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mes, sous les murs de Montargis, 3000 Anglais commandés par Warwick, Suffolk et Jean de la Poll. Il partagea sous les murs d’Orléans la gloire de Jeanne d’Arc et contribua puissamment à la victoire de Patay en 1429. En 1432, il réduisit la ville de Chartres, et en 1436 il reprit Paris alors occupé par les Anglais. Après tant de services, Dunois fut un instant coupable : il entra dans une conspiration tramée par La Trémouille contre Charles VII (V. PRAGUERIE), et seconda la révolte de son fils, le Dauphin (depuis Louis XI) ; mais bientôt, repentant de sa faute, il vint se jeter aux pieds du monarque et obtint son pardon. Il fit oublier sa conduite aux siéges d’Harfleur, de Gallardon et de Dieppe. En 1444, le roi le nomma son lieutenant général ; à peine revêtu de cette haute dignité, il expulsa entièrement les Anglais de la Normandie par la victoire de Formigny, 1450 ; la même année, il conquit la Guyenne, occupée aussi par les Anglais ; il reçut en récompense le titre de grand chambellan avec les honneurs de prince légitime. Après la mort de Charles VII, Dunois, mécontent de son successeur, entra dans la Ligue du Bien public, 1465 ; il négocia le traité de Conflans, et, rentré en grâce, présida le conseil de réformation pour le bien public. C’est de Dunois qu’était issue l’illustre famille de Longueville.

DUNOYER (Charles), économiste, né à Carennac (Lot) en 1786, m. en 1862 ; fonda avec Ch. Comte le Censeur (1814), où ils défendirent les opinions libérales, et publia divers ouvrages d’économie politique, dont le principal est De la Liberté du travail (3 vol. 8° 1845) ; devint membre de l’Académie des sciences morales (1832), et conseiller d’État sous la République (1848).

DUNS SCOT. V. SCOT.

DUNSTABLE, v. d’Angleterre (Bedford), à 26 kil. S. de Bedford ; 3000 hab. Chapeaux de paille. Restes d’un prieuré fondé par Henri Ier. C’est à Dunstable que furent jouées les 1res pièces de théâtre en Angleterre.

DUNSTAN (S.), né à Glastenbury (Somerset), vers 924, d’une famille illustre ; jouit d’abord de la faveur du roi ; puis, disgracié, embrassa l’état ecclésiastique ; devint évêque de Worcester en 957, de Londres en 959, et archevêque de Cantorbéry en 961. Le pape Jean XII le nomma son légat en Angleterre pour y opérer la réforme des moines. Il publia à ce sujet la Concorde des règles, recueil d’anciennes constitutions monastiques. Il mourut le 19 mai 988, jour auquel l’on célèbre sa fête.

DUPATY (J. B. MERCIER), né à La Rochelle en 1744, mort à Paris en 1788, fut avocat général, puis président à mortier au parlement de Bordeaux ; se fit un nom comme homme de lettres et par son intégrité comme magistrat. Ses principaux ouvrages sont : Mémoire pour trois hommes condamnés à la roue (il réussit à leur sauver la vie) ; Réflexions historiques sur les lois criminelles ; Lettres sur l’Italie, 1788 ; ce dernier écrit, quoique superficiel et ampoulé, eut du succès en France, grâce à un certain sentiment de l’art et à la philosophie du temps, mais il fut mis à l’Index à Rome.

DUPATY (Ch.), fils aîné du préc., sculpteur distingué, né à Bordeaux en 1771, mort en 1825, était destiné à la magistrature, mais préféra les arts. Il étudia la sculpture sous Lemot, alla se perfectionner en Italie et fut nommé à son retour membre de l’Institut (1816), puis professeur à l’École des beaux-arts. On distingue parmi ses compositions Le général Leclerc, Vénus genitrix, Cadmus, Biblis mourante, Ajax poursuivi par la colère de Neptune, son chef-d'œuvre. Il a fait le modèle de la statue équestre de Louis XIII exécutée par Cortot (à la place Royale, à Paris).

