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la mort prématurée assombrit ses dernières années. P. Delaroche rajeunit l’art en traitant des sujets modernes. Il s’attachait à la représentation du vrai plutôt qu’à celle de l’idéal et de l’héroïque ; il se plut surtout dans le choix de sujets dramatiques, et fut le Casimir Delavigne de la peinture. On s’accorde à louer en lui la parfaite intelligence de la composition, la correction du dessin, un goût exquis et un rare talent d’exprimer par les traits de la physionomie le caractère et les sentiments les plus intimes de ses personnages. N’ayant guère traité que des anecdotes historiques et exécuté que des tableaux de petite dimension, il se place entre les peintres de genre et les vrais peintres d’histoire. Ses plus belles œuvres ont été gravées par Henriquel Dupont, Calamatta, Mercuri, Prudhomme, Martinet, François. M. Halévy a lu en 1858 à l’Académie des beaux-arts une Notice sur ce peintre.

DELATOUCHE. V. LATOUCHE et GUIMOND.

DELATOUR. V. LATOUR

DELAUNAY ou DELAUNEY (JOURDAN), gouverneur de la Bastille sous Louis XVI, défendit cette forteresse contre le peuple de Paris au 14 juillet 1789. Étant tombé entre les mains des insurgés, il fut massacré.

DELAUNAY (Mlle). V. STAAL (la baronne de).

DELAVIGNE (Casimir), né au Hâvre en 1793, mort en 1843, était fils d’un négociant et étudia au lycée Napoléon. Il composa, étant encore sur les bancs, un Dithyrambe sur la naissance du roi de Rome (1811), qui lui valut, avec un prix, la protection de Français (de Nantes) et une place dans les droits réunis. Il disputa pendant quelques années les palmes académiques, et présenta aux concours plusieurs pièces de vers qui furent remarquées (Charles XII à Narva, la Vaccine, les Charmes de l’étude), mais dont une seule, l’Enseignement mutuel, fut couronnée ; puis il se fraya une route nouvelle en consacrant sa muse, après les désastres de 1815, à des sujets nationaux, et pleura les malheurs de la France dans d’admirables élégies, qu’il intitulait Messéniennes, assimilant nos malheurs à ceux de l’antique Messénie. Il se tourna enfin vers le théâtre pour lequel il s’était senti une vocation précoce. Il donna en 1819 la tragédie des Vêpres siciliennes, qui fut représentée à l’Odéon avec un succès extraordinaire, bien qu’elle eût été refusée au Théâtre-Français ; il fit jouer l’année suivante, au même théâtre, une comédie en vers, les Comédiens, qui ne fut pas moins bien accueillie ; puis, en 1821, une nouvelle tragédie, le Paria, également remarquable par la nouveauté des situations, par la générosité des sentiments et la perfection de la poésie. Le ministère d’alors, irrité de l’esprit libéral qui perçait dans ses écrits, lui enleva une modeste place de bibliothécaire ; le duc d’Orléans (roi depuis) s’empressa de le dédommager en lui confiant sa bibliothèque du Palais-Royal. En 1823 parut l’École des Vieillards, qui fut représentée au Théâtre-Français. Le succès de cette œuvre détermina l’admission de son auteur à l’Académie (1825). Au retour d’un voyage en Italie, il fit jouer la Princesse Aurélie (1828), comédie qui fut froidement accueillie, puis Marino Faliero (1829), tragédie en cinq actes, qui réussit beaucoup mieux. En 1830, C. Delavigne improvisa, le lendemain des journées de juillet, la Parisienne, chant patriotique, qui fut bientôt répété d’un bout de la France à l’autre. Retournant bientôt à ses travaux dramatiques, il donna successivement quatre grands ouvrages, où son talent flexible se montra sous des faces toutes nouvelles : Louis XI (1832), les Enfants d’Édouard (1833), don Juan d’Autriche (1835), drame en prose, la Popularité (1838), comédie en 5 actes et en vers, indépendamment de plusieurs pièces moins importantes : une Famille au temps de Luther (1836), tragédie en un acte ; la Fille du Cid (1840), tragédie en 3 actes ; le Conseiller rapporteur (1841), comédie en prose ; Charles VI (1841), opéra fait en société avec son frère Germain. Épuisé par tant de travaux, il quitta Paris en 1843 pour aller chercher le repos en Italie ; mais il ne put arriver au terme de son voyage, et mourut à Lyon. Ses Œuvres complètes ont été réunies en 6 vol. in-8, 1846, avec une Notice par son frère. — C. Delavigne est le plus pur et le plus classique des poëtes de notre époque ; il rappelle la perfection de Racine. Tout en se garantissant des écarts du romantisme, il n’a pas craint, surtout dans la dernière moitié de sa arrière, d’emprunter à l’école nouvelle plus de hardiesse dans les situations, plus de liberté dans l’allure et de familiarité dans le style. Voué au culte de son art, ce poëte refusa constamment les honneurs ou les fonctions qui l’en auraient détourné ; il vécut fort retiré, offrant le modèle des vertus privées et domestiques. Son mérite littéraire a été apprécié par M. Sainte-Beuve, qui le remplaça à l’Académie française. Le Hâvre lui a élevé une statue. Son buste a été placé au Théâtre-Français et au lycée Napoléon.

