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90 kil. N. E. de Salonique, sur un mont au haut duquel est un vieux château fort ; 8000 hab.

DEMIR-KAPOU, c.-à-d. porte de fer, défilé très-important de la Turquie d'Europe, dans le Balkan, mène de Selimnia en Roumélie à Staréka en Bulgarie. — Ville du Daghestan. V. DERBEND.

DÉMOCÈDE, médecin de Crotone, né vers 558 av. J.-C., vivait à la cour de Polycrate, tyran de Samos, dont il gagna la faveur. Après la fin tragique de ce prince, il devint esclave de Darius. Le grand roi s'étant luxé le pied, Démocède put seul le guérir ; il fut dès lors rendu à la liberté et comblé de richesses et d'honneurs par ce prince, qui voulut le retenir à sa cour. Néanmoins, il renonça à tous ces avantages pour retourner dans sa patrie.

DÉMOCRITE, philosophe grec, né à Abdère vers l'an 490, ou, selon d'autres, 470 av. J.-C., fut élevé par des mages qui étaient restés dans son pays après l'invasion de Xerxès ; étudia sous Leucippe et voyagea en Égypte et en Asie pour augmenter son instruction. Il avait dissipé son patrimoine dans ces voyages, ainsi que dans les expériences qu'il fit en étudiant la nature, et il avait pour ce fait encouru une peine : afin de se justifier, il lut devant les Abdéritains un traité qu'il avait composé sur le Monde; ses concitoyens en furent tellement charmés qu'ils lui firent présent de 50 talents. On raconte que la bizarrerie de son genre de vie le fit plus tard passer pour fou, et que les Abdéritains ayant appelé Hippocrate pour le guérir, le sage médecin, après l'avoir entendu, déclara aux Abdéritains qu'ils étaient plus-fous que lui. Il vécut, dit-on, 109 ans. Démocrite riait sans cesse des folies humaines; on l'oppose à Héraclite qui, dit-on, pleurait toujours. Comme Leucippe, son maître, Démocrite expliquait tout par les atomes, le mouvement et le vide. Il admit pour expliquer la perception des corps des images ou idoles qui, émanant des objets, sont reçues par nos sens. Mullach a recueilli les Fragments de D., Berlin, 1843. G. Ploucquet a écrit : De Placitis Democriti, 1767. On doit à M. Lafaye une dissertation sur la Philosophie atomistique, 1833.

DÉMON (le), V. SATAN. — V. aussi l'art. DÉMONS au Dict. univ. des Sciences, des Lettres et des Arts.

DEMONA (VAL DI), une des 3 anc. divisions de la Sicile, ainsi nommée de ce qu'elle renfermait l'Etna, qui, dans les superstitions vulgaires, était regarde comme le séjour des démons; elle comprenait le N. E. de la Sicile et avait pour ch.-l. Messine. Auj. elle forme l'intendance de Messine et une partie de celles de Palerme et de Catane.

DÉMONAX, philosophe cynique, né en Chypre, contemporain d'Adrien et de Marc-Aurèle, vécut 100 ans et se laissa mourir de faim. Il était d'un caractère fort gai; on cite de lui plusieurs bons mots. Au moment de rendre le dernier soupir, il dit à ceux qui l'entouraient : « Retirez-vous ; la farce est jouée ; » mot qu'on attribue aussi à Auguste. Les Athéniens voulant établir un spectacle de gladiateurs, il leur dit: « Renversez donc d'abord l'autel que vos ancêtres ont élevé à la Pitié. »