DUPATY (Emmanuel), auteur dramatique, né à Bordeaux en 1775, mort à Paris en 1851, était le 2e fils du président Dupaty. Appelé sous les drapeaux en 1792, il fit avec honneur plusieurs campagnes ; mais il quitta le service en 1797 pour venir à Paris se livrer à ses goûts littéraires. Il donna en 1802 les Valets dans l’antichambre, opéra-bouffon qui faillit le faire déporter, parce que la police y vit des allusions blessantes ; fit représenter depuis sur différents théâtres une série de pièces charmantes, mêlées de couplets, parmi lesquelles on remarque Picaros et Diego (qui n’est guère que la reproduction des Valets), le Chapitre second, la Jeune mère, la Jeune prude, la Leçon de botanique, Ninon chez Mme de Sévigné, l’Intrigue aux fenêtres, le Poëte et le Musicien, les Voitures versées ; il s’éleva jusqu’à la haute comédie dans la Prison militaire, (1803), en cinq actes et en prose. Après la Restauration, il se joignit aux écrivains libéraux pour combattre la réaction royaliste dans la Minerve, le Miroir, et autres petits journaux, et composa en 1816 les Délateurs, poëme satirique qui stigmatisait justement d’odieux excès. Admis en 1835 à l’Académie, il consacra le reste de ses forces à la composition d’un grand poëme, Isabelle de Palestine, qu’il a laissé manuscrit. Il avait été nommé en 1842 administrateur de la bibliothèque de l’Arsenal. Membre des Sociétés du Caveau, des Dîners du Vaudeville, des Enfants d’Apollon, Dupaty a fourni aux recueils de ces sociétés nombre de jolies pièces de vers et de joyeuses chansons. A. de Musset, son successeur à l’Académie, y a fait son Éloge.

DUPÉRAC (Ét.), artiste distingué du XVIe siècle, mort en 1601, cultiva à la fois l’architecture, la peinture et la gravure. Nommé architecte de Henri IV, il termina la 1re partie de la grande galerie du Louvre, qu’avait commencée Androuet Ducerceau.

DUPÉRIER (Charles), poëte, né à Aix vers 1620, vint à Paris, se lia avec Ménage, Rapin, Commire, Bouhours ; s’appliqua aux vers latins, et réussit surtout dans l’ode. Ménage le nomme le prince des poëtes lyriques de son temps ; il fut mis au nombre des auteurs qui formaient la Pléiade française (V. ce mot). Dupérier était neveu de François Dupérier, à qui Malherbe adressa une de ses plus belles odes, celle qui commence par ce vers :

Ta douleur, Dupérier, sera donc éternelle.

DUPERRÉ (Victor Guy), amiral, né en 1775 à La Rochelle, mort en 1846, était fils du trésorier de la guerre. Il s’embarqua à 16 ans, se signala dans divers combats contre les Anglais, prit ou brûla dans les mers de l’Inde plusieurs de leurs bâtiments, leur disputa longtemps l’Ile de France:, gagna sur eux dans le Grand-Port de cette île une brillante victoire le 23 août 1810, et fut fait à son retour contre-amiral et baron (1811). Il bloqua et bombarda Cadix en 1823, conduisit en 1830 la flotte qui portait notre armée en Algérie, contribua puissamment à la prise d’Alger, et fut en récompense nommé amiral et pair de France. Appelé plusieurs fois depuis au ministère de la marine, il quitta l’administration en 1843, sentant ses forces, décliner. M. Tupinier a prononcé son Éloge funèbre à la Chambre des Pairs.

DUPERRON (Jacques DAVY), cardinal, né en 1556 à St-Lô, mort à Paris en 1618, avait été dès son enfance transporté en Suisse par son père, ministre réformé, et y fut élevé dans le Calvinisme. Il vint à Paris après avoir été suffisamment instruit par son père dans les langues grecque et latine, y abjura le Calvinisme, embrassa l’état ecclésiastique, obtint la place de lecteur du roi Henri III, et s’attacha ensuite par quelques services à Henri IV, devenu roi de France. Celui-ci le nomma évêque d’Évreux (1595), et l’envoya à Rome pour solliciter la levée de l’interdit lancé contre la France : il réussit dans cette mission. À son retour, il combattit dans deux célèbres conférences les doctrines du Calvinisme, qu’y défendaient Mornay et d’Aubigné. La cour de Rome lui donna en récompense la chapeau de cardinal (1604). Le roi le fit archevêque de Sens pour avoir contribué à rétablir la paix entre le Saint-Siége et les Vénitiens. Duperron a laissé plusieurs ouvrages, les uns