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E., s'étend de 122° à 128° long. E. et de 33° 9' à 43° lat. N. Il a pour bornes au N. la Mantchourie, à l'O. la mer Jaune, à l'E. la mer du Japon, au S. le détroit de Corée; env. 8 000 000 d'hab. Capit., Hang-tching. Sa plus grande partie forme une longue presqu'île de 800 kil. sur 260. A l'O. et au S. se trouve une infinité d'îles, qui forment l’Archipel de Corée. Climat varié; très fertile au S. et vers les côtes; riz, et autres céréales; panic (espèce de grain dont on tire une liqueur spiritueuse); soie, etc. – Le roy. de Corée relève de la Chine depuis 1120; mais le roi est indépendant pour l'administration intérieure de ses États. La langue diffère du tartare et du chinois. La religion est le Bouddhisme; les missionnaires y ont fait quelques conversions. Ce pays est depuis 1856 ouvert au commerce étranger.

CORELLI (Arcangelo), compositeur, né à Fusignano en 1653, mort en 1713, donna des sonates fort estimées et excella lui même sur le violon. Il se fixa à Rome et eut pour protecteur le cardinal Ottoboni, qui le nomma directeur de sa musique. Ses Sonates publiées à Rome en 6 parties, de 1683 à 1712, lui valurent le surnom de Prince des musiciens.

CORFINIUM, San Serino, v. du Samnium, chez les Peligni sur les confins du pays des Marses, fut capit. de la Conféd. italique pendant la guerre sociale.

CORFOU, Corcyra, la plus importante des îles Ioniennes, à l'entrée mérid. de la mer Adriatique, et près de la côte de l'Albanie; 62 k. sur 22; 65 000 h. Ch.-l., Corfou. Climat doux, mais variable; pays montagneux. Peu de grains, un peu plus de vin beauc. d'huile; gibier poisson. — Corfou, célèbre dans l'antiquité sous le nom de Corcyre (V. ce mot), est considérée comme la clef de l'Adriatique. Elle fut conquise sur les Grecs en 1147 par Roger II, roi normand des Deux-Siciles. Les Vénitiens l'enlevèrent aux Normands en 1386 et en firent un duché, qu'ils gardèrent jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Les Français la possédèrent de 1797 à 1799 et de 1802 à 1814. Elle forme auj., avec 6 autres îles princ., la république des îles Ioniennes.

CORFOU, ch.-l. de l'île de Corfou, sur la côte E.; 16 000 hab. Belle rade, port, citadelle. Archevêché, université. Quelques monuments, entre autres, le palais du lord haut commissaire anglais. Commerce actif. On y parle l'italien presque autant que le grec.

CORIGLIANO, Coriolanum, v. des Deux-Siciles (Calabre Citérieure), à 42 k. N. E. de Cosenza; 18 000 h. Beau château. Sucre et pâtes de réglisse.

CORINNE, femme poëte, née à Tanagre en Béotie, fut surnommée la Muse lyrique. Elle avait été disciple de Myrtis, femme savante de la Grèce, et vivait vers 470 avant J.-C. Elle fut la rivale de Pindare, et lui enleva cinq fois la palme dans les jeux de la Grèce. Il ne reste d'elle que quelques fragments, recueillis par Wolf dans ses Poetriarum octo fragmenta et elogia, Hamb. 1734, et par Bergk Poetæ lyrici, 1843.

