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lacus (lac de Bourlos), au N. de Naucratis. Temples et oracles célèbres de la déesse Bouto.

BOUTON (archipel de), groupe d'îles de la Malaisie, près de la cote S. E. de Célèbes. Coton, sagou, épices ; étoffes de coton recherchées. Tributaire des Hollandais depuis 1667. — L'île principale, ainsi que le ch.-l. de cette île, s'appellent aussi Bouton.

BOUTON (Ch. Marie), peintre, né à Paris en 1781, mort en 1853, s'attacha surtout à la perspective et à l'art de distribuer la lumière, et fut ainsi conduit à l'invention du Diorama, dont il partage l'honneur avec Daguerre. Parmi ses chefs-d'œuvre en ce genre, on admirait l’Église St-Pierre de Rome, qui a été détruite par l'incendie du Diorama. Comme peintre, il a reproduit avec bonheur les Souterrains de St-Denis, la Cathédrale de Chartres, une Vue intérieure de l'église de St-Étienne-du-Mont, etc.

BOUTONNE, riv. de France, naît à Chef-Boutonne (Deux-Sèvres), passe à Chizé, St-Jean-d'Angély, Tonnay-Boutonne, et tombe dans la Charente à Candé, après un cours de 85 kil.

BOUVET (Joachim), jésuite français, né au Mans vers 1660, mort à Pékin en 1735, fut l'un des six premiers missionnaires mathématiciens que Louis XIV fit partir pour la Chine en 1685. Il obtint l'estime et la confiance de l'empereur Kang-hi, auquel il enseigna les mathématiques, travailla à la carte de l'empire chinois, fut autorisé a bâtir une église et une résidence dans l'enceinte du palais, et fut ainsi un des fondateurs de la mission française à Pékin. On a de lui quatre Relations de divers voyages qu'il fit dans le cours de ses missions ; l’État présent de la Chine, avec des figures gravées, 1697, et divers morceaux intéressants, dans les Lettres édifiantes et dans les recueils du temps.

BOUVINES, Boviniacum, bourg du dép. du Nord, sur la Marque, à 12 kil. S. E. de Lille ; 500 hab. Célèbre victoire de Philippe-Auguste sur l'empereur Othon IV, le comte de Flandre et leurs alliés, en 1214.

BOUXWILLER, ch.-l. de canton (B.-Rhin), à 13 kil. N. E. de Saverne ; 3416 hab. Collége communal. Toiles, calicots, draps ; alun, vitriol, etc.

BOUYOUKDEREH, v. de Turquie. V. BUIUKDEREH.

BOUZONVILLE, ch.-l. de cant. (Moselle), sur la Nied, à 30 k. S. E. de Thionville ; 1537 h. Brasseries ; ébénisterie, clouteries.

BOUZY, vge du département de la Marne, à 22 k. S. E. de Reims ; 500 h. Un des meilleurs crus de vins de Champagne mousseux.

BOVA, v. du roy. d'Italie (Calabre Ultér. 1re), prés de la mer, à 28 k. S. E. de Reggio ; 2500 hab. Évêché. — Fondée vers 1477 par des Albanais après la mort de Scanderbeg ; ruinée par un tremblement de terre en 1783 et rebâtie par Ferdinand IV.

BOVADILLA (don François de), fut envoyé à St-Domingue en 1500 par Ferdinand et Isabelle pour examiner la conduite de Christophe Colomb et le remplacer dans son gouvernement. Sans égard pour les services de ce grand homme, il lui fit mettre les fers aux pieds, ainsi qu'à son frère, et les renvoya tous deux dans cet état en Espagne ; il prit ensuite à tâche de détruire tout ce qu'avait fait son prédécesseur. Le roi, indigné de sa conduite, le rappela aussitôt. Bovadilla fit naufrage en quittant l'île et périt avec toute la flotte (1502).

BOVES, vge du dép. de la Somme, à 10 k. S. E. d'Amiens ; 1700 h. Bifurcation du chemin de fer du Nord. Anc. château fort, dont les seigneurs exerçaient leurs déprédations sur toute la contrée, et qui fut détruit en 1433. Henri IV et Gabrielle se rencontraient dans les ruines de ce château.

BOVILLÆ, auj. Marino, petite v. du Latium, sur la voie Appienne, à 20 k. S. E. de Rome. C'est là que Clodius fut tué par les gens de Milon.

