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italien, né à Carmagnole en Piémont, en 1390, de parents obscurs, fut d’abord gardeur de pourceaux, puis valet d’armée. Entré comme simple soldat en 1412 dans les troupes de Philippe Marie Visconti, duc de Milan, il se distingua sous les yeux de ce prince, fut bientôt élevé par lui au commandement de toutes ses armées, et fut le libérateur du Milanais. Il finit par devenir odieux à Visconti, qui craignait sa puissance, et s’enfuit à Venise en 1424. Les Vénitiens lui confièrent la direction de leurs forces. Il vainquit à Macalo, en 1427, les quatre généraux les plus habiles de l’Italie, François Sforza, Piccinino, Ange de la Pergola et Guido Torello ; mais sa générosité envers les prisonniers le rendit suspect au conseil des Dix. Quelques revers, et notamment une défaite éprouvée par la flotte en 1431, ayant paru confirmer les soupçons, il fut rappelé à Venise en 1432 ; il y fit une entrée triomphale, mais le lendemain de son retour il fut jeté dans les fers, et bientôt il périt sur l’échafaud. Cette catastrophe a fourni à Manzoni le sujet d’une tragédie.

CARMANIE, Carmania, auj. Kerman, Laristan, et partie S. O. du Kaboul ; prov. de l’anc. Perse, entre le golfe Persique au S., la Parthie au N., la Perside à l’O., l’Arie, la Gédrosie, la Drangiane à l’E., se divisait en Carmanie maritime, au S. ; ch.-l., Carmana ; et Carmanie intérieure ou déserte, au N. Cette dernière offre d’immenses plaines de sable, incultes, salées, presque solitaires ; cependant l’on y élevait des moutons renommés.

CARMARTHEN, V. CAERMARTHEN.

CARMATH, CARMATHES. V. KARMATH, etc.

CARMAUX ou CRAMAUX, bourg du dép. du Tarn, à 16 k. N. d’Albi ; 3743 h. Riche houillère.

CARMEL (mont), Carmelus, montagne de Syrie (Acre), entre la mer à l’O. et le Cison à l’E., s’étend depuis Césarée au S. jusqu’à la baie d’Acre au N., où il forme un cap, par 32° 51' lat. N., 32° 39' long. E. Ce mont, haut de 1000m, passe pour avoir été la demeure du prophète Élie. Un célèbre couvent de Carmes y fut construit au XIIe siècle : démoli en 1821 par Abdallah, pacha de St-Jean-d’Acre, il a été reconstruit depuis 1828 avec le produit des quêtes faites dans toute la chrétienté : on y exerce l’hospitalité.

CARMEL (religieux du MONT-), ermites institués en 400 sur le mont Carmel, par Jean, patriarche de Jérusalem, en l’honneur du prophète Élie ; ce sont eux qui ont donné naissance à l’ordre des Carmes.

CARMÉLITES, congrégation de religieuses qui suivaient la règle des Carmes. Cette congrégation, introduite en France dès 1452, fut réformée par Ste Thérèse en 1562 : le cardinal de Bérulle et Mme Acarie firent adopter cette réforme en France. C’est dans un couvent de Carmélites de Paris (rue d’Enfer) que se retira Mlle de La Vallière.

CARMENTA, prophétesse d’Arcadie qui rendait ses oracles en vers (carmen), eut de Mercure Évandre, avec lequel elle passa en Italie. Après sa mort, les Romains lui élevèrent un autel entre le Tibre et le mont Capitolin près d’une des portes de la ville qu’on nomma en son honneur Porte Carmentale et qui fut appelée plus tard Porte Scélérate.

CARMENTALE (porte). V. CARMENTA.

CARMES, ordre religieux, originaire du mont Carmel en Syrie, d’où il tire son nom, fut formé au commencement du XIIe siècle, reçut, en 1209, une règle d’Albert, patriarche de Jérusalem et fut confirmé en 1227 par le pape Honorius ; il fut introduit en Europe par S. Louis en 1238. Les Carmes vivaient cloîtrés, observaient le silence et se livraient au jeûne et à la prière. Ils portaient une robe brune et une chape blanche avec des barres de couleur brune, d’où le nom de Barrés qu’on leur donnait aussi.

CARMES MITIGÉS, religieux institués en 1432, suivaient la règle des Carmes, adoucie par Eugène IV.

CARMES DÉCHAUSSÉS, congrégation religieuse établie dans le XVIe siècle, n’était qu’une réforme des Carmes. Cette réforme fut d’abord appliquée à des couvents de femmes par Ste Thérèse, 1562 V. CARMÉLITES) ; puis cette sainte, aidée de S. Jean d« la Croix, l’introduisit dans les couvents d’hommes. Ces Carmes marchaient pieds nus (d’où leur nom).

