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vreté et renonçait à tous les biens de ce monde : c’est un des ordres mendiants. Ils portaient un froc gris, de laine grossière, avec une ceinture de corde et un capuchon court et arrondi. Ils avaient le droit de se livrer dans leurs églises à la confession et à la prédication. Ces religieux, protégés par les papes, se répandirent par toute l’Europe, et comptèrent bientôt des milliers de monastères, enrichis par la piété des fidèles. De leur sein sortirent des hommes célèbres, tels que S. Bonaventure, Roger Bacon, Duns Scott, Alexandre de Hales, S. Antoine de Padoue. Les papes Nicolas IV, Alexandre V, Sixte IV, Sixte-Quint et Clément XIV appartenaient aussi à l’ordre des Franciscains. Les Franciscains étaient en rivalité avec les Dominicains, surtout depuis leur introduction dans les chaires de l’Université de Paris. Les deux ordres eurent pour principaux champions, chez les Franciscains Duns Scott, chez les Dominicains S. Thomas, qui pendant longtemps divisèrent l’école en Scotistes et Thomistes. Cet ordre a donné naissance à une foule de communautés particulières, soit d’hommes, soit de femmes. Les plus connues sont, pour les hommes, les Pères de l’Observance, moines déchaussés, fondés en Italie en 1363, par Paul de Foligno ; les Récollets ou recueillis (recollecti), et les Cordeliers, noms que prirent les Franciscains établis en France ; les Capucins, qui se distinguaient par une longue barbe et un capuchon pointu ; les Minimes, les Célestins, etc. ; — pour les femmes, les Urbanistes, établies en 1260 à Longchamps, près de Paris, par Ste Isabelle, et confirmées par Urbain II ; les Capucines ; les Clarisses ou Déchaussées (V. ces noms). En 1221, S. François avait fondé en outre un Tiers-Ordre pour les séculiers qui voulaient prendre le cordon des Frères Mineurs ; c’est de cet ordre que sortirent les Béguins ou Fraticelli, et les Picpuces, ainsi appelés du monastère de Picpus, près de Paris, où ils s’établirent. La totalité des religieux des deux sexes de St-François était au XVIIIe siècle de 115 000 moines et de 28 000 nonnes, répartis dans 8000 couvents. Ils disparurent de France, avec les autres ordres religieux, en 1790, mais ils subsistent encore ailleurs, surtout en Italie et dans l’Amérique espagnole ; quelques-uns même ont reparu en France depuis 1850. Les Franciscains sont les gardiens du St-Sépulcre à Jérusalem.

FRANC-JUGE. V. VEHME (sainte).

FRANCK, famille d’artistes flamands au XVIe s., a produit plusieurs peintres distingués : d’abord les trois frères Jérôme, François et Ambroise, puis Sébastien et François le jeune, tous deux fils de François. Tous vécurent à Anvers ; cependant Jérôme passa quelque temps à Paris et fut nommé 1er peintre du roi Henri III. Ils se sont surtout exercés dans le genre d’histoire : on estime Notre-Seigneur au milieu des docteurs, de François (à Anvers) ; le Martyre de S. Crépin, d’Amboise ; l’Histoire d’Esther, l’Enfant prodigue, le Christ en croix, de François le jeune. Leurs œuvres prouvent des connaissances anatomiques ; leur couleur a de la finesse. — V. FRANK.

FRANCKE (Aug. Hermann), philanthrope et piétiste, le Rollin de l’Allemagne, né à Lubeck en 1663, m. en 1727, était pasteur de Glaucha, près de Halle, dans le duché de Brandebourg, et fonda dans cette ville, tant de ses deniers qu’à l’aide d’aumônes, deux établissements destinés à l’instruction des pauvres enfants : la Maison des Orphelins et le Pædagogium. Il y joignit une espèce d’imprimerie stéréotype afin de pouvoir donner la Bible au peuple à très-bon marché ; de 1715 à 1795 on en tira 1 570 333 exemplaires. Outre trois ouvrages relatifs à l’établissement dont il était fondateur, Francke a publié des Sermons et des Oraisons funèbres, Halle, 1727, in-fol.

FRANC-MAÇONNERIE. V. FRANCS-MAÇONS.

