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de controverse ou de littérature, les autres relatifs à ses négociations ; ils ont été recueillis en 3 v. in-fol., 1622. Il avait beaucoup d’esprit et d’éloquence, et jouissait d’une grande autorité en littérature. Ses auteurs favoris étaient Rabelais et Montaigne. Il était ami de Ronsard, dont il composa l’oraison funèbre. On reproche à ce prélat beaucoup d’ambition et peu de délicatesse sur les moyens de réussir. Sa Vie a été écrite par Pelletier. — V. ANQUETIL et ANISSON.

DUPES (journée des). Marie de Médicis et Gaston d’Orléans avaient arraché à Louis XIII malade la promesse de destituer son ministre, le cardinal de Richelieu : cette promesse allait être exécutée le 11 nov. 1630, lorsque le ministre, averti à temps, vole à Versailles auprès du roi, regagne sa confiance et le décide à lui livrer ses ennemis. Richelieu, non content d’avoir ainsi dupé ses adversaires, se vengea bientôt d’eux avec une excessive rigueur.

DU PETIT-THOUARS (Aristide AUBERT), capitaine de vaisseau, né en 1760 près de Saumur, fit une expédition infructueuse à la recherche de Lapérouse, fut pris en mer par les Portugais (1792), et subit une longue détention à Lisbonne. A son retour, il fit partie de l’expédition d’Égypte, commanda le Tonnant, et périt glorieusement à Aboukir (1798), après avoir forcé le Bellérophon à amener pavillon.

DUPETIT-THOUARS (L. M. AUBERT), botaniste, frère aîné du préc., né en 1758, mort en 1831, devait accompagner son frère à la recherche de Lapérouse, mais, parti après lui, il tenta inutilement de le rejoindre à l’île de France. Obligé de s’arrêter dans cette île, il profita de son séjour pour étudier la flore du pays. Il passa ensuite quelques mois à Madagascar, revint en France en 1802, publia en 1804 l’Hist. des végétaux des îles de France, Bourbon et Madagascar, et fut admis à l’Institut en 1820. A partir de 1806, il dirigea la pépinière du Roule. Outre l’ouvrage déjà cité, il a publié plusieurs écrits sur la botanique et l’agriculture : il soutint à l’Académie des sciences, sur la formation des couches du bois, une théorie célèbre, qui fut vivement débattue. M. Flourens a prononcé son Éloge à l’Institut.

A la même famille appartient le vice-amiral Abel Du Petit-Thouars, membre de l’Académie des sciences, né en 1793, m. en 1864, qui établit en 1842 le protectorat français à Taïti et assura à la France les îles Marquises.

DUPHOT (Léonard), général français, né à Lyon vers 1770, se distingua dans diverses actions de la campagne d’Italie en 1796, et fut chargé par Bonaparte d’organiser une partie des troupes de la République Cisalpine. Il se trouvait à Rome en déc. 1797, dans le palais de l’ambassadeur français, Joseph Bonaparte, lorsqu’il fut tué par des soldats du pape au moment où il tentait d’apaiser une émeute occasionnée par une fête que célébraient les Républicains français. Sa mort fut vengée peu de jours après par la prise de Rome. Duphot était poëte : son Ode aux mânes des héros morts pour la liberté eut une grande vogue.

DUPIN (Louis ELLIES), docteur de Sorbonne, né en 1657, d’une famille noble de Normandie, mort en 1719, était professeur de philosophie au Collége de France. Il consacra la plus grande partie de sa vie à rédiger la Bibliothèque universelle des auteurs ecclésiastiques, ouvrage immense, dans lequel il donne la vie de ces écrivains, le catalogue et la chronologie de leurs ouvrages, un jugement sur leur style et leur doctrine et le dénombrement avec l’examen critique des différentes éditions de leurs œuvres. Les jugements qu’il portait dans cet ouvrage sur plusieurs Pères le firent condamner à Rome ; il fut aussi vivement critiqué par de savants théologiens français, notamment par Bossuet. S’étant déclaré, avec les Jansénistes, contre la bulle Unigenitus, il fut exilé à Châtellerault et privé de sa chaire. Il fut encore inquiété à la fin de sa vie pour avoir entretenu une correspondance avec l’archevêque de Cantorbéry dans le but de rapprocher les catholiques et les anglicans. La Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, publiée en 1686 et ann. suiv., forme, avec les suppléments. 61 vol. in-8. Dupin a en outre donné des éditions de S. Optat, 1700, de Gerson, 1703, la Bibliothèque universelle des historiens, 1707, une Hist. abrégée de l’Église, 1712, des Traités de la Puissance temporelle, 1707, — des Excommunications, 1715, etc.

