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qui avait pris en main la défense des cités guelfes, il fut excommunié en 1160 par ce pape, et fut obligé, après avoir été défait à Legnano par les Milanais (1176), de venir baiser les pieds du pontife, qui ne lui pardonna qu'à ce prix. En 1183, le traité de Constance rendit la paix et l'indépendance à l'Italie. Roi chevaleresque, Frédéric prit la croix en 1189, à la voix de Guillaume de Tyr : il remporta quelques avantages sur les Turcs en Asie-Mineure; mais son armée, forte de 100 000 hommes, fut presque entièrement détruite par les maladies, et lui-même il se noya dans la petite riv. de Sélef (l'anc. Calycadnus). Son fils Henri IV, pour lequel il avait obtenu la main de Constance, héritière de la Sicile, lui succéda.

FRÉDÉRIC II, empereur d'Allemagne, roi des Deux-Siciles sous le nom de Frédéric I, né en 1194, fils de Henri VI et de Constance, succéda à son père en 1197; mais il ne fut paisible possesseur de la couronne qu'en 1220, après la mort de ses deux compétiteurs, Othon de Brunswick et Philippe de Souabe. Frédéric avait été protégé par le pape Innocent III dans sa lutte contre ses compétiteurs, et en retour il avait fait vœu d'aller combattre les Infidèles; cependant ce ne fut qu'après avoir été excommunié par Grégoire IX qu'il se décida à partir (1228). Cette croisade fut terminée sans combat : Frédéric traita à prix d'or avec le sultan Mélédin de la reddition de Jérusalem, et se fit couronner roi de la ville sainte : sa lâche conduite le fit anathématiser par le pape. A son retour, il trouva une partie de l'Italie soulevée contre lui, mais il réussit à tout faire rentrer sous son pouvoir. Une 2e révolte ayant eu lieu dans la Lombardie en 1240, il saccagea Milan, pilla les églises et commit, surtout contre le clergé, d'horribles cruautés. Il fut excommunié de nouveau (1245) : le pape Innocent IV le déclara déchu, et appela au trône Henri Raspon, landgrave de Thuringe, puis Guillaume, comte de Hollande. Accablé de fatigues et de soucis, Frédéric II mourut en 1250, à Fiorentino (près de Foggia dans la Pouille) : on le crut empoisonné par Mainfroi, un de ses bâtards. Ce prince, impie, cruel et débauché, possédait cependant une intelligence remarquable : il parlait plusieurs langues, n'était étranger à aucune des connaissances de son temps, aimait et cultivait même les lettres; on a de lui quelques poésies en langue italienne, des Lettres en latin, et un traité De arte venandi cum avibus. Il développa les études à Padoue, à Bologne et à Salerne, établit une université à Naples, jeta les fondements de celle de Vienne, apporta de l'Orient des Mss. précieux, fit traduire en latin les œuvres d'Aristote, l’Almageste de Ptolémée et les principaux traités de Galien, favorisa l'agriculture, l'industrie et le commerce, et réforma la législation. Ou doit à M. Huillard-Bréholles l’Histoire diplomatique de Frédéric II, Paris, 1853-60, 7 v. in-4.

FRÉDÉRIC III, le Pacifique, empereur d'Allemagne, né en 1415, mort en 1493, était fils d'Ernest, duc d'Autriche, et porta d'abord, comme duc, le nom de Frédéric V. Élu après la mort d'Albert II en 1440, il ne porta sur le trône qu'une extrême indolence. Mathias Corvin, roi de Hongrie, n'ayant pu obtenir de lui aucun secours contre les Turcs, envahit ses États une fois qu'il fut débarrassé de ces ennemis, et le força à lui céder Vienne et toute la Basse-Autriche, qu'il garda de 1485 à 1490; Charles le Téméraire se fit céder par lui les droits impériaux sur les provinces du Rhin. Néanmoins, Fréd. prépara l'agrandissement de la maison d'Autriche en mariant son fils Maximilien avec Marie, héritière du duché de Bourgogne.

FRÉDÉRIC, le Beau, fils de l'empereur Albert I, né en 1286, régna à partir de 1308 sur le duché d'Autriche. Il fut élu empereur par quelques électeurs en 1314, à la mort d'Henri VII, mais le plus grand nombre avait déjà donné la couronne à Louis de Bavière. Les deux compétiteurs levèrent des armées : Louis vainquit Frédéric à Muhldorf en 1322, le retint prisonnier pendant trois ans, et le força à renoncer solennellement à ses prétentions. Il mourut en 1330.

