Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/312

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ils s'établirent près des sources du Mein. Jovien les laissa s'établir sur les confins de la Séquanaise et de la 2e Germanie (363). Sous Théodose (378-395), ce peuple se convertit au Christianisme, mais il embrassa l'hérésie d'Arius. Au temps d'Honorius (406), Gondicaire poussa plus avant en Gaule et y fonda le roy. de Burgundie, ou 1er roy. de Bourgogne, qui, au VIe s., comprenait tout le bassin du Rhône (V. BOURGOGNE). Les Burgundes étaient le plus doux et le plus civilisé des peuples barbares. Ils adoptèrent promptement les mœurs romaines. Dans les villes, ils exerçaient presque tous le métier de charpentiers ou de forgerons.

BURHANPOUR, V. BOURHANPOUR.

BURIATES, V. BOURIATES.

BURIDAN (Jean), docteur scolastique, né à Béthune vers 1295, mort vers 1360, était disciple d'Occam, et ardent Nominaliste. Il enseigna la philosophie à Paris, et fut élu en 1327 recteur de l'Université de cette ville. Persécuté par les Réalistes, il se retira en Allemagne, où il fonda une école, et enseigna à Vienne. Il a laissé des commentaires sur la Physique, la Métaphysique, la Morale et la Politique d'Aristote (Paris, 1516-1518, 17 vol. in-fol.) ; mais il est surtout connu par un singulier argument dont il se servait, dit-on, pour prouver la liberté d'indifférence : supposant un âne pressé également par la faim et la soif et placé entre une mesure d'avoine et un seau d'eau qui font sur lui une égale impression, Buridan demandait si l'animal resterait immobile entre les deux, au risque de mourir de faim; et si on lui répondait qu'il prendrait un parti, il en concluait qu'il se décidait par sa seule volonté. Suivant une rumeur, que Gaguin ne mentionne que pour la réfuter, ce même Buridan aurait dans sa jeunesse été introduit dans la tour de Nesle, où la reine Jeanne de Navarre, femme de Philippe le Bel, aurait eu avec lui un commerce criminel, et il aurait failli être victime de son imprudence. Cette tradition, recueillie par Villon, et accueillie par nos dramaturges, est une fable sans fondement.

BURIE, ch.-l. de cant. (Charente-inf.), à 16 kil. E. de Saintes; 374 h.

BURIGNY (LÉVESQUE de), V. LÉVESQUE.

BURKE (Edmond), célèbre orateur, né à Dublin en 1730, mort en 1797, vint de bonne heure à Londres, où il exerça la profession d'avocat et où il se fit connaître par divers écrits. Il publia en 1756 un Coup d'œil sur les maux qu'a produits la civilisation, ouvrage anonyme, où il parodie la manière d'argumenter de lord Bolingbroke, et fit paraître l'année suivante un Essai sur le beau et le sublime, qui lui fit prendre rang parmi les philosophes; puis il se tourna vers la politique, créa en 1758 l’Annual Register, recueil périodique qui attira sur lui l'attention, accompagna en Irlande lord Halifax, nommé vice-roi, et devint le secrétaire particulier et l'ami du marquis de Rockingham, premier lord de la trésorerie (1765). Nommé membre de la Chambre des Communes, il se rangea du parti de l'opposition, malgré ses liaisons personnelles avec le ministre Rockingham et se montra très-favorable aux réclamations de l'Amérique anglaise. Il fut appelé au pouvoir en 1782 comme membre du conseil privé, mais il n'y resta que peu de mois. En 1786, il attaqua avec une éloquence admirable le gouverneur des Indes orientales, Hastings, qui avait abusé de son pouvoir. Lorsqu'éclata la Révolution française, Burke s'en déclara l'adversaire; il prononça à cette occasion plusieurs discours et publia un assez grand nombre d'écrits; le principal, intitulé : Réflexions sur la Révolution française (1790), eut en Angleterre et sur le continent un immense succès; il fut réfuté par Thomas Payne. La plupart des écrits de Burke ont été trad. en français dès leur apparition. Ses œuvres ont été réunies en 16 vol. in-8, Lond., 1830, et 10 vol. in-8, 1851. Ses Lettres ont été publiées à Londres en 1844. Burke est un des orateurs les plus véhéments et les plus pathétiques dont se glorifie la tribune anglaise; mais son style est un peu diffus. On l'a quelquefois surnommé, avec une évidente exagération, le Cicéron anglais.

