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BERTHEZÈNE (Pierre), général, né en 1775 à Vendargues (Hérault), mort en 1847, s'enrôla en 1793, fut nommé général de brigade en récompense de sa belle conduite à Wagram (1809), prit une grande part aux victoires de Lutzen et de Bautzen (1813), après lesquelles il devint général de division, seconda Napoléon pendant les Cent-Jours, et se distingua à Fleurus ; fut exilé au retour des Bourbons, mais rappelé au bout de peu d'années, eut un des commandements les plus importants dans l'expédition d'Alger, et gagna la bataille de Staouéli (1830); fut nommé gouverneur général de l'Algérie en 1831 et élevé à la pairie en 1832. Il a laissé des Souvenirs militaires, publiés par son fils, Paris, 1855.

BERTHIER (Guill. François), jésuite, né à Issoudun en 1704, mort en 1782, professa les humanités à Blois, la philosophie à Rennes et à Rouen, puis la théologie à Paris, et rédigea de 1745 à 1763 le Journal de Trévoux. Il eut de vifs démêlés avec Voltaire et avec les encyclopédistes, dont il avait hardiment censuré les écrits. A la fin de 1762, le Dauphin le fit nommer garde de la Bibliothèque royale, et adjoint à l'éducation du duc de Berry (Louis XVI) et de Monsieur. Après la dissolution de la Société des Jésuites, il alla se fixer à Offenbourg, rentra en France au bout de 10 ans et se fixa à Bourges. Il a continué l’Histoire de l'Église gallicane commencée par le P. Longueval, et a composé une Réfutation du Contrat social, ainsi que des œuvres théologiques estimées, notamment un Commentaire sur les Psaumes.

BERTHIER (L. Bénigne François), intendant de Paris en 1789, fut une des premières victimes de la Révolution. Après la prise de la Bastille, il tomba entre les mains de forcenés qui le pendirent à une lanterne, après lui avoir fait baiser la tête de Foullon, son beau-père, qui venait d'éprouver le même sort.

BERTHIER (Alexandre), maréchal de l'Empire, né à Versailles en 1753, était fils d'un officier distingué du génie, et fit ses premières armes dans la guerre d'Amérique, d'où il revint colonel (1778). En 1789 il commandait la garde nationale de Versailles, et protégea la cour. Après avoir servi dans divers corps d'armée, il fut fait en 1796 général de division et envoyé en Italie : il y rendit les plus grands services au général en chef Bonaparte, et se lia avec lui d'une étroite amitié. Chargé lui-même du commandement à la fin de 1797, il s'empara de Rome (10 fév. 1798), où il renversa le gouvernement papal et fit proclamer la république. Il accompagna Bonaparte en Égypte. Celui-ci, devenu premier consul, le choisit pour ministre de la guerre. Pendant les campagnes de Marengo, d'Austerlitz et d'Iéna, Berthier remplit avec le plus grand zèle les importantes fonctions de chef d'état-major. En 1809, il contribua puissamment à la victoire de Wagram. Napoléon, satisfait de ses services, le combla de faveurs : il le nomma maréchal (1804), lui donna la principauté de Neuchâtel (1806), le créa vice-connétable, enfin prince de Wagram (1809), et lui fit épouser une nièce du roi de Bavière. Berthier prit part à l'expédition de Russie ; mais il désapprouvait cette entreprise et soupirait après le repos. Aussi fut-il des premiers à se soumettre aux Bourbons. Lors du retour de l'empereur, il voulut rester neutre et se retira à Bamberg auprès de son beau-père : il y périt peu après son arrivée (1er juin 1815) : selon les uns, il tomba du haut d'un balcon pendant un accès de fièvre chaude ; selon d'autres, il en fut précipité par des hommes masqués qui restèrent inconnus. Berthier était plus propre à exécuter les ordres d'un autre qu'à commander en chef. Il a donné des relations de la Campagne d’Égypte, 1800, de la Bataille de Marengo, 1804, et a laissé des Mémoires, publiés en 1826. — Son fils, Napoléon Alexandre, né en 1810, pair de France par hérédité dès 1815, a été nommé en 1852 sénateur.

BERTHOLD, duc de Zaehringen. V. ZAEHRINGEN.