DUPIN (Claude), fermier général, né à Châteauroux vers 1700, mort en 1769, a écrit sous le voile de l’anonyme plusieurs ouvrages utiles : Œconomiques, 1745 ; Mémoires sur les blés, 1748 ; Observations sur l’Esprit des Lois, 1757-58. — Sa femme, Mme Dupin, née Fontaine, fille naturelle de Samuel Bernard, a été célèbre par sa beauté et son esprit. Elle confia quelque temps l’éducation de son fils à J. J. Rousseau, et l’employa à transcrire ses manuscrits ; ce dernier la mentionne très-souvent dans ses Confessions. On lui attribue quelque part dans les écrits de son mari. Elle mourut en 1800, à près de 100 ans.

DUPIN DE FRANCUEIL (Marie Aurore, dame), fille naturelle du maréchal de Saxe, née en 1750, morte en 1821, épousa le comte de Horn, resta veuve fort jeune, et s’unit au fermier général Dupin de Francueil, fils de Claude Dupin. — De ce mariage naquit Maurice Dupin, officier distingué, qui servit sous la République, et dont la fille est célèbre sous le pseudonyme de George Sand ; c’est Mme Dudevant.

DUPLAN de CARPIN. V. CARPIN.

DUPLEIX (Scipion), historien, né à Condom en 1569, mort dans cette même ville en 1661, vint à Paris en 1605, à la suite de la reine Marguerite de Valois, qui le fit maître des requêtes de son hôtel, fut précepteur d’Antoine de Bourbon, fils légitimé de Henri IV, puis fut nommé par Louis XIII en 1619 historiographe de France et conseiller d’État. On a de lui : Mémoires des Gaules depuis le déluge jusqu’à l’établissement de la monarchie française, 1619 ; Hist. romaine, 1636 ; Hist. générale de France, publiée de 1621 à 1643 : il y traite fort mal Marguerite, femme de Henri IV, qui avait été sa bienfaitrice, et donne de grands éloges à Richelieu. On a encore de lui un traité des Causes de la veille et du sommeil, des songes, de la vie et de la mort, 1613, et un Cours de philosophie, 1607 et 1642 : c’est le 1er ouvrage de ce genre qu’on ait rédigé en français ; il le composa pour le prince, son élève.

DUPLEIX (Joseph, marquis), gouverneur des établissements français dans l’Inde, né vers 1690, était fils d’un directeur de la Compagnie des Indes orientales. Envoyé en 1720 à Pondichéry comme membre du conseil supérieur et commissaire des guerres, il s’acquitta de ses fonctions avec un grand talent. Unissant le commerce à l’administration, il fit en peu de temps une grande fortune. La Compagnie le nomma en 1730 directeur du comptoir de Chandernagor, qu’il releva de sa ruine, et, en 1742, gouverneur de Pondichéry et directeur général des comptoirs français. Il déploya dans ce poste important un génie supérieur. Profitant de l’anarchie produite par la dissolution de l’empire mongol, il voulut faire une puissance territoriale de la Compagnie, qui n’avait été jusque-là que commerçante, et projeta ce qu’a depuis réalisé la Compagnie anglaise des Indes. Au mépris des capitulations, il garda Madras que Labourdonnais s’était engagé à rendre aux Anglais, moyennant de fortes sommes (1746). Dans la guerre qui s’ensuivit, il montra un courage et des talents qui firent oublier ses torts, et défendit pendant 42 jours Pondichéry contre une flotte anglaise formidable et contre une armée de terre. Il se fit céder, par un prince indien qu’il avait placé sur le trône du Décan, tout le territoire situé entre le Krichna et le cap Comorin, avec le titre de nabab. Enflé de ses succès, il s’engagea dans une suite d’expéditions aventureuses et finit par lutter contre la Compagnie même dont il était l’agent, et qui voulait s’opposer à ses entreprises. Ruiné par tant de guerres, il chercha quelque temps à cacher le véritable état des choses ; mais la vérité ayant été connue, on le rappela (1754).