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Vandales avaient cédé la place aux Visigoths, qui bientôt se trouvèrent maîtres de la Gaule méridionale et de l'Espagne entière, sauf le petit royaume des Suèves au N. O., dont ils firent même la conquête en 586. En 621, les Visigoths, ayant évincé les Grecs, qui, sous le règne de Justinien, avaient repris pied en Espagne et en avaient occupé les côtes méridionales, se trouvèrent maîtres de toute la Péninsule. Les Arabes vinrent à leur tour en 710 : ils refoulèrent les Visigoths vers le nord et les renfermèrent dans les montagnes des Asturies; en 719, ceux-ci ne possédaient plus que le petit royaume d'Asturie (nommé plus tard roy. d'Oviédo, et ensuite de Léon). L'Espagne fut alors une province du grand empire des califes de Damas; mais en 756, elle forma un empire à part, connu sous le nom de califat de Cordoue (du nom de sa capitale) on califat ommiade (du nom de la dynastie des Ommiades, qui, détrônée en Orient, s'était réfugiée en Espagne). Le califat de Cordoue cessa d'exister en l031, après 275 ans d'existence et se démembra en plusieurs principautés indépendantes. On en compta jusqu'à 19 : Cordoue, Séville, Jaën, Carmone, Niebla, l'Algarve, Algésiras, Murcie, Orihuela, Valence, Denia, Tortose, Lérida, Saragosse, Huesca, Tolède, Badajoz, Lisbonne, Majorque. Pendant ces trois siècles, le petit royaume goth du nord s'était accru aux dépens des califes : il possédait au XIIIe siècle tout le pays qui s'étend jusqu'au Duéro; des comtes chrétiens, vassaux des rois de Léon, avaient repris la Vieille-Castille; d'un autre côté. Pépin et Charlemagne avaient conquis la Septimanie et tout le pays compris entre les Pyrénées et l'Èbre, dont ils avaient fait la Marche d'Espagne. En 831, un lieutenant de Pépin, roi d'Aquitaine, Aznar, se rendit indépendant dans l'ouest de cette Marche, et fonda le roy. de Navarre, tandis qu'à l'est se formait le comté de Barcelone, qui resta feudataire de la France jusqu'en 1258. La maison de Navarre finit par absorber les autres en 1037; mais elle s'était divisée en trois lignes, pourvues chacune d'un royaume: 1° Castille (dite aussi Castille-et-Léon); 2° Aragon; 3° Navarre. Ces trois lignes s'éteignirent successivement en 1109, 1134, 1234; mais les trois royaumes n'en subsistèrent pas moins; seulement ils passèrent à trois dynasties françaises (dites de Bourgogne, de Barcelone, de Champagne), et l'Aragon se trouva alors aux mêmes mains que le comté de Barcelone; de plus, il s'était formé de 1095 à 1139 un 4e état chrétien, le comté, ensuite royaume de Portugal, appartenant à une ligne bâtarde de Bourgogne. Ces 4 États étaient sans cesse en guerre avec les Maures, qui avaient succédé à la puissance des Arabes. En 1086, l'Espagne méridionale fut envahie par les Almoravides venus du Maroc, qui, après la victoire de Zélaka, restèrent maîtres du pays jusqu'en 1145; vinrent ensuite les Almohades (1146-1269), puis les Mérinites (1267-1344). Au milieu de ces révolutions successives les Musulmans perdaient chaque jour du terrain : vaincus en cent combats, notamment à Las Navas de Tolosa (1212) et à Tarifa (1340), ils eussent été promptement chassés sans les dissensions des princes chrétiens : à la fin du XIIIe siècle, le royaume maure de Grenade était le seul État musulman qui subsistât encore. Les deux roy. de Castille et d'Aragon devenaient de plus en plus puissants, le ler par ses conquêtes en Espagne même, le 2e par l'acquisition des Baléares et de la Sardaigne. Ces deux États se trouvèrent réunis en 1479 par suite du mariage contracté dès 1469 par Ferdinand d'Aragon et Isabelle de Castille; et en 1492, le roy. de Grenade put enfin être conquis par Ferdinand. La Navarre espagnole fut ajoutée en 1512 à ses possessions. De la mort de Ferdinand et de l'avénement de son petit-fils Charles-Ouint, en 1516, date la réunion de toute l'Espagne en un même État : cette réunion, la possession