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mort en 1596, exerça d’abord la profession d’avocat à Paris ; n’ayant point réussi, il quitta le barreau et se mit à écrire. Il obtint bientôt une réputation qui lui valut la faveur de Henri III et qui le fit choisir pour député aux États de Blois (1576) par le tiers-état du Vermandois. Il ne craignit point de s’opposer aux projets du roi qui voulait révoquer les édits de pacification, et fut disgracié. Il s’attacha alors au duc d’Alençon, depuis duc d’Anjou, qui le combla de ses faveurs. À la mort de ce prince (1584), il se retira à Laon, et y exerça les fonctions de procureur du roi. En 1589, il fit déclarer cette ville pour les Ligueurs ; mais bientôt après, il en détermina les habitants à reconnaître Henri IV. Il y mourut de la peste. Bodin est surtout connu par an traité de politique intitulé : De la République, (c.-à-d. de la Chose publique, du Gouvernement), en 6 livres, Paris, 1577, qu’il traduisit lui-même en latin : il y traite son sujet assez complètement, mais d’une manière confuse et peu originale ; il se prononce pour une monarchie tempérée. On a voulu à tort égaler cet ouvrage à l’Esprit des lois de Montesquieu. On a encore de Bodin une Méthode pour étudier l’histoire (1566, en lat.) ; la Démonomanie (1581, en franç.), où il soutient l’existence des sorciers ; Universæ naturæ theatrum (1596), et un ouvrage longtemps resté manuscrit, Colloquium heptaplomeron, dialogue où il discute les diverses religions et paraît donner la préférence au Déisme ; cet ouvrage n’a été publié qu’en 1858, à Leipsick, par Noack. Ses Œuvres sont à l’Index à Rome. M. H. Baudrillart a donné : Bodin et son temps, 1853.

BODIN (Félix), écrivain politique, né à Saumur en 1795, mort en 1837, était fils de Franç. Bodin (1776-1629), antiquaire distingué, et ancien conventionnel. F. Bodin écrivit de bonne heure dans les journaux de l’opposition, publia en 1821 un Résumé de l’histoire de France, conçu dans un esprit libéral, et qui eut beaucoup de succès, le fit suivre en 1823 d’un Résumé de l’histoire d’Angleterre, fut élu député après la révolution de 1830 et soutint la nouvelle royauté. Ami de M. Thiers, il lui fit confier la rédaction de l’Histoire de la Révolution.

BODINCOMAGUS, auj. Casal, v. importante de la Gaule Cisalpine, en Ligurie, sur le Pô. On l’a confondue à tort avec Industria.

BODINCUS, nom primitif du Pô. V. PÔ.

BODLEY (Thomas), gentilhomme anglais, né en 1644 à Exeter, mort à Oxford en 1612, fut chargé par la reine Élisabeth de plusieurs négociations diplomatiques ; mais ayant éprouvé une disgrâce en 1597, il quitta la cour et se retira à Oxford où il s’occupa du rétablissement de la bibliothèque publique ; il légua à cet établissement, qui prit le nom de Bibliothèque Bodléienne, une immense quantité de livres, ainsi que tous ses biens. Hearne a recueilli quelques écrits de Bodley sous le titre de Reliquiæ Bodleiaæ, Londres, 1703, in-8.

BODMER (J. J.), écrivain suisse, né à Greifensee près de Zurich en 1698, mort en 1783, était fils d’un pasteur. Il fut nommé en 1725 professeur d’histoire suisse au collége de Zurich, et devint membre du grand conseil de cette ville. Il contribua puissamment, avec Gottsched et Breitinger, à réformer le goût littéraire de l’Allemagne par ses critiques et par ses exemples : combattant l’imitation servile de la France, il recommanda les traditions nationales. Parmi ses nombreux ouvrages, on remarque Bibliothèque helvétique, 1735 ; Lettres critiques, 1746 ; la Noachide, poëme en 12 chants, Zurich, 1752. On lui doit aussi le recueil des Minnesinger, 1758-1759, et des traductions d’Homère et de Milton.

BODMIN, v. d’Angleterre (Cornouailles), à 10 k. S. de Camelford ; 3300 h. Grand commerce de laines. Florissante sous les Saxons, elle eut jadis un évêché, qui fut transféré en 905 à Exeter.

