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ques ; enfin il adopta, pour expliquer les phénomènes, la célèbre théorie du dualisme électro-chimique, et fit au moyen de cette théorie de nombreuses réformes dans la nomenclature et la classification. Il fut aussi un des premiers à fonder la minéralogie sur la connaissance des éléments chimiques des corps : ses vues sur ce sujet sont exposées dans son Nouveau système de minéralogie (Paris, 1819, in-8). Outre un nombre infini de mémoires, Berzélius a rédigé un grand Traité de chimie, qui est un des ouvrages les plus complets sur la matière : la 1re édition en fut publiée à Stockholm de 1808 à 1818 en 3 v. in-8. Ce traité a été traduit et refondu, avec le concours de l’auteur, en 1840 et années suivantes, par MM. Esslinger et Hœfer, 8 vol. in-8 (chez Didot). On doit encore à Berzélius un Traité des proportions chimiques, ainsi qu’un Traité du chalumeau : ces deux ouvrages ont aussi été traduits en français (le 1er en 1812 et 1835, le 2e en 1821). Enfin, il publia, à partir de 1822, un Compte rendu annuel des progrès de la chimie et de la minéralogie, recueil précieux qui contient l’exposition et l’appréciation, souvent sévère, des travaux faits dans tous les pays ; il le continua jusqu’à sa mort. Berzélius était depuis 1832 associé de l’Institut de France.

BESANÇON, Vesontio, ch.-l. du dép. du Doubs, sur le Doubs, à 350 kil. S. E. de Paris (399 par Dijon) ; 46 756 hab. Archevêché, église consistoriale calviniste ; cour d’appel ; tribunal de 1re instance et de commerce ; académie universitaire, facultés des lettres et des sciences, lycée. Ch.-l. de la 7e division militaire ; place forte, citadelle (ouvrage de Vauban) ; école d’artillerie. Beau pont, belle cathédrale gothique, églises diverses ; anc. palais de Granvelle ; riche bibliothèque, musée Pâris et musée d’antiquités, sociétés savantes. Restes d’antiquités. Fabriques de bas, tapis de pied, bleu de Prusse et bleu céleste ; horlogerie, chapellerie, distillerie ; raffinerie impériale de poudre et salpêtres, etc. Commerce actif, surtout avec la Suisse, l’Alsace et le midi de la France. Patrie de Dunod, J. B. Bullet, Mairet, Pâris, Chifflet, Nonotte, Suard, Ch. Nodier, V. Hugo. — Vesontio, l’une des plus importantes cités des Séquanais, se soumit à César l’an 58 av. J. C. Métropole de la Grande Séquanaise sous l’empire romain ; dévastée en 456 par les Burgundes, en 937 par les Hongrois ; ville impériale de 1184 à 1648 ; réunie à l’Espagne en 1648 et depuis lors, capit. de la Franche-Comté. Prise par Louis XIV en 1668, elle appartient à la France depuis 1674, ainsi que toute la province. Un parlement y avait été établi en 1668 et une université en 1676. Besançon fut vainement assiégée par les Autrichiens en 1814.

BESENSTADT, v. des États prussiens (Saxe), sur l’Elster, entre Halle et Wettin. Les fils de Henri l’Illustre y vainquirent Albert de Brunswick en 1263, et assurèrent ainsi à leur maison le margraviat de Misnie, qui lui avait été conféré en 1247.

BESENVAL (Pierre Victor, baron de), officier suisse au service de la France, né à Soleure en 1722, mort en 1791, était en 1789 lieutenant général et inspecteur général des Suisses et Grisons. Chargé de commander des troupes réunies autour de Paris, il ne prit que des mesures timides, et finit par s’éloigner avec des passe-ports qu’il s’était ménagés. Arrêté dans sa fuite et traduit au tribunal du Châtelet, il fut déclaré innocent et resta depuis oublié. On a publié des Mémoires de Besenval, 1805-1807, 4 vol. in-8 ; mais cette publication, pleine d’anecdotes scandaleuses, a été désavouée par sa famille.

BESIKA (baie de), à l’entrée des Dardanelles, côte orientale, à 48 heures de Constantinople, et en vue de l’ancienne Troie, offre un bon mouillage.

BESME ou BÊME (Ch. DANOWITZ, dit), ainsi appelé parce qu’il était natif de Bohême, fut élevé par les Guise, et eut la principale part au meurtre de Coligny : c’est lui qui jeta le corps de la victime par les fenêtres. Il tomba dans la suite entre les mains des protestants de la Saintonge : il était parvenu à s’échapper de leurs mains ; mais Bertauville, gouverneur de la place où il avait été détenu, l’atteignit, et le perça de son épée, 1575.