CORINTHE, Corinthus, v. du roy. actuel de Grèce (Argolide), ch.-l. d'éparchie, sur l'isthme de Corinthe, à 60 k. N. E. de Tripolitza; 4000 h. Archevêché; château fort; plusieurs sources, parmi lesquelles la fameuse fontaine de Pirène, jadis consacrée aux Muses; ruines nombreuses. — Corinthe formait autrefois avec son territoire un petit État particulier, la Corinthie. Elle était une des villes les plus importantes de la Grèce par sa population, son commerce, ses richesses, son luxe et ses colonies. Elle avait deux ports : le Léchée, sur le golfe de Corinthe (golfe de Lépante) et Cenchrées, sur le golfe Saronique (golfe d'Athènes). Elle était défendue par une citadelle très forte appelée Acrocorinthe; on y voyait de nombreux monuments, des statues et des objets d'art en abondance. Corinthe est en outre célèbre par ses raisins et par son airain, qui passait pour contenir de l'or et de l'argent. Elle a donné son nom à un ordre d'architecture dit corinthien. Les mœurs de ses habitants étaient fort dissolues, et ses courtisanes étaient fameuses dans toute la Grèce. — Corinthe fut fondée 1900 ans env. av. J.-C. par Éphyre, fille de l'Argien Phoronée, et fut de là nommée primitivement Éphyre. Elle forma d'abord un État monarchique; la tradition y fait régner Jason et Médée vers 1350. Sisyphe, de race hellène, et ses descendants occupèrent le trône jusqu'en 1160 : un des rois de cette dynastie, Corinthus, donna son nom à la ville. Des princes héraclides, dont le premier fut Alétès et le dernier Télestès, y régnèrent à partir de cette époque. Après Télestès, les Bacchides, issus aussi de la race royale, changèrent le gouvernement en une espèce de république aristocratique; elle fut alors régie par des magistrats annuels appelés prytanes. Vers 657 av. J.-C., le tyran Cypsélus rétablit la monarchie et transmit son pouvoir à son fils Périandre (627-584). Psammétique, qui lui succéda, fut aussitôt renversé, et Corinthe s'érigea de nouveau en république. De nombreuses guerres s'élevèrent entre Corinthe et Corcyre, sa principale colonie; une de ces guerres, en 434, fut l'occasion de la guerre du Péloponèse (431) : dans cette dernière lutte, Corinthe fut toujours du parti de Sparte. Cependant elle se déclara contre elle en 395, ce qui donna lieu à la guerre dite guerre de Corinthe (395-387). Comme les autres villes de la Grèce, Corinthe se soumit à Philippe et reçut garnison macédonienne (335). Ce ne fut qu'en 243 qu'Aratus la délivra de la domination étrangère et la fit entrer dans la Ligue Achéenne. Elle devint alors le siége des assemblées des députés de cette confédération; mais, trop faible pour lutter avec Rome, elle fut prise et saccagée par Mummius (146). Relevée par Auguste, elle redevint florissante sous les empereurs. A la fin du IIIe siècle, elle fut ravagée par les Hérules, au IVe par les Visigoths, au VIII{{}e} par les Slaves. En 1205, les Français, maîtres du Péloponèse, s'en emparèrent, et peu après ils la cédèrent aux Vénitiens, auxquels les Turcs l'enlevèrent en 1459. Les Vénitiens en reprirent possession en 1699, à la paix de Carlowitz, mais ils la perdirent de nouveau en 1715. Corinthe fut délivrée en 1821 de la domination turque, sous laquelle elle était tombée dans l'état le plus misérable. Ce n'est que depuis 1830 qu'elle commence à se relever

CORINTHE (isthme de), langue de terre qui s'étend entre le golfe de Lépante (anc. golfe de Corinthe) à l'O. et le golfe d'Engia ou d'Athènes (anc. golfe Saronique) à l'E., unit la Morée (Péloponèse) à la Grèce propre. Il n'a en certains points que 6 kil. de large. Lors de l'invasion de Xerxès, les Grecs élevèrent une muraille dans toute la largeur de l'isthme pour arrêter sa marche : cette muraille fut abattue par Mahomet II. Neptune avait un temple magnifique dans l'isthme de Corinthe; on y célébrait en son honneur les Jeux isthmiques. V. ISTHMIQUES (JEUX). — On a plusieurs fois entrepris de percer l'isthme de Corinthe. (Démétrius Poliorcète, César, Caligula, Néron). Un nouveau projet a été formé en 1863.

CORIOLAN (C. MARCIUS), général romain, battit les Volsques à diverses reprises, leur prit Corioles en 493 av. J.-C., et reçut de là le nom de Coriolan. Il brigua ensuite le consulat; ne l'ayant pas obtenu, il proposa des mesures hostiles au peuple et voulut empêcher que le blé envoyé par Gélon, roi de Sicile, dans un temps de disette, fût distribué gratuitement. Condamné à l'exil (491), Coriolan alla offrir ses services aux Volsques, alors en guerre avec sa patrie, et bientôt il vint à leur tête ravager le territoire romain et assiéger Rome même. Les Romains effrayés lui envoyèrent plusieurs ambassades; il demeura sourd à toutes les prières. Mais Véturie, sa mère, suivie de Volumnie, sa femme, et de toutes les dames romaines, étant venue lui adresser de nouvelles supplications, il se laissa attendrir, et consentit à lever le siége. Il périt, dit-on, peu de temps après (488), assassiné par les Volsques ou condamné par eux à mort comme coupable de trahison. Selon une autre version, il parvint à une grande vieillesse. Plutarque a écrit la Vie de Coriolan. Shakespeare,