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6. PAULINE, 1780-1825, mariée au général Leclerc, puis au prince Borghese; duchesse de Guastalla en 1806, mère de: Napoléon Leclerc, mort à Rome en 1804;

N'a pas laissé d'enfants de son second mariage.

7. CAROLINE, 1782-1839, reine de Naples, mariée en 1800 à Murat; mère de: Napoléon Achille Murat, né en 1801, mort en 1847 aux États-Unis;

Lucien Napoléon Murat, né en 1803.

8. JÉRÔME, 1784-1860, roi de Westphalie de 1807 à 1813, marié en 1807 à une princesse de Wurtemberg, morte en 1836; père de: Jérôme Napoléon, né en 1814, mort en 1847, capitaine au service du Wurtemberg;

Mathilde, née en 1820, mariée en 1841 au prince Anatole Demidoff; Napoléon Joseph, né en 1822, marié en 1859 à la princesse Clotilde de Sardaigne.

Aux termes des sénatus-consultes des 28 floréal an XII et 5 frimaire an XIII, l'hérédité de la dignité impériale, à défaut de descendance mâle de Napoléon, devait être dans la famille de son frère Joseph, et subsidiairement dans celle de Louis. C'est en vertu de ces dispositions que le prince Louis Napoléon est le légitime héritier de Napoléon 1.

L’Histoire de la famille Bonaparte a été écrite par M. Wouthers, Paris, 1850, et par MM. Ambrosini et Huart, 1860.

BONAPARTE (Joseph), frère aîné de Napoléon, né en 1768 à Ajaccio, mort en 1844 à Florence, était destiné au barreau quand l'élévation de son frère l'appela aux affaires publiques. Il fut, en 1796, nommé par la Corse député au conseil des Cinq-Cents, puis envoyé en ambassade à Home (1797); mais il quitta cette ville après le meurtre du général Duphot, son aide de camp. Il signa la paix de Lunéville (1801) et celle d'Amiens (1802), reçut le titre de prince impérial quand son frère eut été couronné, fut placé par lui en 1806 sur le trône de Naples, où il se fit aimer du peuple, mais sans pouvoir rallier les nobles; échangea en 1808, quoique à regret, la couronne de Naples contre celle d'Espagne, eut sans cesse à lutter contre ses nouveaux sujets, se vit deux fois forcé de quitter sa capitale, et fut réduit à rentrer en France en 1813, après la défaite de Vittoria. Lieutenant général de l'Empire en 1814 et aux Cent-Jours, il ne put maîtriser les événements, quitta Paris à l'approche des alliés, et accompagna l'impératrice à Blois. Après Waterloo, il se réfugia aux États-Unis, où il vécut 11 ans sous le nom de comte de Survilliers, s'occupant d'agronomie, puis il revint en Europe, où il habita successivement l'Angleterre et l'Italie. Homme sage, bon, simple dans ses manières, Joseph n'avait pas les qualités propres au rôle élevé que son frère lui fit jouer. Il aimait et cultivait les lettres; cependant c'est à tort qu'on lui a attribué un poëme en 10 chants intitulé Napoléon, et consacré au héros de sa famille (ce poëme est de M. H. L. Lorquet, professeur à l'Ile de France, qui le publia dans cette île en 1822). Le roi Joseph a laissé des Mémoires et une Correspondance, qui ont été publiés par M. du Casse de 1852 à 1854 Paris, 10 vol. in-8), et qui jettent un grand jour sur l'histoire de l'Empire. Il avait épousé Julie Clary, fille d'un négociant de Marseille. Il laissa deux filles (V. le tableau ci-dessus).

BONAPARTE (Napoléon). V. NAPOLÉON.

BONAPARTE (Élisa). V. BACIOCCHI (princesse).