Brandebourg et Prusse.

FRÉDÉRIC I, électeur de Brandebourg, porta d'abord le nom de Frédéric VI comme burgrave de Nuremberg et comte Hohenzollern. Il acheta en 1415 de l'empereur Sigismond la Marche de Brandebourg, à laquelle était attaché le titre d’électeur, combattit les Mecklembourgeois et les Poméraniens, enleva aux premiers la Marche de Priegnitz, aux seconds l'Uckermarck, 1422; mais fut moins heureux en combattant les Hussites à la tête des troupes impériales, 1421 et 1431. Il m. en 1440.

FRÉDÉRIC II, électeur de Brandebourg, 1440-70, 2e fils du préc., appelé Dent de fer à cause de sa force, acheta du grand maître de l'ordre Teutonique la Nouv.-Marche, et réunit, après la mort de son frère cadet, la Vieille-Marche et la Marche de Priegnitz à ses possessions. Il disputa sans succès la Basse-Lusace à George Podiebrad, roi de Bohême. Il abdiqua en 1470, en faveur de son frère Albert l'Achille.

FREDÉRIC-GUILLAUME, électeur de Brandebourg, dit le Grand Électeur, né en 1620, régna de 1640 à 1688, et augmenta la puissance de sa maison. Il remporta plusieurs avantages sur les Polonais, signa avec eux en 1657 une paix qui lui assurait la souveraineté de la Prusse ducale, se joignit en 1674 à l'Espagne et à la Hollande contre Louis XIV, entra en Alsace, puis alla repousser de ses États les Suédois auxquels il imposa un traité onéreux. Ce prince favorisa le commerce, fit creuser un canal de la Sprée à l'Oder, et donna asile à un grand nombre de Protestants chassés de France par la révocation de l'édit de Nantes.

FRÉDÉRIC I, roi de Prusse, d'abord électeur de Brandebourg sous le titre de Frédéric III, né en 1657, mort en 1713, succéda en 1688 dans l'électorat à son père, Frédéric-Guillaume. En 1702, l'empereur Léopold, qu'il avait secouru contre les Turcs, érigea en sa faveur le duché de Prusse en royaume. Généreux et magnifique, il s'entoura d'une cour brillante, introduisit les arts dans ses États, fit des largesses aux savants, fonda l'université de Halle (1694), l'Académie de peinture (1696), et l'Académie de Berlin (1700), dont Leibnitz fut le président.

FRÉDÉRIC-GUILLAUME I, roi de Prusse, né en 1688, de Frédéric I, lui succéda en 1713. Autant son père fut généreux et ami des arts, autant il se montra avare, rude et ennemi de la civilisation : les exercices du corps trouvèrent seuls grâce devant lui, la vie de caserne fut la sienne. Pendant son règne, la Prusse offrit l'aspect d'un camp, où se trouvaient rassemblés des soldats géants, recrutés dans les différentes parties du monde, qu'il se plaisait à faire manœuvrer. En 1715, il se joignit à Frédéric IV, roi de Danemark, contre la Suède : il obtint à la paix en 1720, la cession d'une partie de la Poméranie. Il mourut en 1740, peu regretté de ses sujets et peu digne de l'être; mais il laissait à son fils, le célèbre Frédéric II, des trésors et une armée bien disciplinée.

FRÉDÉRIC II, le Grand, né à Berlin en 1712, mort en 1786, était le 3e fils de Frédéric-Guillaume, et eut pendant sa jeunesse beaucoup à souffrir des rigueurs paternelles. Il monta sur le trône en 1740. Cette année même, après la mort de l'empereur Charles VI, qui avait laissé sa succession à sa fille Marie-Thérèse, Frédéric, profitant de la position difficile où se trouvait cette princesse, fit valoir d'anciennes prétentions sur la Silésie, envahit cette province, et, après avoir battu les généraux autrichiens, se la fit céder en 1741, par le traité de Breslau. Par ce traité, Frédéric avait perfidement abandonné la France, son alliée, qui était aussi alors en guerre avec l'Autriche. En 1744, Marie-Thérèse ayant voulu reprendre la Silésie, Frédéric rentra en campagne : il remporta en 1745, sur le prince Charles de Lorraine, général des troupes impériales, la victoire de Friedberg, bientôt suivie du traité de Dresde, par lequel il était confirmé dans la possession de la pro-