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collègues, excités par ses avis, gardèrent le pouvoir de leur propre autorité, s’entourèrent d’une garde nombreuse, et étouffèrent toutes les plaintes. La mort tragique de Virginie, que son père immola pour la soustraire aux violences d’Appius Claudius, et le meurtre du brave Sicinius Dentatus firent éclater le mécontentement. L’armée, puis la cité, se révoltèrent : le décemvirat fut aboli ; les décemvirs emprisonnés, et l’on rétablit les consuls (449).

DECIUS MUS (P.), Romain célèbre par son dévouement. En 343 av. J.-C., étant tribun militaire, il sauva Cornélius Cossus, qui s’était laissé enfermer par les Samnites dans les gorges de Saticule. Il fut nommé consul deux ans après. Dans une bataille qu’il livra aux Latins à Veseris, près du Vésuve, avec son collègue Manlius Torquatus, il se dévoua aux dieux infernaux afin d’assurer la victoire aux Romains, et se jeta au milieu des rangs ennemis où il périt percé de coups. — Décius eut un fils et un petit-fils qui, dit-on, imitèrent son dévouement, le 1er à la bataille de Sentinum, livrée aux Gaulois et aux Samnites, 295 av. J.-C. ; le 2e à la bataille d’Asculum, dans la guerre contre Pyrrhus, 279.

DECIUS (Cn. Messius), empereur. V. DÈCE.

DECIZE, Decetia, ch.-l. de c. (Nièvre), dans une île de la Loire, à 34 k. S. E. de Nevers ; 3195 h. Station. Houille, forges. Pat. de Guy Coquille et de St-Just.

DÉCLARATION DES DROITS, acte par lequel une assemblée nationale tenue à Westminster le 22 janv. 1689 proclama les bases de la constitution anglaise, que Guillaume III jura d’observer : le roi reconnaissait au parlement le droit de se réunir, de voter l’impôt et de veiller à l’exécution des lois, et aux citoyens le droit d’élire leurs représentants et d’être jugés par le jury. — On connaît en France sous le nom de Déclaration des droits de l’homme et du citoyen un acte célèbre par lequel l’Assemblée constituante proclama, le 1er oct. 1789, toutes les libertés nouvelles, l’égalité de l’impôt, ainsi que l’admissibilité de tous aux fonctions publiques.

DÉCLARATION DU CLERGÉ. V. GALLICANE (ÉGLISE).

DÉCRÈS (Denis), amiral français, né à Château-Villain (Hte-Marne) en 1765, mort en 1820, s’engagea dans la marine à 14 ans, et passa par tous les grades jusqu’à celui de vice-amiral. Échappé au désastre d’Aboukir, où il avait commandé l’escadre légère, il revenait à Toulon avec le Guillaume Tell, lorsqu’il fut rencontré par une escadre anglaise ; il ne se rendit qu’après une glorieuse défense. Il fut ministre de la marine de 1802 à 1815, réorganisa la flotte, fit exécuter de grands travaux à Venise, Anvers, Flessingue et Cherbourg. Il fut fait duc par Napoléon.

DÉCRÉTALES, recueil des lettres écrites par les papes des premiers siècles en réponse aux questions qui leur étaient adressées par des évêques ou de simples particuliers. Le 1er recueil de ce genre est dû au moine Denys le Petit, qui vivait à Rome vers 550. Au VIIIe et au Xe siècle, des compilateurs insérèrent dans ce recueil des lettres qui exagéraient la puissance des papes : on connaît ces lettres sous le nom de Fausses Décrétales. Parmi les recueils des Décrétales, il faut citer celui de Gratien, communément appelé le Décret, formé en 1151, et le code supplémentaire que Grégoire IX fit rédiger par le dominicain Raimond de Pennafort, et qu’on appelle Extra, c.-à-d. en dehors du Décret de Gratien : il se compose de 5 livres, que Boniface VIII augmenta d’un 6e, connu sous le nom de Sexte. On y ajoute encore deux autres recueils, l’un, dit Clémentines, contenant les lettres de Clément V, l’autre, dit Extravagantes (c.-à-d. restées en dehors du code principal), contenant les décisions des papes depuis Urbain IV jusqu’à Sixte IV. — Le recueil des Décrétales a été plusieurs fois imprimé. V. GRATIEN.

DECUMATES AGRI, à peu près le Brisgau, territoire situé à l’angle S. O. de la Germanie, entre le Nicer (Necker) et le Rhin, était ainsi nommé par les Romains, parce qu’au IIIe siècle on y établit des vétérans comme colons, à la seule charge de payer au trésor la dîme (decimam partem) du revenu.

