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sous le pontificat de Grégoire IX, par l'empereur Frédéric II. Le sultan Mélédin lui céda Jérusalem sans combat. — Les deux dernières croisades furent entreprises par S. Louis, roi de France : l'une, de 1248 à 1254, sous le pontificat d'Innocent IV; l'autre, de 1268 à 1270, sous le pontificat de Clément IV. La 1re (7e) fut dirigée contre l’Égypte : le roi de France prit Damiette, et remporta même un avantage à la Massoure (1250); mais, la peste s'étant mise dans son armée, il fut contraint de reculer devant l'ennemi, et fut lui-même fait prisonnier. Il racheta chèrement sa liberté, passa 4 ans en Palestine, occupé à fortifier quelques places, et revint en France en 1254, après la mort de la reine Blanche, sa mère, qu'il avait instituée régente. — Dans la 8e croisade (1270), S. Louis était accompagné de ses 3 fils et du prince Édouard d'Angleterre; il se dirigea sur Tunis, espérant, disent quelques historiens, convertir le maître de cette v., Mohammed Mostanser; mais, à peine arrivé sous les murs de Tunis, il fut enlevé par une maladie contagieuse. Charles d'Anjou, son frère, qui était venu le rejoindre, se mit à la tête des troupes, remporta quelques avantages et revint en France après avoir forcé Mohammed à payer les frais de la guerre. — Après cette dernière expédition, les colonies chrétiennes qui avaient été établies en Orient par les Croisés ne tardèrent point à être détruites, et la Palestine retomba tout entière sous le joug musulman. — Une foule d'ouvrages ont été publiés sur ces expéditions; l'ouvrage français le plus estimé est celui de Michaud, Paris, 1811-22, 7 vol. in-8., sous le titre d’Histoire des Croisades. Mills, auteur anglais, a présenté un tableau abrégé des Croisades, qui a été trad. par Paul Tiby, 3 vol. in-8, 1825-35. L'Académie des inscriptions publie le Recueil des historiens (originaux) des Croisades.

On a étendu le nom de croisades à plusieurs expéditions dirigées contre les hérétiques, et particulièrement à la guerre contre les Albigeois.

CROISIC (LE), ch.-l. de cant. (Loire-Inf.) à 40 kil. O. de Savenay; 2471 h. Jetée d'un kil. de long, phare dit la Tour du Four. École d'hydrographie. Patrie de P. Bouguer. Pêche de sardines.

CROISILLES, ch.-l. de cant. (Pas-de-Calais), à 10 kil. S. E. d'Arras; 950 hab.

CROISSANT, symbole de l'empire turc, paraît avoir appartenu de toute antiquité à la v. de Byzance. — Sélim III forma un ordre dit du Croissant, destiné aux chrétiens qui auraient rendu des services à l'empire; il avait pour insigne un croissant d'argent. L'amiral anglais Nelson en fut décoré le premier (1799).

CROIX DE FER (Ordre de la), ordre prussien, fondé en 1813 par Fréd.-Guillaume III, a pour insigne une croix en fer fondu, avec le chiffre du roi suspendu à un ruban noir liseré de blanc.

CROIX DU SUD (Ordre de la). V. CRUZEIRO.

CROIX-ROUSSE (LA), v. du dép. du Rhône, contiguë à Lyon, dont elle forme un des faubourgs; 17 934 h. Elle est surtout habitée par les ouvriers.

CROMARTY, v. et port d'Écosse,ch.-l. d'un comté de même nom, à 20 kil. N. E. d'Inverness; 3000 h. Construction de petits bâtiments. — Le comté est fort petit et ne compte que 12 000 hab.; il se compose de divers morceaux enclavés dans le comté de Ross.

CROMAZIANO (Agatopisto). V. BUONAFEDE.

CROMFORD, v. d'Angleterre (Derby), à 20 kil. N. E.de Derby; 1800 h. Filatures. C'est là que fut établie la première mull-jenny d'Arkwright.