BONAPARTE (Lucien), prince de Canino, né en 1775 à Ajaccio, mort en 1840, vint en 1793 habiter la Provence avec sa famille, exilée de Corse, et remplit d'abord des fonctions subalternes dans l'intendance militaire. Nommé en 1797 membre du conseil des Cinq-Cents, il se fit remarquer par son éloquence, et devint président de l'assemblée. Il prépara avec son frère le renversement du Directoire, et assura le succès du 18 brumaire. Napoléon, devenu premier consul, l'appela au ministère de l'intérieur (1799); mais, d'un caractère trop entier, Lucien ne tarda pas à tomber en disgrâce. Il fut néanmoins envoyé comme ambassadeur en Espagne : il y fit prévaloir l'influence française contre le parti anglais, et regagna par là les bonnes grâces du premier consul; mais, s'étant marié contre la volonté de son frère (il avait épousé Mme Jouberthon, veuve d'un agent de change), il fut de nouveau disgracié (1804). Il se retira à Rome auprès du pape Pie VII, dont il s'était concilié l'amitié dès 1801 en soutenant le Concordat; puis se fixa près de Viterbe, dans la terre de Canino, que le pape érigea pour lui en principauté; plus tard (1810), voulant éviter tout contact avec Napoléon, il s'embarqua pour les États-Unis, mais il fut pris en mer par les Anglais, qui le détinrent jusqu'en 1814. Dans les Cent-Jours, il revint en France pour solliciter l'évacuation des États du Pape, que Murat avait envahis, et fut retenu par son frère. Il fut un des premiers à proposer l'abdication de l'Empereur en faveur du roi de Rome. Après le départ de Napoléon pour Ste-Hélène, il retourna en Italie, où il vécut en simple particulier. Il cultivait les lettres et composa deux poëmes épiques : Charlemagne et la Cyrnéïde ou la Corse sauvée. Il avait été admis à l'Institut dès 1803. Il fut un des premiers protecteurs de Béranger. — Son fils aîné, Ch. Lucien Bonaparte, prince de Canino et Musignano, né en 1803, mort en 1857, fut élevé à Rome, épousa en 1822 une fille de Joseph, se rendit avec elle aux États-Unis, où résidait son beau-père, publia dans ce pays plusieurs ouvrages d'ornithologie estimés (American Ornithology, Philadelphia, 1825; Ornithology of the North America, 1826), fit paraître, après son retour en Italie, l’Ornithologie comparée de Rome et de Philadelphie, Rome, 1828; Classification des animaux vertébrés, 1831; la Faune italienne, 1833-41, tous écrits en italien; organisa en Italie les congrès scientifiques et mérita par son zèle pour la science d'être admis dans la plupart des sociétés savantes de l'Europe et d'être nommé correspondant de l'Institut. Élu en 1848 membre de l'Assemblée constituante de Rome, il en était président en 1849 et il ne put s'opposer aux excès qui amenèrent la chute de la nouvelle république. Rendu à la vie privée, il vint résider à Paris et reprit les travaux qui l'ont placé dans les premiers rangs des zoologistes.

BONAPARTE (Louis), né en 1778 à Ajaccio, mort en 1846 à Florence, fut dès l'âge de 16 ans aide de camp de son frère à l'armée d'Italie, le suivit en Égypte, fut marié en 1802, presque malgré lui, à la fille de Joséphine, Hortense de Beauharnais, avec laquelle il ne sympathisait pas et dont il finit par se séparer (V. HORTENSE); reçut, à la création de l'Empire, le titre de grand connétable; occupa en 1805, à la tête de l'armée du Nord, le territoire de la République batave; quitta loyalement le pays aux premières nouvelles de la paix, ce qui lui concilia l'estime des habitants; fut élevé en 1806 sur le trône de Hollande, et sut s'y faire aimer, mais abdiqua en 1810, quand il connut les projets de Napoléon qui, en effet, ne tarda pas à réunir la Hollande à l'Empire. Ce prince philosophe vécut depuis dans la retraite sous le nom de comte de Saint-Leu, et resta étranger au retour de Napoléon en 1815. Il a publié des Documents historiques sur le gouvernement de la Hollande (3 vol. in-8, Paris, 1820), ouvrage précieux pour l'histoire, mais où Napoléon n'est pas épargné. Comme Lucien et Joseph, il cultiva les lettres. Il avait en 1814, dans un Essai sur la versification, proposé de substituer le rhythme à la rime en scandant les vers français suivant l'accent prosodique; il voulut même appliquer ce système et composa quelques poésies en vers rhythmiques (Lucrèce, tragédie, Ruth et Noémi, opéra-comique); mais cette tentative n'eut aucun succès. On a encore de lui des Odes (Vienne, 1813) et des Poésies diverses (Florence,