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le département de la marine, et bientôt la marine française prit un nouvel essor : en 1681 la France, victorieuse sur mer comme sur terre, comptait 176 bâtiments de guerre, tandis que, quelques années auparavant, elle en avait à peine une cinquantaine. Tout en faisant d’une manière si brillante les affaires de l’État, Colbert avait amassé une fortune considérable, qui s’élevait à environ dix millions ; aussi à sa mort, le peuple, croyant voir dans cette fortune un signe de déprédation, insulta son cercueil ; la postérité ne l’en a pas moins proclamé un des plus grands hommes du grand siècle. Reims lui a élevé une statue (1860). — Colbert laissa plusieurs enfants qui prirent aussi part aux affaires, entre autres le marquis de Seignelay, et un neveu, le marquis de Torcy, qui fut aussi ministre. — On doit à M. Clément une Histoire de Colbert, 1846, et à M. F. Joubleau des Études sur Colbert, 1856.

COLBERT (Charles Joachim), neveu du préc., né en 1667, mort en 1738, fut nommé en 1697 évêque de Montpellier, et fit rédiger par le P. Pouget le célèbre Catéchisme de Montpellier ; il se montra ardent janséniste. Ses écrits ont été condamnés à Rome.

COLBERT (Édouard), général de cavalerie, né à Paris en 1774, mort en 1854, s’enrôla sous la République, avança promptement, fut placé en 1809 comme général de brigade sous les ordres d’Oudinot, contribua au gain des bat. de Raab et de Wagram, fit avec éclat les campagnes de Russie, de Saxe et de France, et fut blessé à Waterloo. Il reconnut cependant les Bourbons et fut nommé en 1826 inspecteur général. Il s’attacha en 1830 au nouveau gouvt, qui le chargea de licencier la garde royale, et prit part en 1836 à la campagne de Constantine. Il avait été fait pair de France en 1832. — Un autre général Colbert, Auguste, comte de l’Empire, né en 1777, fut tué à Cacabelos en Espagne en 1809.

COLCHAGUA, prov. du Chili, au centre, bornée à l’O. par l’Océan ; 193 000 hab. Ch.-l., Curico. Mines d’or et de cuivre, excellentes eaux thermales.

COLCHESTER, Camalodunum, v. d’Angleterre (Essex), à 80 kil. N. E. de Londres ; 18 000 h. Port sur la Colne. Quais, églises assez belles, théâtres ; ruines d’un château d’Édouard l’Ancien, et d’une abbaye gothique. Manufactures d’étoffes de laine ; chantiers de construction, pêche d’huîtres pour Londres. C’est dans cette v. que naquit Ste-Hélene, mère de Constantin. Colchester a soutenu un siége célèbre contre les parlementaires en 1648.

COLCHIDE, Colchis, auj. Iméréthie et Mingrélie, contrée d’Asie anc., entre le Pont-Euxin à l’O., le Caucase au S., et l’Ibérie à l’E., est surtout célèbre par la Toison d’or, que la Fable place dans ce pays, et par l’expédition des Argonautes. Elle était arrosée par le Phase, dont les eaux, disait-on, roulaient des paillettes d’or. Les Colques (Colchi), ses habitants, étaient farouches, belliqueux, pillards. Les Grecs avaient fondé sur la côte quelques colonies, entre autres Dioscuriade. Après avoir eu des rois nationaux, la Colchide tomba au pouvoir de Mithridate, roi de Pont ; elle reconnut sous Trajan la domination romaine et fut annexée à la prov. de Pont.

COLDORÉ, habile graveur en pierres fines, jouit d’une très-grande vogue au XVIe siècle, fut honoré de la faveur de Henri IV, dont il grava le portrait avec une admirable perfection et fut appelé en Angleterre pour faire celui d’Élisabeth. Coldoré n’est qu’un surnom ; on croit que son nom est Julien de Fontenay.

COLÉAH, Rapida Castra ou Cisse, v. de l’Algérie (prov. d’Alger), à 45 k. O. S. O. d’Alger, sur le Mazafran, sur le revers mérid. du petit Sahel : 3000 h. Orangers, citronniers, grenadiers. Point stratégique important. Les Français s’y sont établis en 1839.