BODONI (J. B.), typographe, né en 1740 à Saluces, mort a Padoue en 1813, fut chargé par le duc de Parme de créer et de diriger l’imprimerie ducale de Parme et obtint en même temps l’autorisation de former pour son compte un établissement particulier. Il porta l’art au plus haut degré de perfection, et publia des éditions des classiques latins, grecs, italiens et français, que l’on regarde comme es chefs-d’œuvre de typographie. On estime surtout son Anacréon, son Horace, son Homère, son Aminte et son Télémaque. On lui doit aussi un excellent Manuel typographique, 1788, réimprimé en 1818 avec améliorations.

BODONITSA, bourg de l’État de Grèce (Béotie), à 40 k. N. de Livadie, et à 8 k. S. O. de l’anc. Thronium ou Oponte, dans un défilé. C’était un marquisat lorsque la Morée appartenait aux Français.

BODOTRIA, V. FORTH et MUR D’ADRIEN.

BODROG, riv. de Hongrie, passe à Zemplin et à Bodrog-Keresztur, puis se perd dans la Theiss à Tokay. Elle donnait son nom à un comitat qui auj. est compris dans celui de Bacs. — Bodrog-Keresztur est à 5 k. N. O. de Tokay ; 4500 h. Vins exquis, vendus sous le nom de Tokay.

BODROUN ou BOUDROUM, Halicarnasse, v. de la Turquie d’Asie, sur la côte, à 150 k. S. de Smyrne ; 11 000 h. Petit port, château ayant appartenu aux chevaliers de Rhodes. Antiquités. — Autre v. de Turq. d’A., à 25 k. S. O. de Smyrne, est l’anc. Téos.

BOEBEIS Lacus, lac de Thessalie, dans la Pélasgiotide, tirait son nom d’une v. de Bœbe, située sur sa rive occid., au S. E. de Larisse.

BOËCE, Anicius Manlius Torquatus Severinus Boetius, homme d’État et philosophe, né à Rome vers 470, issu d’une des plus illustres familles de l’empire ; alla, à ce qu’on croit, étudier à Athènes, sous Proclus, et cultiva avec le plus grand succès les lettres et la philosophie grecques. Pendant longtemps il jouit de toute la confiance de Théodoric, qui régnait sur Rome ; il fut nommé par lui maître du palais et des offices, et fut plusieurs fois élevé au consulat (510, 511). Il ne se servit jamais de son pouvoir que pour faire le bien. Néanmoins, ses ennemis ayant réussi à le rendre suspect au roi goth en l’accusant d’intelligences avec l’empereur grec Justin, il fut, sur la fin de sa vie, jeté dans une prison à Pavie, et bientôt après mis à mort au milieu des plus cruels supplices, 524. Dans sa prison, Boëce composa un petit livre qui l’a immortalisé, le traité De Consolatione philosophica, dialogue mêlé de prose et de vers, où il traite de la Providence. Il avait déjà beaucoup écrit sur la philosophie : on a de lui des traductions de plusieurs des Traités de dialectique d’Aristote avec des commentaires. Ces ouvrages ont longtemps servi de base à l’enseignement du moyen âge. Les œuvres de Boëce ont été réunies à Venise, 1491 ; à Bâle, 1570 ; à Glascow, 1751, et à Iéna, 1843. La Consolation a été souvent publiée à part ; elle a eu l’honneur d’être commentée par S. Thomas et trad. par Alfred le Grand, et a plusieurs fois été trad. en français : par Jean de Meung, Paris, 1483 ; Colesse, 1770 ; Judicis, 1861. D. Gervaise a écrit sa Vie, 1715. — On a cru que Boëce était chrétien, parce qu’on a sous son nom des écrits théologiques ; on en a même fait un martyre : c’est qu’on l’a confondu avec un autre Boëce, évêque en Afrique au VIe s.

BOÉDROMION, 3e mois des Athéniens, correspondait à la fin d’août et au commencement de sept. Le 6e jour de ce mois, on célébrait les Boédromies en l’honneur de la vict. de Thésée sur les Amazones.

BOEHM ou BOEHME (Jacob), théosophe ou illuminé, né en 1575 près de Gœrlitz (Haute-Lusace), mort en 1624, était fils d’un paysan, et exerçait le métier de cordonnier. Il eut dès son enfance des visions, et écrivit sous la dictée d’une prétendue inspiration un grand nombre d’ouvrages mystiques, le plus souvent inintelligibles ; les opinions hétérodoxes qu’il y professait lui attirèrent plusieurs démêlés avec les théologiens du temps. Ses principaux ouvrages, tous rédigés en allemand, sont : Au-