Page:Bouillet - Chassang - Dictionnaire universel d'histoire-geo - 1878 - P1 - A-G.djvu/729

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nibus; De usu partium, son chef-d'œuvre, qui est, comme il le dit, un hymne à l'auteur du corps humain ; pour la médecine : De constitutione artis medicæ; 14 livres de Thérapeutique; des Commentaires sur divers écrits d'Hippocrate; un traité De locis affectis; le traité de la saignée, De curandi ratione per sanguinis missionem. Il avait aussi écrit sur d'autres sciences, notamment sur la philosophie; il inventa la 4e figure du syllogisme; on a sous son nom un traité de l’Histoire de la philosophie et une Dialectique (retrouvée en 1844 par Minoïde Mynas). Il est à regretter que Galien ne se soit pas entièrement garanti de l'esprit d'hypothèse; il expliquait tout en médecine, comme en physique, par 4 éléments, l'eau, l'air, la terre, le feu; par 4 qualités physiques, le chaud, le froid, l'humide, le sec; et par 4 humeurs : sang, bile, pituite, atrabile, qui, mélangées en diverses proportions, forment tous les tempéraments; il admettait pour rendre compte des phénomènes de la vie un esprit vital. Son style est en général élégant et abondant, mais il n'a pas la simplicité et la concision d'Hippocrate. Ses écrits sont restés pendant bien des siècles l'oracle de l'école, chez les Arabes comme en Europe. Ils ont été cent fois publiés et commentés. Les principales éd. sont celles de René Chartier, grec-latin, