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Leysse et l'Albane, à 600 k. S. E. de Paris ; 19 953 h. Archevêché, cour d'appel, académie, écoles secondaires de droit et de médecine, société académique, soc. d'agriculture, musée, biblioth. Beau théâtre, belles casernes, hôpitaux, belle rue à portiques, beau palais de justice. A 1 kil. de Chambéry sont les Charmettes, célébrées par Rousseau. Patrie de Vaugelas, St-Réal, des deux De Maistre, du général Boigne. — Chambéry est une v. moderne. Elle fut, du Xe au XIIIe siècle, le ch.-l. d'une seigneurie particulière, puis fut cédée en 1232 à Thomas I, comte de Savoie. L'armée franco-espagnole s'empara de Chambéry en 1742. De 1792 à 1815, cette ville appartint à la France et fut le ch.-l. du dép. du Mont-Blanc. Elle a été recouvrée en 1860.

CHAMBIGE (Jean), architecte français du XVIe s., qu'on a cru à tort Italien, continua l'aile du Louvre qui longe la Seine et qu'avait commencée Bullant. Il n'est connu que par la mention qu'en fait Sauval. Sa statue est une de celles qui décorent la façade des nouveaux bâtiments du Louvre donnant sur le Carrousel.

CHAMBLY, une des branches de la famille La Tour du Pin. V. LA TOUR.

CHAMBON, ch.-l. de cant. (Creuse), à 23 kil. S. E. de Boussac; 1550 hab. Trib. de 1re inst.

CHAMBON (LE), ch.-l. de cant. (Loire), à 9 kil. S. O. de St-Étienne; 4013 hab. Forges, clouteries, coutellerie; fabrique de rubans; mine de houille.

CHAMBORD, village du dép. de Loir-et-Cher, à 2 k. E. de Blois, est entouré d'une vaste forêt; 470 hab. Superbe château construit sous François I par Pierre Nepveu (1533) et décoré par Cousin, Bontemps, J. Goujon et Pilon. Possédé par le roi Stanislas, par le maréchal de Saxe, par la famille Polignac, par le maréchal Berthier, il fut acheté par souscription en 1821 et offert au duc de Bordeaux, qui a pris de là le titre de comte de Chambord.

CHAMBRE ARDENTE, nom donné à plusieurs cours de justice investies d'un pouvoir extraordinaire pour juger des faits d'exception; elles étaient tendues de noir et éclairées, même de jour, par des flambeaux. Telles furent : la commission érigée dans chaque parlement par François I, en 1525, pour punir les hérétiques; la commission extraordinaire nommée en 1680 par Louis XIV, pour juger la Brinvilliers, la Voisin, la Vigoureux, l'Italien Exili, et qui fut aussi appelée Cour des poisons; la chambre qui, sous la Régence, en 1716, vérifia les comptes des fermiers généraux : cette dernière fut aussi nommée Chambre du visa.

CHAMBRE DES COMMUNES (House of Commons), une des deux chambres dont se compose le Parlement anglais, répond à ce que nous nommons Chambre des Députés. La Chambre des Communes est élective; la durée d'un Parlement ne peut dépasser sept années. Le président porte le nom d'orateur (speaker).

CHAMBRE DES DÉPUTÉS, un des trois pouvoirs de l’État en France, fut constituée en 1814 par la charte de Louis XVIII, et remplaça le Corps législatif, qui existait sous l'Empire. Elle était chargée de discuter les lois et plus spécialement de voter l'impôt. D'après la charte de 1814, les députés, élus pour cinq ans, se renouvelaient chaque année par cinquième; ils devaient être âgés de 40 ans et payer 1000 fr. de contributions directes. Depuis 1830, ils furent élus pour cinq années consécutives; il suffisait d'avoir 30 ans et de payer 500 fr. de contributions. Le roi convoquait chaque année la Chambre; il pouvait la proroger ou la dissoudre; mais, dans ce dernier cas, il devait en convoquer une nouvelle dans l'espace de trois mois. La Chambre des Députés a repris depuis 1852 le nom de Corps législatif.

CHAMBRE DES LORDS (House of Lords), l'une des deux chambres du Parlement anglais, se compose des pairs héréditaires ou nommés par le roi. En 1820, le nombre des pairs était de 291 pairs anglais, de 16 pairs écossais et de 32 pairs irlandais; ce qui faisait 339 lords. L'introduction des pairs catholiques en 1829 en a porté le nombre à 400. La Chambre des Lords admet dans son sein des pairs ecclésiastiques.