COLEBROOKE (H. Thomas), indianiste, né à Londres en 1765, m. en 1837, fut envoyé dans l’Inde dès 1782 et devint en 1805 chef de justice à Calcutta. Tout en remplissant ses devoirs de magistrat, il se livra à une étude approfondie des langues orientales, notamment du sanscrit, et revint après trente ans d’absence se fixer à Londres. Un des premiers, il a fait connaître à l’Europe la religion, la législation, l’histoire et la science de l’Inde ; on remarque surtout ses travaux sur l’astronomie, l’algèbre et la philosophie des Hindous. Ses principaux mémoires, publiés dans les Transactions de la Société asiatique de Calcutta et de Londres, ont été réunis en 1837 sous le titre de Micellaneous essays. M. Pauthier a trad. l’Essai sur la philosophie des Hindous, 1833-37. Colebrooke avait formé une riche collection de manuscrits hindous, dont il fit don à la Compagnie des Indes. Il est le fondateur de la Société asiatique de Londres.

COLERIDGE (Samuel TAYLOR), poëte anglais, né en 1772 dans le Devonshire, mort en 1834. D’un caractère mobile, il changea sans cesse de goût et de carrière. Il se lia d’abord avec Southey et composa avec lui un drame intitulé la Chute de Robespierre. En 1795 il ouvrit un cours public sur l’histoire de la Révolution française, dont il était alors enthousiaste ; il eut même un instant l’idée d’aller, avec Southey et un autre poëte nommé Robert Lowell, établir chez les Illinois, en Amérique, une république égalitaire qu’il nommait pantisocratie ; ce projet ridicule avorta bientôt. Il se mit alors à écrire des Adresses au peuple, discours qui firent assez de bruit ; puis il rédigea le Watchman, recueil périodique qui cessa dès le 10e numéro. Abandonnant alors la politique pour la poésie, il fit paraître sa tragédie du Rémords, et plusieurs recueils de Ballades lyriques qui eurent un grand succès. En 1798 il visita l’Allemagne et puisa dans les chants de Minnesinger et dans les légendes locales le sujet de nouvelles œuvres. Revenu à la politique, il combattit avec violence la Révolution qu’il avait d’abord exaltée. Une édition complète de ses Œuvres a été publiée en 13 vol. in-8, 1849-52. Le mérite de Coleridge comme poëte est d’avoir protesté contre les lieux communs et la littérature factice de son temps, d’avoir consulté la nature, d’avoir ramené l’attention sur le moyen âge et suscité Byron. Coleridge brillait par l’esprit : un des grands cafés de Londres lui faisait des appointements pour qu’il y tînt conversation.

COLETTE (Ste), née à Corbie en 1380, était fille d’un charpentier nommé Boilet. Elle entra dans l’ordre de Ste Claire et y introduisit une réforme qui rétablissait la rigidité primitive. Elle mourut à Gand en 1447. On la fête le 6 mars.

COLETTIS (Jean), ministre grec, né en 1784, m. en 1846, était en 1812 médecin de Mouktar-Pacha, fils d’Ali, pacha de Janina. Il attira à la cause de l’indépendance les Armatoles de l’Épire, dont il devint le chef, fut de 1821 à 1828 membre des gouvernements et des assemblées qui se succédèrent en Grèce ; conçut et exécuta le plan de la belle campagne de 1826 ; fut, sous la présidence de Capo d’Istria, commissaire extraordinaire à Samos ; fit, après le meurtre du président, partie du gouvernement provisoire, mais ne tarda pas à se retirer, par suite de dissentiments avec ses collègues, rentra au pouvoir en 1832 comme membre du gouvernement provisoire, remplit successivement sous le roi Othon les fonctions de ministre de la marine, de l’intérieur et de plénipotentiaire à Paris (1836-43), fut rappelé après la révolution du 15 septembre 1843, et contribua puissamment à fonder en Grèce le gouvernement représentatif. Premier ministre en 1844, il sut concilier les intérêts de la liberté avec ceux du pouvoir. À la fois guerrier et administrateur, Collettis rappelait les beaux types de la Grèce ancienne.

COLIGNY, ch.-l. de c. (Ain), à 22 kil. N. E. de Bourg ; 1700 hab. Anc. seigneurie, qui a donné son nom à l’illustre famille des Coligny.

[[w:Gaspard II de Coligny|COLIGNY (Gaspard DE CHÂTILLON, sire de)]], amiral de France, fils de Gaspard de Coligny, maréchal de France sous François I, naquit à Châtillon-sur-Loing en 1517. Il fut élevé dans la religion catholi-