un Cours de physiologie, vaste et important ouvrage que la mort l’empêcha d’achever.

BÉRARDIER (l’abbé), né à Quimper vers 1730, mort en 1794, fut professeur d’éloquence, puis grand maître du Collége Louis-le-Grand, et se fit chérir de ses élèves. Nommé en 1789 député du clergé aux États généraux, il siégea au côté droit. Incarcéré en 1792, il échappa au massacre de septembre par la protection de Camille Desmoulins, qui avait été son élève. On a de lui un Essai sur le Récit, 1776 ; un Précis d’Histoire universelle, 1776 ; une trad. en vers français de l'Anti-Lucrèce, 1786 ; et les Principes de la foi sur le gouvernement de l’Église, 1791, écrit où il combat la constitution civile du clergé.

BÉRAT, v. de Turquie (Albanie), à 46 k. N. E. d’Avlone ; 8000 h. Citadelle. Archevêché grec.

BÉRAUD (Laurent), jésuite, né à Lyon en 1703, mort en 1777, fut nommé en 1740 directeur de l’observatoire de sa ville natale, fit quelques observations astronomiques, et forma Montucla, Lalande et Bossut. Il a donné la Physique des corps animés, 1755, et de savants Mémoires sur la cause de l’augmentation de poids que certaines matières acquiè-