BESSAPARA, auj. Bazardjik, v. de Thrace, chez les Besses, dont elle était la principale place.

BESSARABA, famille qui a joué un rôle historique dans les contrées situées entre le Dniester et le Pruth, prétendait descendre de la famille impériale des Cantacuzène. Elle a fourni à la Valachie plusieurs voïvodes et a laissé son nom à la Bessarabie, qui longtemps fut sous sa dépendance. On connaît surtout : Rodolphe Bessaraba, dit le Noir, mort en 1265 : il fonda la principauté de Valachie aux dépens des Hongrois, pendant l’invasion de Batou-Khan et bâtit Bucharest ; — [[w:Mircea Ier de Valachie|Mirce Bessaraba]], voïvode de 1382 à 1418 : il prit part à la bataille de Cassova, et fut contraint de signer, en 1393, un traité qui le constituait vassal de Bajazet I ; — [[w:Michel Ier le Brave|Michel Bessaraba]], dit le Brave, voïvode de 1592 à 1601 : il s’allia, afin d’affranchir son pays de la domination ottomane, avec Sigismond Bathori, voïvode de Transylvanie, et avec l’emp. Rodolphe II ; il voulut ensuite s’emparer de la Transylvanie, mais il succomba devant une coalition de l’Autriche et de la Pologne ; — Mathieu Bessaraba, de 1633 à 1654 : il s’efforça de rendre son pays indépendant de la Turquie, mais sans y réussir complètement ; — Constantin Brancovan Bessaraba, voïvode de 1688 à 1714 : recherchant et trahissant tour à tour les Russes, les Autrichiens et les Turcs, il se perdit par cette conduite équivoque : il fut étranglé à Constantinople comme traître, avec ses quatre fils. Avec lui finit le rôle historique de cette famille.

BESSARABIE, gouvt frontière de la Russie d’Europe, borné au N. par celui de la Podolie, à l’E. par celui de Kherson, au S : par la mer, à l’O. par la Moldavie, dont le Pruth la sépare ; 400 k. sur 164 ; 600 000 h. ; ch.-l., Kichenev ; autres villes, Bender, Ismaïl, Chotim ou Choczim, Kilia, Akkermann. Rivières : Danube, Pruth, Dniester, Kagalnik. Pays de plaines, fertile en grains, fruits, raisins ; excellents pâturages. — La Bessarabie faisait jadis partie de la Dacie Trajane ; elle fut successivement comprise dans les empires des Goths, des Huns, des Avares, des Petchenègues, fut affranchie au XIIIe s. par Rodolphe Bessaraba, dont elle prit le nom, fit dès lors partie de la Valachie, fut réunie à la Moldavie au XIVe s., fut conquise par les Ottomans en 1484, et cédée a la Russie en 1812. Par le traité de Paris de 1856, la partie mérid., qui côtoie le Danube, a été restituée à la Moldavie.

BESSARION (Jean), cardinal, né à Trébizonde en 1395, mort à Ravenne en 1472, était un simple religieux de l’ordre, de St-Basile, dans un monastère du Péloponèse. En 1438, lorsque l’empereur Jean Paléologue eut formé le projet de réunir l’église grecque à l’église latine, il tira Bessarion de sa retraite, le fit évêque de Nicée, et l’amena en Italie avec plusieurs autres savants. L’union ayant été prononcée au concile de Ferrare, le pape Eugène IV, pour récompenser le zèle de Bessarion, le fit cardinal (1439). Dès lors, les Grecs schismatiques conçurent une telle aversion pour lui qu’il ne voulut plus retourner au milieu d’eux. Il fixa son séjour à Rome, où sa maison devint le rendez-vous de tous ceux qui cultivaient les lettres. Pie II lui conféra le titre de patriarche de Constantinople (1463). À la mort de Nicolas V et de Paul II, il eut un grand nombre de voix pour obtenir la tiare. La cour de Rome lui confia plusieurs missions importantes. Les écrits de ce cardinal tiennent un rang distingué parmi ceux qui marquèrent la renaissance des lettres ; ils contribuèrent surtout à faire revivre en Italie le goût de la philosophie platonicienne. On a imprimé de lui 4 livres, en latin, Contre les calomniateurs de Platon, Rome, 1469 (circa), in-fol. ; Orationes de bello Turcis inferendo, Paris, 1471 ; une trad. latine des 4 livres de Xénophon sur Socrate, Louvain, 1533 ;