DÉCURIE, division civile chez les Romains, formait le 10e de la centurie et se composait, dans l’origine, de 10 hommes, lorsque la centurie était de cent hommes. Mais le nombre des citoyens qui formaient une centurie ayant augmenté dans la suite, la décurie s’accrut dans la même proportion. Ce nom s’appliquait aussi à une subdivision de la milice. — Le chef d’une décurie, civile ou militaire, était nommé décurion. On donnait aussi ce nom aux sénateurs des colonies romaines et des municipes.

DÉDALE, personnage fabuleux, natif d’Athènes, est célèbre comme mécanicien et statuaire. Il inventa, dit-on, le vilebrequin, la scie, la hache, le niveau, les mâts et les voiles de vaisseaux. Ayant tué par jalousie son neveu Talus, qui promettait de le surpasser un jour, il fut exilé par l’aréopage et se retira dans l’île de Crète. Là il bâtit, par les ordres de Minos, le fameux Labyrinthe ; mais ayant favorisé les amours criminelles de Pasiphaé, épouse de Minos, ce prince l’enferma lui-même dans cet édifice avec son fils Icare. Il fabriqua, pour s’échapper, des ailes formées de cire et de plumes d’oiseaux, et traversa ainsi les airs avec son fils ; Icare ayant péri dans la mer par son imprudence, Dédale arriva seul à Cumes en Italie. Il y bâtit un temple à Apollon ; de là il passa en Sicile, où Cocalus, foi de la contrée, le reçut d’abord très-bien ; mais ensuite, craignant que Minos ne lui déclarât la guerre, ce roi le fit tuer. — Les Grecs ont donné depuis le nom de Dédale à plusieurs autres artistes habiles.

DEE, nom commun à plusieurs riv. de la Grande-Bretagne, dont une dans le pays de Galles (Mérioneth) : elle passe à Chester et se jette dans la mer d’Irlande (c’est l’anc. Deva ou Seteia) ; et une autre en Écosse : elle sort du mont Cairntoul, coule au S. et tombe dans la mer du Nord près d’Aberdeen (à laquelle elle donne son nom), après 150 kil. de cours : c’est la Devana des anciens.

DEE (J.), astrologue et illuminé, fils d’un marchand de vin de Londres, né en 1527, mort en 1607, avait des connaissances en mathématiques et en astronomie, mais donna dans les rêveries de l’astrologie, de la cabale et de la magie, chercha la pierre philosophale, et prétendit avoir des entretiens avec les esprits malins. Il parcourut l’Europe, s’introduisit auprès de plusieurs souverains, tels que la reine Élisabeth, l’empereur Rodolphe, Étienne, roi de Pologne ; jouit d’un moment de faveur, puis se fit chasser, et mourut dans la misère. Il a publié de 1564 à 1591 un grand nombre d’écrits où sont consignées ses folies. Méric Casaubon a donné ses Œuvres, Londres, 1659. On a publié à Londres la même année une Relation fidèle du commerce de Dee avec les esprits. — Son fils, Arthur Dee (1579-1651), médecin de Charles I, a aussi écrit sur la philosophie hermétique.

DEFAUCONPRET (Aug. J. B.), célèbre traducteur, né à Lille en 1767, mort à Fontainebleau en 1843, remporta en 1786 le prix d’honneur au concours général de l’Université, fut quelques années notaire à Paris, mais quitta de bonne heure une profession qui lui convenait peu et alla se fixer à Londres, où il se livra tout entier à ses goûts littéraires. Il a publié des tableaux de mœurs anglaises et a composé des romans historiques (Jeanne Maillotte ou l’Héroïne lilloise, 1824 ; Wat Tyler, 1825 ; Masaniello, 1827) ; mais c’est surtout par ses traductions de l’anglais qu’il est connu : il a traduit les œuvres complètes de Walter Scott et de Fenimore Cooper, ainsi qu’un grand nombre d’ouvrages de Marryat, Washington Irving, lady Morgan, Maria Edgeworth, etc. Ses traductions se distinguent par l’exactitude, l’élégance, et par une connaissance profonde du génie de la langue anglaise.

DEFENDERS, association politique secrète qui se forma en Irlande après la victoire de la Boyne (1690), remportée par Guillaume III d’Orange, avait pour but de défendre les Catholiques opprimés. Elle était op-