DÉMOSTHÈNE, le prince des orateurs grecs, né à Athènes en 381 ou 385 av. J.-C., suivit les leçons d'Isée et de Platon. Il plaida dès l'âge de 17 ans contre ses tuteurs qui voulaient le dépouiller de son bien, et gagna sa cause; mais lorsqu'il voulut parler dans l'assemblée du peuple, il fut loin d'avoir le même succès : l'imperfection de son style et plus encore un vice de prononciation le rendirent ridicule et le firent couvrir de huées. Il alla vivre alors pendant plusieurs années dans une retraite profonde, se mit à lire et à relire les grands maîtres, surtout Thucydide; lutta contre les vices de son organe, en s'exerçant à parler avec des cailloux dans la bouche et au bruit des vagues de la mer, parvint à force de constance à corriger tous ses défauts et reparut en public à l'âge de 27 ans : il emporta aussitôt tous les suffrages. Après avoir passé quelques années au barreau, il entra dans l'administration publique et fut bientôt porté aux plus hautes charges. Il employa tout son crédit et toute son éloquence à combattre les projets ambitieux de Philippe, roi de Macédoine, qui méditait l'asservissement de la Grèce ; prononça contre ce prince ces admirables harangues que l'on connaît sous le nom de Philippiques et d’Olynthiennes, et réussit enfin à former contre lui une ligue à la tête de laquelle étaient Athènes et Thèbes. Il combattit lui-même à Chéronée contre le roi de Macédoine dans les rangs des Athéniens (338 av. J.-C.), mais, moins brave qu'éloquent, il prit, dit-on, la fuite dès qu'il vit la victoire se décider pour Philippe. Il n'en conserva pas moins toute son influence. À la mort de Philippe, il chercha à rallumer la guerre; mais Alexandre, déjà vainqueur de Thèbes, se fit livrer les orateurs d'Athènes, et Démosthène ne dut sa liberté qu'à la générosité du jeune prince. Quelques années après, il fut exilé sur l'accusation de s'être laissé corrompre par Harpalus, qui s'était révolté contre Alexandre, et cherchait à soulever les Athéniens; mais dès que le roi fut mort, on le rappela. Il reprit tout son ascendant, et fit déclarer la guerre à Antipater, gouverneur de Macédoine. Les Athéniens ayant encore échoué, Antipater, vainqueur à Cranon, exigea qu'on lui livrât Démosthène, ainsi que tous les orateurs. Il se réfugia dans l'île de Calaurie, dans le temple de Neptune; mais se voyant près de tomber entre les mains de soldats, qui avaient violé son asile, il s'empoisonna, 322. On admire surtout dans Démosthène la concision, l'énergie, le mouvement, le sublime; Longin le compare à la foudre qui éclate et tue. Ce grand homme travaillait beaucoup ses ouvrages, ce qui faisait dire à ses envieux que ses harangues sentaient l'huile. Ceux de ses discours que l'on estime le plus, avec les Philippiques et les Olynthiennes, sont le discours sur l’Ambassade d'Eschine, dans lequel il accusait cet orateur de s'être laissé corrompre par Philippe, et le discours pour la Couronne, où il justifie Ctésiphon poursuivi par Eschine pour avoir proposé de lui décerner à lui-même une couronne d'or en récompense de ses services et où il fait l'apologie de toute sa vie politique. On a de Démosthène 61 discours, 65 exordes, et 6 lettres écrites au peuple d'Athènes pendant son exil. Les éd. les plus estimées de ses œuvres sont celles de Jér. Wolff, avec version latine, Bäle, 1549, souvent réimprimée; de Reiske, dans ses Oratores græci, Leipsick, 1770-75, de Bekker,dans les Oratores Attici, Oxford, 1822, Leipsick, 1823, tomes I-IV; de G. Dindorf, 1825 et 1855, celle qui a été publiée à Londres, 1827, 10 vol. in-8, avec les notes des commentateurs, et celle de la Biblioth. grecque de Didot. Ses harangues ont été trad. en français par Tourreil (les Philippiques seulement), 1701, in-4; par l'abbé Auger, 1777 (nouv. éd. revue par J. Planche, avec le grec, 1819-21, 10 vol. in-8); par Stiévenart, 1842, gr. in-8; par Plougoulm, sous le titre d’Œuvres politiques, 1862-64. Sa Vie a été écrite par Plutarque et Libanius; son Éloge, par Lucien.

DÉMOSTHÈNE, général athénien, remplaça Alcibiade dans le commandement de la flotte qui devait conquérir la Sicile (416 av. J.-C.), fut chargé avec Nicias de la conduite de cette expédition, et attaqua Syracuse. Après de nombreux revers, il fut enfin complètement battu et se tua de désespoir; d'autres disent qu'il tomba entre les mains des Syracusains qui le firent périr cruellement (413).

DEMOTIKA. V. DIMOTIKA.

DEMOURS (Pierre), oculiste, né à Marseille en 1702, mort en 1795, fils d'un pharmacien de Marseille, était déjà un chirurgien distingué lorsque, par le conseil d'Ant. Petit, il se livra au traitement des maladies des yeux. Il y obtint bientôt un grand succès et enrichit de plusieurs découvertes la chirurgie oculaire. — Son fils, Ant. Pierre, né a Paris en 1762, mort en 1836, poussa au dernier degré l'habileté dans son art : il fit la 1re opération de pupille