BOVINO, Vibinum, v. du roy. d'Italie (Capitanate), à 28 k. S. O. de Foggia ; 4000 h. Évêché. Les Impériaux y battirent les Espagnols en 1734.

BOYACA, bourg de la Nouv. Grenade, à 70 k. N. E. de Bogota et à 2 k. S. E. de Tunja, a donné son nom au dép. de Boyaca, qui a pour ch.-l. Tunja, et qui compte 455 000 hab. Bolivar remporta en 1819 à Boyaca, sur le parti royaliste, une victoire décisive, qui assura l'indépendance de la Nouvelle-Grenade.

BOYER (l'abbé), prédicateur et poëte, né en 1618 à Alby, mort en 1698, écrivit des tragédies, des pastorales, des opéras auj. oubliés ; ne réussit pas mieux dans la chaire qu'au théâtre, et mérita les railleries de Boileau, qui a dit de lui :

Boyer est à Pinchêne égal pour le lecteur.

Sa tragédie de Judith, qui eut un moment de vogue, a inspiré à Racine une piquante épigramme. Néanmoins, il fut admis a l'Académie française en 1666.

BOYER (Abel), lexicographe français, né à Castres en 1664, mort en 1729, quitta la France à la révocation de l'édit de Nantes, et alla à Genève, puis en Angleterre, où il resta jusqu'à sa mort. On a de lui un Dictionnaire anglais-français et français-anglais, 2 vol. in-4, La Haye, 1702, très-souvent réimprimé; une Grammaire anglaise et française, et quelques traductions de l'anglais.

BOYER (Alexis, le baron), chirurgien, né à Uzerche en 1760, mort à Paris en 1833, était fils d'un pauvre tailleur. Il eut longtemps à lutter contre la misère, et devint par son seul mérite chirurgien en chef de la Charité, professeur de clinique à la Faculté de Paris, membre de l'Académie des sciences. Napoléon le nomma son premier chirurgien et le fit baron, avec une dotation de 25 000 fr. de rente. On a de lui un Traité d'anatomie, 1797-99. 4 vol. in-8, et un Traité des maladies chirurgicales, 1814-1822, 11 vol. in-8, ouvrages fort estimés et qui sont encore classiques. Le Dr Roux, son gendre, a lu son Éloge à l'Académie de médecine, 1851.

BOYER (Pierre Denis), théologien, né en 1766 à Sévérac près de Rodez, mort en 1842, s'unit à l'abbé Émery pour relever le séminaire de St-Sulpice, dont il devint directeur après lui. Il se livra avec succès à la prédication des stations et des retraites ecclésiastiques. L'abbé Boyer était gallican ; il combattit avec force toutes les exagérations ; c'est dans ce but qu'il publia les ouvrages suivants : De la liberté des cultes selon la Charte, 1819 ; Examen de la doctrine de M. de Lamennais, 1834 ; Défense de l'ordre social contre le carbonarisme moderne, 1835. On estime surtout ses Discours pour les retraites ecclésiastiques, 1842. L'abbé Boyer était oncle de Mgr Affre.

BOYER (J. Pierre), président de la République d'Haïti, né en 1776 au Port-au-Prince, mort à Paris en 1850, était homme de couleur, né d'un colon provençal et d'une négresse de Guinée. Il accueillit avec reconnaissance les décrets par lesquels la République française avait aboli l'esclavage, seconda d'abord de tout son pouvoir les généraux français qui tentèrent de rétablir à St-Domingue l'autorité de la métropole et combattit avec eux contre les Anglais et contre Toussaint-Louverture; mais, après le mauvais succès de l'expédition du général Leclerc et la proclamation de l'indépendance d'Haïti, il s'unit à Pétion, qui le prit d'abord pour secrétaire, et qui l'éleva rapidement aux grades de colonel et de général. Il aida Pétion à renverser Dessalines, puis à combattre Christophe, et mérita d'être désigné par lui-même pour lui succéder dans la présidence. Il fut reconnu avec acclamation en 1818, réunit sous sa domination l'île entière par l'effet de la mort du roi Christophe (1820), et en obtenant la soumission de la partie espagnole (1822); fit reconnaître l'indépendance de la République par la France en 1825, moyennant une indemnité de 150 millions, gouverna pendant 25 ans avec un rare talent et porta la république à un haut degré de prospérité. Il n'en fut pas moins attaqué par une opposition violente : voyant l'insurrection près de triompher, il se démit de la présidence en 1843 et se retira à la Jamaïque, puis en France, où il termina ses jours.