BERTHOLLET (Claude Louis), célèbre chimiste, né en 1748, à Talloire en Savoie, d'une famille originaire de France, mort en 1822, étudia d'abord en médecine et vint de bonne heure à Paris où il fut nommé médecin du duc d'Orléans. Il abandonna sa profession pour se livrer tout entier à l'étude de la chimie, se fit connaître par d'excellents mémoires, et fut successivement nommé membre de l'Académie des sciences (1780), commissaire pour la direction des teintures (1784), membre de la commission des monnaies (1792), professeur aux écoles normales et à l'École polytechnique (1794); il entra à l'Institut dès sa fondation (1795). Il accompagna Bonaparte en Égypte, et fit dans ce pays d'importantes recherches sur le natron. Il fut nommé membre du sénat dès 1805, et devint pair sous la Restauration. Il passa ses dernières années dans sa maison d'Arcueil, où il avait formé une Société chimique devenue célèbre. Cuvier et Pariset ont prononcé son Éloge. Outre une foule de mémoires lus à l'Institut, à la société d'Arcueil ou dans d'autres sociétés savantes, il a donné : Éléments de l'art de la teinture, 1791 et 1804 ; Recherches sur les lois de l'affinité, 1801, Statique chimique, 1803, son œuvre capitale : il y pose les lois des doubles décompositions connues depuis sous le nom de lois de Berthollet. On lui doit la découverte des propriétés décolorantes du chlore et l'application de ces propriétés au blanchiment des toiles, l'emploi du charbon pour purifier l'eau, la fabrication de plusieurs poudres fulminantes. Il fut, avec Lavoisier et Guyton, un de ceux qui contribuèrent le plus à opérer en chimie une révolution salutaire. Il fut aussi, avec Monge, un de ceux qui furent chargés pendant les guerres de la Révolution de diriger la fabrication de la poudre et de multiplier les moyens de défense.

BERTHOUD, ville de Suisse. V. BURGDORF.

BERTHOUD (Ferdinand), habile horloger, né en 1725 dans le comté de Neuchâtel, en Suisse, mort en 1807, vint se fixer à Paris en 1745, y fit les premières horloges marines destinées à faire connaître la longitude en mer et mérita d'être choisi pour horloger-mécanicien de la marine. Il fut nommé dès la création membre de l'Institut (1795). Ses horloges marines ont beaucoup servi au perfectionnement de la géographie. On a de lui : l’Art de conduire et de régler les pendules, 1759 ; Essai sur l'horlogerie, 1763 et 1786 ; Traités des horloges marines, 1787 ; Traité des montres à longitude, 1792 ; Histoire de la Mesure du temps, 1802. — Son neveu, Louis Berthoud, mort en 1813, s'est aussi distingué comme horloger. On lui doit le châssis de compensation.

BERTIER. V. BERTHIER.

BERTIN (S.), moine de St-Colomban, né vers 610 à Constance en Suisse, mort en 709, dirigea longtemps comme abbé le monastère de Sithieu, qui avait été fondé par S. Omer, mais qui reçut depuis en son honneur le nom de St-Bertin. On l'hon. le 5 sept.

BERTIN (Nic.), peintre, né à Paris en 1667, mort en 1736, élève de Jouvenet et de Boullongne, fut admis à l'Académie de peinture en 1703. Il avait un dessin ferme, expressif et correct. On estime de lui un Hercule délivrant Prométhée et S. Philippe baptisant l'eunuque de Candace. — Un autre peintre de ce nom, Jean Victor, natif aussi de Paris, 1775-1842, s'est livré au paysage historique. Il se distingue par la correction du dessin et l'harmonie du coloris, mais on lui reproche quelque monotonie. On cite de lui : une Fête de Bacchus, une Fête du dieu Pan, une Offrande à Vénus, Cicéron à son retour d'exil. Il forma d'excellents élèves, entre autres Michallon et Coignet.

BERTIN (Antoine), poëte, né à l'île Bourbon en 1752, vint étudier à Paris, embrassa la carrière des armes et devint capitaine de cavalerie. Il avait publié en 1773, dès l'âge de 21 ans, un recueil de poésies diverses ; il donna en 1782 un volume d'élégies, les Amours, qui eut un grand succès. Ses vers sont pleins de grâce et de sentiment ; il imite souvent Tibulle, Properce ou Ovide. Il mourut en 1790 à St-Domingue,