FRANCŒUR (L. Benjamin), mathématicien, né en 1773 à Paris, mort en 1849, était fils du surintendant de la musique de l’Opéra. Il entra à l’École polytechnique dès sa fondation, y devint répétiteur, puis examinateur, fut nommé en 1803 professeur de mathématiques à l’école centrale de St-Antoine (lycée Charlemagne), en 1809 à la Faculté des sciences de Paris, se vit en 1815 écarté de l’École polytechnique pour opinion politique, et consacra depuis tout son temps à l’enseignement de la Faculté et à des travaux qui ont popularisé la science. Il fut admis en 1842 à l’Institut. Ses principaux ouvrages sont : Mécanique, 1800 ; Cours complet de mathématiques pures, 1810 ; Uranographie, 1812 ; Goniométrie, 1820. Il a aussi donné des Éléments de Technologie, de Dessin linéaire, de Géodésie, de Statique, une Astronomie pratique, a coopéré au Dictionnaire de Technologie et à l’Encyclopédie moderne. Ses ouvrages se recommandent par l’ordre, la clarté, l’exactitude et l’utilité pratique. Un de ses fils, professeur de mathématiques à l’École des beaux-arts, a donné une Notice sur sa vie et ses ouvrages (1853).

FRANÇOIS. Ce nom a été porté par un assez grand nombre de personnages que nous distribuerons comme suit : Saints, Souverains et Personnages divers.

Saints.

FRANÇOIS D’ASSISE (S.), instituteur de l’ordre des Frères Mineurs, dits aussi Franciscains, né à Assise en Ombrie l’an 1182, m. en 1226, était fils d’un riche marchand nommé Bernardon. Il fut d’abord destiné par son père à l’aider dans son commerce, et étudia dans ce but le français qu’il apprit si bien qu’on lui en donna le surnom de François, nom sous lequel il est connu ; mais à l’âge de 24 ans il renonça à toute occupation mondaine, abandonna ses biens, fit vœu de pauvreté et se consacra tout entier à la prédication et à des œuvres pieuses. Il rassembla bientôt autour de lui, à la Portioncule près d’Assise, de nombreux disciples, forma dès 1208 un ordre qu’il nomma par humilité les Frères Mineurs, et leur donna une règle qui fut approuvée en 1215 par le pape. Il défendait à ses disciples de rien posséder en propre, leur prescrivait de vivre d’aumônes et de se répandre par toute la terre pour convertir les pécheurs et les infidèles. Il alla lui-même dans ce but en Syrie et en Égypte (1219). En 1224, s’étant retiré sur une montagne la veille de l’Exaltation de la Ste croix, il eut, après un long jeûne, une vision célèbre dans laquelle il reçut l’impression des stigmates de J.-C. : il vit descendre du ciel le Sauveur sous la forme d’un séraphin crucifié ; il se sentit au même moment comme percé de trous dans toutes les parties du corps où les clous avaient été enfoncés dans le corps du Christ, et il en conserva les cicatrices ; cette vision lui fit donner le surnom de Séraphique. Outre l’ordre des Frères Mineurs, S. François institua en 1221 le Tiers-Ordre, association de séculiers qui s’engageaient à observer toutes les pratiques compatibles avec leur condition. Il fut canonisé par Grégoire IX ; l’Église l’honore le 4 oct., jour de sa mort. Ses OEuvres, qui comprennent les Statuts de son ordre, des Sermons, des Cantiques et des Lettres, ont été publiées à Anvers, 1623, in-4. M. Chavin de Malan a donné une Hist. de S. François d’Assise, 1841. V. FRANCISCAINS.

FRANÇOIS DE PAULE (S.), fondateur de l’ordre des Minimes, né en 1416 à Paule en Calabre ; mort en 1507, fut dès son enfance voué à S. François d’Assise, dont on lui donna le nom ; se retira fort jeune dans une solitude au fond de la Calabre, y acquit bientôt un grand renom de sainteté, fonda un monastère dans lequel il réunit plusieurs disciples sous le nom de Minimes, c.-à-d. les derniers entre tous, et fut le supérieur général du nouvel ordre. Ils faisaient vœu d’humilité, et se livraient surtout à l’exercice de la charité. S. François de Paule, qu’on surnommait le saint homme, avait la réputation d’opérer des guérisons miraculeuses : Louis XI, dangereusement malade, le fit venir en France, espérant être guéri par ses prières ; mais le pieux ermite ne put que rendre au roi la résignation et l’aider à mourir chrétiennement (1483). Après la mort de Louis XI, il resta en France, où il fut protégé par Charles VIII et