DELAVILLE, auteur comique. V. LAVILLE.

DELAWARE (lord), gouverneur de la Virginie sous Jacques I, rendit à cette colonie les plus grands services. On a depuis donné par reconnaissance son nom à une rivière et à un État de l’Union.

DELAWARE, riv. des États-Unis, naît dans l’État de New-York, coule au S., arrose Philadelphie, et se jette dans la baie de Delaware après un cours de 400 kil. Elle sépare la Pensylvanie des États de New-York et de New-Jersey. Elle tire son nom d’un comte Delaware. V. ci-dessus.

DELAWARE, un des États-Unis de l’Amérique septentr., entre 77° 16′-78° long. O. et 38° 27′-39° 50′ lat. N., dans une presqu’île, a pour bornes au N. la Pensylvanie, à l’O. et au S. le Maryland à l’E. la riv. et la baie de Delaware ; env. 155 kil. sur 40 et 100 000 hab. ; ch.-l., Dover. Sol plat, climat tempéré. Beaucoup de marais ; quelques districts très-fertiles, superbes pâturages ; mines exploitées. Ce pays fut occupé dès 1623 par les Hollandais ; les Suédois y formèrent en 1627 un établissement, la Nouv.-Suède ; la guerre s’étant allumée entre les deux peuples en 1651, les Suédois furent expulsés. Les Anglais dépossédèrent à leur tour les Hollandais en 1664. Charles II donna la colonie à son frère (Jacques II), qui la vendit en 1682 à W. Penn ; elle fit partie de la Pensylvanie jusqu’en 1701. Ce pays prit une part active à la guerre de l’indépendance : c’est sur son territoire qu’eut lieu la bataille de Brandywine (1777). État libre dès 1776, il se donna une constitution en 1792.

DELEBOÉ, médecin. V. SYLVIUS.

DÉLÉMONT, Delsberg en allemand, v. de Suisse (Berne), à 48 kil. N. de Berne, sur la Sorne ; 2000 h. Château, jolis édifices. Horlogerie, toiles peintes, blanchisseries. Délémont est le ch.-l. d’un bailliage qui dépendait jadis de l’évêché de Bâle et qui a fait partie du dép. français du H.-Rhin jusqu’en 1815.

DE LENS (Jacques), savant médecin, né à Paris en 1786, mort en 1846, fut membre de l’Académie de médecine dès sa fondation, fut nommé en 1823 agrégé de la Faculté de Paris et devint bientôt après inspecteur général de l’Université. Il perdit cette position en 1830, et se livra dès lors tout entier à la pratique de la médecine et à la littérature médicale. Il est surtout connu par le Dictionnaire de matière médicale et de thérapeutique, qu’il publia avec Mérat (V. ce nom), ouvrage qui fait autorité et auquel l’Acad. des sciences décerna un des prix Montyon.

DELESSERT (Étienne), banquier, né à Lyon en 1735, mort à Paris en 1816, d’une honorable famille de Calvinistes, vint en 1777 se fixer à Paris, y fonda un établissement de banque qui devint bientôt l’un des plus importants, contribua au développement de l’industrie des tissus de gaze, forma la première compagnie d’assurances contre l’incendie, provoqua en 1782 la création de la caisse d’escompte, germe de la banque de France ; fut, malgré ses services, emprisonné en 1792 ; s’occupa dès qu’il fut libre de perfectionner l’agriculture et améliora nos