CHAMBRE DES PAIRS. V. PAIRS.

CHAMBRE ÉTOILÉE, haute cour de justice en Angleterre , qui apparaît pour la 1re fois sous Henri VII, en 1485. Elle était composée des conseillers du roi, qui se réunissaient dans une salle ornée d’étoiles d'or; d'où lui vint son nom. Ce tribunal jugeait sans le concours d'un jury et sur le témoignage d'un seul témoin : aussi devint-il un instrument terrible entre les mains de Henri VIII et d’Élisabeth. Il fut aboli en 1641 par le Long-Parlement.

CHAMBRE INTROUVABLE, sobriquet donné à la Chambre des Députés convoquée le 7 octobre 1815. Cette chambre réactionnaire se signala par son ultra-royalisme, par son zèle excessif en faveur de l'aristocratie et du clergé, et tenta de rétablir l'ancien régime. Elle vota l'établissement des cours prévôtales et prononça le bannissement de tous les Conventionnels qui avaient voté la mort de Louis XVI. Louis XVIII se vit obligé de la dissoudre (5 septembre 1816).

CHAMBRES DE RÉUNION, commissions formées par Louis XIV en 1679 pour rechercher les anciennes dépendances des pays concédés à la France par les traités de Westphalie, d'Aix-la-Chapelle et de Nimègue, afin de prononcer la réunion de ces dépendances à la couronne. Louis XIV se fit ainsi adjuger le comté de Vaudemont, Saarbourg, Saarbruck, Salm, une partie du Luxembourg, Hombourg, Deux-Ponts, Montbéliard, Wissembourg, Strasbourg, avec une partie de l'Alsace inférieure. La paix de Ryswyk, 1697, l'obligea de restituer une partie de ces acquisitions, mais il garda l'Alsace.

CHAMBROIS, ch.-l. de cant. V. BROGLIE.

CHAMFORT (Sébastien Roch NICOLAS, dit), poëte et littérateur, né en 1741 en Auvergne, d'un père inconnu, fit ses études comme boursier au collége des Grassins à Paris, et remporta les premiers prix de l'Université. Il prit en entrant dans le monde le nom de Chamfort, à la place, du simple nom de Nicolas qu'il avait porté jusque-là, se fit de bonne heure connaître par des prix de poésie remportés à l'Académie, donna au Théâtre-Français quelques comédies qui réussirent, et s'attacha pour vivre à diverses entreprises littéraires. Sa réputation le fit choisir par le prince de Condé pour être secrétaire de ses commandements; il devint ensuite lecteur de Mme Élisabeth, sœur du roi. Néanmoins, à la Révolution, il embrassa avec ardeur les idées nouvelles; il se démit de son emploi, et se lia avec Mirabeau. Roland le nomma en 1792 conservateur de la Bibliothèque nationale. Ayant osé, sous la Terreur, blâmer les fautes et les violences du parti révolutionnaire, il fut arrêté et jeté en prison; il essaya inutilement de se tuer. On le relâcha bientôt, mais il mourut au bout de quelques semaines, des suites des blessures qu'il s'était faites (avril 1794). Il avait été reçu à l'Académie en 1781. Ses écrits les plus estimés sont : Éloge de Molière, couronné (1769); Éloge de La Fontaine (1774); La jeune Indienne, le Marchand de Smyrne, comédies; Mustapha et Zéangir, tragédie. Plusieurs de ses ouvrages se sont perdus, entre autres un Commentaire sur La Fontaine (il n'en a paru qu'une partie dans les Trois Fabulistes, 1796). Ses œuvres ont été rassemblées par Ginguené, 1795, 4 vol. in-8, et par M. Auguis, 1824, 5 vol. in-8. Chamfort brillait surtout par l'esprit : on a fait sous le titre de Chamfortiana un recueil de ses bons mots, 1800.

CHAMILLARD (Michel de), ministre de Louis XIV, né en 1651, m. en 1721, fut d'abord conseiller au parlement de Paris. Une grande adresse au billard, jeu qu'aimait Louis XIV, fut, dit-on, la cause principale de son rapide avancement. En 1699, il fut nommé contrôleur général des finances, et en 1701 ministre de la guerre. Il se servit de moyens odieux pour remplir le trésor, et les cris du public l'obligèrent à se démettre de ses deux emplois (1709). Du reste, il était estimé et aimé de ceux qui le connais-