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plus que doublé ; les guerres ou les traités ont modifié les circonscriptions d’un grand nombre de pays, donnant aux uns, retirant aux autres ; les voies de communication ont été en grande partie transformées par l’invention des chemins de fer et par leur substitution aux routes ordinaires ; par suite, les distances entre les divers lieux, bien qu’invariables dans la nature, ont subi de notables changements dans nos supputations ; les personnages qui avaient joué le rôle le plus important dans la première moitié de ce siècle, si fécond en événements, ont presque tous disparu de la scène du monde ; plusieurs trônes ont été renversés par des révolutions intérieures, et d’anciennes dynasties ont été remplacées par des dynasties nouvelles. Dans le même laps de temps, d’importants travaux d’histoire et d’archéologie étaient exécutés ; des monuments énigmatiques, muets pendant des siècles, prenaient enfin la parole pour nous révéler leur secret ; des trésors d’érudition, exhumés des archives où ils dormaient depuis le moyen âge, venaient changer sur plusieurs points la face de l’histoire. La philologie, cultivée avec une ardeur non moins grande, éditait en les commentant de précieux écrits, restés inconnus jusque-là, remettait en honneur des auteurs injustement négligés, ou éclairait d’une lumière nouvelle et inattendue des ouvrages sur lesquels on croyait que le dernier mot avait été dit.

Ce renouvellement presque intégral des choses exigeait un renouvellement analogue dans un livre qui doit être le miroir fidèle de la réalité. Longtemps nous nous sommes efforcé de suivre le mouvement universel de transformation à l’aide de suppléments et de corrections introduites dans le texte ; mais un moment est venu où tous ces expédients ont été reconnus insuffisants, et où il est devenu nécessaire de refondre entièrement l’ouvrage afin de le mettre au niveau des événements et de le rendre plus digne de la faveur dont un public empressé l’a constamment entouré.

Nous ne nous sommes pas dissimulé les difficultés d’une pareille entreprise : il s’agissait en effet, non pas seulement d’intercaler dans le texte les articles du Supplément, mais de remanier le tout de manière à conserver à chacune des parties une juste proportion ; de conduire l’histoire de chaque pays jusqu’au moment actuel ; de changer partout, d’après les documents les plus exacts et les plus authentiques, les divisions territoriales ; les populations, les distances ; de combler les lacunes qu’une expérience de vingt-cinq années nous avait fait découvrir dans le texte primitif ; d’indiquer pour chaque auteur et pour chaque personnage historique les travaux nouveaux dont il avait pu être l’objet, éditions, traductions, mémoires ; enfin de rectifier les erreurs de détail que nos recherches personnelles ou de