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nard de Foix et de La Valette, lui succéda dans le titre de duc, ainsi que dans le gouvt de la Guyenne ; le cadet embrassa l'état ecclésiastique : ce dernier est connu sous le nom de cardinal de La Valette.

ÉPERON D'OR (Ordre de l'), ordre romain, créé par Paul III en 1534 ou par Pie IV en 1559, aurait été, selon quelques-uns, fondé par Constantin dès 312 en mémoire de sa victoire sur Maxence, et approuvé dès lors par le pape S. Sylvestre. Quelques familles princières de Rome et quelques hauts fonctionnaires pouvaient conférer cet ordre, ce qui ne tarda pas à donner lieu à de graves abus. Grégoire XVI le réforma en 1841, lui donna le nom d’ordre de S. Sylvestre ou de l’Éperon d'or réformé et se réserva les nominations. Les chevaliers portent une croix d'or à 8 pointes émaillée de blanc, offrant l’effigie de S. Sylvestre, et suspendue à un ruban rayé rouge et noir; entre les branches de la croix pend un petit éperon d'or.

ÉPERONS (Journée des). On a donné ce nom à deux batailles funestes aux Français : celle de Courtray, en 1302, où les chevaliers français tués dans l'action laissèrent sur le champ de bataille plus de 4000 éperons, et celle de Guinegate, en 1513, où, disait-on, l'on fit plus d'usage des éperons que de l'épée.

ÉPÉUS, fils d'Endymion et d'Hyperimné, régna sur les Éléens qui prirent de lui le nom d'Épéens.

ÉPÉUS, habile ingénieur grec, fils de Panopée, amena des Cyclades au siège de Troie 30 navires et construisit le fameux cheval de bois, à l'aide duquel les Grecs pénétrèrent dans la ville.

ÉPHÈSE, auj. Aïa-Solouk, v. de l'Asie-Mineure, la principale de la Confédération ionienne, était située sur la côte de la Méditerranée, au bord du Caystre et à 60 k. S. S. E. de Smyrne. Elle est surtout célèbre par un magnifique temple de Diane : ce temple, d'ordre ionique, avait été construit avec le produit de dons faits par toutes les villes de l'Asie : il était au nombre des 7 merveilles du monde. Il fut incendié par Érostrate le jour même de la naissance d'Alexandre (356 av. J. C); mais il fut rebâti depuis avec plus de magnificence encore. Ce nouveau temple fut pillé par les Scythes en 203 de J.-C., et rasé sous Constantin. — Éphèse fut fondée par les Cariens. Les Ioniens s'en emparèrent sous la conduite d'Androclès, fils de Codrus. Plusieurs fois prise et souvent soumise, elle recouvra toujours son indépendance. Vers la fin de la guerre du Péloponèse, Lysandre y avait établi son quartier général et comptait en faire le centre de sa domination particulière. Après la mort d'Alexandre, elle tomba au pouvoir de Lysimaque, qui l'appela Arsinoé. Les Romains s'en emparèrent en 130 av. J.-C. Le philosophe Héraclite, le poète Hipponax, les peintres Apelle et Parrhasius y naquirent. Le Christianisme y établit une de ses premières églises. S. Paul y prêcha l'an 57 de l'ère chrétienne, et son disciple Timothée en fut le 1er évêque. Selon quelques-uns, cette église aurait d'abord été dirigée par S. Jean l'Évangéliste : on fait même dériver le nom moderne Aïa-solouk des mots grecs agios theologos, c.-à-d. le saint théologien, nom que l'on donnait à S. Jean. C'est à Éphèse que fut réuni en 431 le 3e concile œcuménique, qui anathématisa le Nestorianisme. En 449, il s'y tint un autre concile, qui se déclara pour l'Eutychianisme et qui a été flétri du nom de brigandage d'Éphèse, à cause des violences qui s'y commirent. Éphèse n'est auj. qu'un village, où réside un métropolitain grec suffragant du siège de Constantinople.

ÉPHESTION. V. HÉPHESTION.

ÉPHIALTES, géant, l'un des Aloïdes. V. ce mot.

ÉPHORE, orateur et historien grec (363-300 av. J.-C.), natif de Cume en Éolie, disciple d'Isocrate et rival de Théopompe, avait composé des harangues, qui ne nous sont pas parvenues, et une Histoire du Péloponèse en 30 livres, qui comprenait les temps écoulés depuis la conquête des Héraclides (1104 av. J.-C.) jusqu'à la 20e année du règne de Philippe (340 av, J.-C.). Marx a publié les fragments qui nous restent de cet historien, Carlsruhe, 1815 ; ils se trouvent aussi dans les Fragm. historic. græc. de la collection Didot (1841). Éphore avait peu de verve et de mouvement : ce qui faisait dire à Isocrate qu'il avait besoin de l'éperon, tandis que son condisciple Théopompe avait besoin de la bride.