CARMONA, v. d’Espagne (Séville), à 30 kil. E. de Séville, sur le Carbonès ; 20 700 hab. Château en ruines. Prise en 712 par Mousa, elle devint très-florissante sous les Maures ; elle leur fut enlevée en 1247.

CARMONTELLE (N.), auteur dramatique, né à Paris en 1717, mort en 1806, fut lecteur du duc d’Orléans. Il est le créateur de ces petites comédies connues sous le nom de Proverbes dramatiques, et réussit fort bien dans ce genre léger. Il publia un premier recueil de ces pièces de 1768 à 1781, en 8 v. in-8 ; on a publié après sa mort, en 1811 et 1825, plusieurs de ses proverbes qui étaient restés inédits.

CARNAC, vge du dép. du Morbihan, à 10 k. S. E. d’Auray ; 541. On voit aux environs d’immenses ruines de monuments celtiques : 1200 pierres placées en quinconce dans une vaste lande forment des espèces de rues tirées au cordeau.

CARNAK, v. d’Égypte. V. KARNAK et THÈBES.

CARNARVON, v. d’Angleterre. V. CAERNARVON.

CARNATIC, prov. de l’Inde. V. KARNATIC.

CARNAVAL, temps de fêtes et de divertissements qui précède le Carême, commence le 6 janvier, jour de l’Épiphanie, et finit le mardi, veille du mercredi des Cendres. On fait dériver le mot Carnaval de carn (pour caro, chair) et avaler, parce que l’on mange beaucoup de chair pendant le Carnaval pour se dédommager de l’abstinence imposée pendant le carême ; d’autres, avec plus de raison, font venir ce mot de caro vale, c’est-à-dire, adieu la chair. Les travestissements de tous genres, les bals nocturnes et masqués, les promenades du Dimanche-Gras et du Mardi-Gras sont les principaux amusements auxquels on se livre pendant le Carnaval. Le Carnaval de Venise et en général ceux des pays méridionaux sont les plus célèbres et les plus brillants. Cet usage semble être un reste des fêtes populaires des anciens et de celles de nos pères, telles que les Bacchanales, les Lupercale, les Saturnales, la fête des Fous, de l’Âne, etc.

CARNÉADE, philosophe grec, fondateur de la 3e Académie, né à Cyrène vers 215 avant J.-C., enseigna dans Athènes, et vécut 90 ans. Il professait une espèce de scepticisme mitigé : il ne disait pas, comme Arcésilas, que la vérité n’existe pas, mais que l’homme ne peut la connaître, et qu’il est réduit en tout à la vraisemblance ou à la probabilité. Pour lui, la loi morale aurait consisté, au dire de Cicéron (Acad. II, 42), dans la satisfaction des premiers besoins de la nature. Il combattit les Stoïciens avec acharnement ; il disait lui-même que s’il n’y avait pas eu de Chrysippe, il n’y aurait pas eu de Carnéade. Député par les Athéniens, avec Critolaüs et Diogène de Babylonie, auprès du Sénat de Rome pour faire une réclamation (155), il fit briller son éloquence aux yeux des jeunes Romains ; mais à la suite d’une séance où il avait successivement parlé pour et contre la justice, Caton proposa de renvoyer au plus tôt un sophiste si dangereux.

CARNERO, golfe de l’Adriatique. V. QUARNERO.

CARNI, peuple de la Vénétie. Ils occupaient la Carniole et le Frioul, et avaient pour ch.-l. Julium Carnicum (auj. Zuglio).

CARNIÈRES, ch.-l. de c. (Nord), arr. et à 8 k. E. de Cambray ; 1606 h. Sucre de betterave, genièvre, distilleries. — V. de Belgique (Hainaut), sur la Haine, à 16 k. O. de Charleroy ; 2000 h. Houille ; fer-blanc. Henri l’Aveugle, comte de Namur, y battit en 1170 Godefroy, duc de Brabant, et Baudoin IV, comte de Hainaut.

CARNIOLE, en all. Krain, anc. prov. des États autrichiens, roy. d’Illyrie, bornée au N. par la Carinthie, à l’E. par la Croatie, au S. par la Dalmatie et l’Adriatique ; 525 000 h. Elle forme auj. les trois cercles de Laybach, Neustædtl, Adelsberg. Au N. sont les Alpes Carniques et Juliennes ; on y trouve des