BURLAMAQUI (J. J.), moraliste, né à Genève en 1694 d'une famille d'origine italienne, mort en 1748, professa le droit naturel à Genève, et entra à la fin de sa vie dans le conseil souverain de cette ville. On a de lui des Principes de droit naturel, des Éléments de droit naturel, et des Principes de droit politique, qui sont très-estimés, et qui servent de base à l'enseignement dans un grand nombre d'écoles. Il y fonde la morale et la politique sur l'étude de la constitution de l'homme et sur l'égalité naturelle, et revendique la liberté de conscience et la tolérance. Ses ouvrages, publiés pour la 1re fois en 1747, et dont une partie n'a paru qu'après sa mort, par les soins de Félice, ont été réédités à Paris en 1820 par Dupin aîné, en 5 vol. in-8, et par Cotelle en un seul vol. compacte, 1828.

BURLEIGH (Cécil). V. CÉCIL.

BURMANN (Pierre), savant philologue, né à Utrecht en 1668, mort en 1741, professeur d'histoire, d'éloquence et de langue grecque dans les universités d'Utrecht et de Leyde, a rendu d'importants services aux lettres latines par ses belles et nombreuses éditions, ornées de préfaces et de notes. Il a donné : Phèdre, 1698; Horace, 1699; Pétrone, 1709; Velleius Paterculus, 1719; Quintilien, 1720; Ovide, 1727; Poetæ lat. minores, 1731; Suétone, 1736; Lucain, 1740; Virgile, 1746; Claudien, 1760. Il acheva le Thesaurus antiquitatum Italiæ de Grævius. On a aussi de lui de savantes dissertations et des vers latins. P. Burmann brillait plutôt par l'érudition que par le bon goût. — Ses 2 neveux ont été également des hommes distingués : Jean Burmann, pasteur de l'église réformée, enseigna la botanique à Amsterdam et écrivit de savants ouvrages sur cette science; Pierre Burmann, dit Burmann Second, professa les lettres à Franeker et à Amsterdam, publia plusieurs travaux de son oncle et donna lui-même des éditions estimées, entre autres celles de l’Anthologie latine, 1759-73, et d’Aristophane, Leyde, 1760.

BURNES (Alexander sir), voyageur anglais, né à Montrose en 1805, mort en 1841. Attaché à l'armée de l'Inde, il explora les bords de l'Indus, fut chargé en 1832 d'une mission dans l'Asie centrale, publia en 1834 son Voyage à Boukhara (Travels into Bokhara), qui donne de précieux renseignements sur l'Afghanistan, et fut ensuite envoyé avec le grade de colonel, par le gouvernement anglais, dans le Caboul, mais il y périt victime d'une émeute. — V. BURNS.

BURNET (Thomas), écrivain anglais, né vers 1635, à Croft (York), mort en l715, fut maître de l'hôpital de Sutton à Londres, chapelain du roi Guillaume III, et secrétaire de son cabinet; mais il perdit sa faveur et ses places pour avoir émis dans plusieurs de ses ouvrages des opinions condamnables sur la religion. Il est l'auteur d'une Théorie sacrée de la Terre, en latin, 1680, où il fait l'histoire des temps antédiluviens, en consultant son imagination plutôt que les faits; de l’Archœologia philosophica, 1892, où il cherche à expliquer plusieurs des récits de la Genèse par des allégories, et d'un traité posthume De statu mortuorum et resurgentium, 1723, trad. par Bion en 1731. La plupart de ses écrits sont à l’Index.

BURNET (Gilbert), historien, né à Édimbourg en 1643, mort en 1715, fut d'abord curé de Salton en Écosse, puis enseigna la théologie à Glasgow. Il se livra à des attaques tellement violentes contre le Catholicisme qu'il encourut la disgrâce de Charles II et de Jacques II, et se vit obligé de quitter l'Angleterre. Après avoir voyagé dans plusieurs contrées de l'Europe, il se fixa en Hollande, s'attacha au prince d'Orange (depuis Guillaume III), et travailla de tout son pouvoir à le faire monter sur le trône d'Angleterre. Ce prince, à son avènement, l'éleva à l’évêché de Salisbury. On doit à G. Burnet une Histoire de la Ré-