ÉPHORES, c.-à-d. inspecteurs (du grec ephorao, observer), magistrats de Lacédémone créés pour surveiller les rois et contre-balancer leur autorité, étaient au nombre de cinq et étaient élus annuellement. Ils pouvaient mettre les rois à l'amende, les arrêter, les déposer et les faire mettre à mort. De plus, ils convoquaient, prorogeaient et dissolvaient à leur gré les assemblées du sénat, disposaient du trésor et même envoyaient des armées en campagne; mais leurs décisions devaient être prises à l'unanimité : l'opposition d'un seul neutralisait la volonté des quatre autres. Cette magistrature fut instituée par Lycurgue vers 884 av. J.-C.; mais elle n'eut d'abord qu'un pouvoir très-limité; le roi Théopompe l'augmenta (770) ; c'est au temps de la guerre du Péloponèse que son influence fut le plus redoutable. Elle fut abolie par Cléomène III. — V. ÉPOPTES.

ÉPHRAÏM, 2e fils de Joseph, fut le chef d'une des douze tribus. Cette tribu habitait entre le Jourdain à l'E., la Méditerranée à l'O., les tribus de Dan et de Benjamin au S., et la demi-tribu occid. de Manassé au N., et avait pour v. princip. Sichem.

EPHRATA, premier nom de Bethléem.

ÉPHREM (S.), Père de l'église syriaque; né à Nisibis en Mésopotamie vers 320, mort en 379, était né païen. Instruit dans le Christianisme par S. Jacques, évêque de sa ville natale, il embrassa l'état monastique et se retira dans une solitude voisine. Il se lia avec S. Basile, fit un grand nombre de conversions, et combattit les hérésies de Bardesane, Marcion, Manès. Il refusa l'épiscopat. On a de lui, outre ses écrits contre les hérétiques, des Commentaires sur l'Écriture sainte et des poésies sacrées. Ses ouvrages sont écrits en syriaque; ils ont été de bonne heure traduits en grec Ils ont été publiés par Gérard Vossius en 3 v. in-fol., Rome, 1589-97; réimprimés à Rome par Assemani, de 1732 à 1746, syriaque, grec et latin, et reproduits dans la collection de l'abbé Migne. L’Explication des Épîtres de S. Paul, de S. Éphrem, retrouvée dans une trad. arménienne, a été publ. à Venise en 1833. Une trad. française, des ouvrages de ce Père, faite sur le grec, a paru à Paris en 1840. On l'honore le 1er février et le 9 juillet.

EPHTALITES (HUNS). V. HUNS.

ÉPHYRE, ancien nom de Corinthe.

ÉPICHARIS, affranchie et courtisane romaine, entra dans la conspiration de Pison contre Néron. Ayant été prise, elle refusa, même au milieu des tortures, de nommer ses complices ; enfin, craignant de laisser échapper son secret, elle s'étrangla. Legouvé a fait une tragédie d’Épicharis et Néron.

ÉPICHARME, poëte et philosophe pythagoricien, né dans l'île de Cos, vint fort jeune à Syracuse, et vécut à la cour d'Hiéron I. Il florissait vers l'an 470 av. J.-C., et mourut à 75 ans selon les uns, à 99 selon les autres. On le regarde comme l'inventeur de la comédie régulière : Plaute l'imitait souvent, au dire d'Horace. On lui attribue divers traités de philosophie et de médecine. Il était aussi grammairien : Aristote lui fait honneur de l'introduction du θ et du χ dans l'alphabet grec. Kruseman a publié : Epicharmi fragmenta, Leyde, 1834; ces fragments ont aussi été publiés par Meinecke dans la collection Didot, 1855. On doit à Schmidt De philosophia Epicharmi, Bonn, 1847, et à M. Artaud de savantes recherches sur Épicharme, 1861.

ÉPICNÉMIDIENS (LOCRIENS). V. LOCRIDE.

ÉPICTÈTE, philosophe stoïcien, né à Hiérapolis en Phrygie, fut d'abord esclave à Rome et eut pour maître Épaphrodite, affranchi de Néron. Exilé de Rome lorsque Domitien chassa tous les philosophes, vers l'an 90 de J.-C., il se retira à Nicopolis en Épire,