de la Sicile, de la Sardaigne, du royaume de.Naples, de la Franche-Comté, des Pays-Bas, et un peu plus tard l'acquisition du Milanais, la découverte et la conquête du Mexique, du Pérou, de la Nouvelle-Grenade, du Chili, de Buénos-Ayres, enfin l'acquisition du Portugal en 1680, firent de l'Espagne au XVIe siècle la puissance prépondérante de l'Europe. Mais des fautes de tout genre, l'expulsion des Juifs (1492) et des Maures (1609), les rigueurs de l'Inquisition, l'émigration d'une foule d'Espagnols qui allaient chercher fortune en Amérique et dans les autres colonies, les guerres continuelles, amenèrent bientôt sa ruine : elle se vit enlever successivement : en 1609, sept des 18 prov. des Pays-Bas; en 1640, le Portugal; en 1659, le Roussillon; la Franche-Comté de 1674 à 1679; elle perdit aussi sa population, son industrie, sa vigueur. La guerre de la succession d'Espagne, 1701-1714, qui plaça sur le trône un petit-fils de Louis XIV, donna aux puissances jalouses l'occasion de lui enlever toutes ses possessions européennes hors de la Péninsule. En 1808, Napoléon, profitant des dissensions de la famille royale, plaça sur le trône d'Espagne son frère Joseph. Il en résulta une guerre acharnée, avec la France (1808-1814), qui fut une des causes de la chute de l'Empereur. Pendant cette guerre les Cortès donnèrent au pays en 1812 une constitution libérale qui fut accueillie avec enthousiasme. Le 22 mars 1814 les Bourbons rentrèrent en Espagne : Ferdinand VIII y rétablit le pouvoir absolu. Une révolution, qui éclata en 1820 à l'île de Léon, établit un gouvernement constitutionnel, dit gouvernement des Cortès ; mais une armée française, appelée par Ferdinand et commandée par le duc d'Angoulême, le renversa en 1823 pour rétablir le pouvoir absolu. C'est sous Ferdinand VII qu'éclatèrent en Amérique, à partir de 1817, les révolutions qui ont enlevé successivement à l'Espagne toutes les colonies qu'elle possédait sur ce vaste continent. Ce prince termina son règne (1833) en abolissant la loi d'hérédité qui, depuis l'avénement de la maison de Bourbon, excluait les femmes du trône, et légua sa couronne à sa fille Isabelle encore enfant, sous la tutelle de Christine sa mère. Celle-ci, après une longue lutte contre don Carlos, frère du dernier roi, qui ne fut expulsé qu'en 1839, et contre le parti révolutionnaire, se vit forcée en 1840 d'abdiquer la régence, qui fut déférée par les Cortès au général Espartero. Ce dernier fut renversé en 1843, et Isabelle proclamée majeure. Elle épousa en 1846 son cousin, l'infant don François. Son règne fut troublé par de nombreuses révoltes ou insurrections militaires, dont la dernière (sept. 1868) la déclara déchue, ainsi que sa famille. Des Cortès constituantes, nommées par le suffrage universel, appelèrent au trône Amédée, duc d'Aoste, qui abdiqua après moins de trois ans de règne (déc. 1870-févr. 1873). La république fut alors proclamée, mais le fils aîné d'Isabelle (Alphonse XII) fut reconnu roi en 1875. L'hist. de l'Espagne a été écrite par Mariana, Ferreras, Golmenar Ortiz, Romey, Rossew Saint-Hilaire. etc.


Rois d'Espagne (dep. la réunion des div. États).
Ferdinand V d'Aragon et Isabelle de Castille, 1479 Louis I, 1724
Maison d'Autriche. Philippe V de nouveau, 1724
Charles I (Charles-Quint), 1516 Ferdinand VI, 1746
Philippe II, 1556 Charles III, 1759
Philippe III, 1598 Charles IV, 1788
Philippe IV, 1621 Joseph Bonaparte, 1808
Charles II, 1665 Ferdinand VII, 1813
Maison de Bourbon. Isabelle II, 1833
Philippe V, 1700 Alphonse XII, 1875

ESPAGNE (Charles et Louis d'). V. LA CERDA.

ESPAGNE (le cardinal d'). V. MENDOZA (P. de).

ESPAGNE (J. L. d'), général français sous la République et sous l'Empire, commandait sa 1805, sous le maréchal Masséna, la division des chasseurs à cheval de l'armée d'Italie et se distingua dans toute cette campagne. En 1806, il passa au service du roi de Naples et battit les insurgés calabrais. Dans la