CROMWELL (Olivier), protecteur d'Angleterre, né en 1599 dans le comté de Huntingdon, d'une famille assez distinguée, mort en 1658, entra de bonne heure dans la secte des Puritains, où il puisa l'esprit d'intolérance. Persécuté comme dissident, il allait s'embarquer pour l'Amérique quand un ordre du roi interdit le départ. Député par l'Université de Cambridge au long-parlement (1640), il s'y fit remarquer par ses déclamations contre le papisme et la royauté. Lorsque la guerre entre le roi et le Parlement s'engagea, Cromwell leva un régiment à ses frais : il se signala par son habileté et sa bravoure, mais aussi par ses cruautés. Nommé, peu de temps après, lieutenant général de cavalerie, il décida le succès des combats de Marston-Moor (1644) et de Naseby (1645), qui amenèrent la ruine du parti royaliste et les infortunes de Charles I. Dès cette époque, Cromwell songea à remplir le premier rôle. Il sut se concilier l'esprit de l'armée; et comme dans le Parlement il se trouvait bien des gens qui semblaient deviner son ambition et s'y opposer, il purgea ce corps, c.-à-d. qu'il en chassa à main armée les membres suspects. Avec les hommes sûrs qui y restaient, il fit condamner à mort le malheureux Charles (1649), et proclamer la république. Quatre ans après, il fut reconnu chef de l’État sous le nom de protecteur. Depuis ce moment, Cromwell régna en souverain absolu. Du reste, son administration fut des plus prospères : il enleva la Jamaïque aux Espagnols, et abaissa la marine hollandaise; au dedans il acheva la réduction de l'Irlande et de l’Écosse; il fit respecter les lois, remplit les tribunaux d'hommes intègres et éclairés, et fit fleurir le commerce. Presque toutes les puissances reconnurent son autorité et recherchèrent son alliance. Cromwell dut ses succès à une profonde hypocrisie, autant qu'à son habile politique, à son courage et à son infatigable activité. L’Histoire de Cromwell a été écrite par Raguenet, 1691, par M. Villemain, 1819, et par M.Guizot, 1854. V. Hugo a fait un drame de Cromwell. — Son fils, Richard Cromwell, fut reconnu pour son successeur au protectorat; mais, d'un caractère faible, Une conserva l'autorité que quelques mois. Il abdiqua en 1659, à la suite de quelques troubles et à la nouvelle de l'approche de Charles II, et vécut depuis dans une retraite absolue jusqu'à sa mort, arrivée en 1712.

CRONSTADT, v. et port militaire de la Russie (gouvt de St-Pétersbourg), à 27 kil. O. de St-Pétersbourg, sur le golfe de Finlande; 40 000 hab., dont 10 000 marins. Place forte; trois ports, dont un marchand; forts, batteries, arsenaux, beau canal, bassin; immenses chantiers de construction. Cronstadt est la résidence de l'amirauté russe. — Fondée par Pierre le Grand en 1710. Placée à l'endroit où le golfe de Finlande n'offre plus qu'un passage fort étroit, elle est le boulevard de Saint-Pétersbourg ; elle est défendue du côté de la mer par un fort nommé Cronschlot. Inondée en 1824; bloquée en 1854 par la flotte anglo-française.

KRONSTADT ou BRASSOW, v. des États autrichiens (Transylvanie), ch.-l. d'un district de même nom, à 170 kil. E. S. E. de Klausenbourg ; 35 000 hab. Évêchés luthérien et catholique, couvents, gymnases. Tanneries. Grand commerce avec la Valachie.

CROQUANTS, nom sous lequel on désignait autrefois les vilains. On le donne spécialement dans l'histoire aux paysans de la Guyenne qui se révoltèrent sous Henri IV et Louis XIII, et qui furent soumis en 1636 par le duc d'Épernon, Bern. de La Valette. On ne s'accorde pas sur l'origine de ce nom. V. CROCQ.

CROSNE (THIROUX DE). V. THIROUX.

CROSTOLO, riv. de l'Italie septentr., naît à 22 k. S. de Reggio et tombe dans le Pô, à l'O. et près de Guastalla. Elle avait donné son nom à un dép. du roy. d'Italie, qui avait pour ch.-l. Reggio (1805).

CROTONE, auj. Cotrone, v. de la Grande-Grèce, dans le Brutium, sur la mer, près du promontoire Lacinium, était célèbre par la mollesse de ses mœurs. Pythagore eut la gloire de les réformer, et d'y voir ses préceptes mis en pratique. Crotone donna naissance à l'athlète Milon. — Fondée par une colonie achéenne à peu près à la même époque que Rome; ravagée par Pyrrhus, prise par Annibal, et bientôt après par les Romains qui y envoyèr. une colonie (194 av. J.-C.).

CROTOY (LE), petite v. de la Somme, à 25 kil. N. O. d'Abbeville, près de l'emb. de la Somme; 1200 h. Restes d'un château fort où Jeanne d'Arc fut enfermée en 1431.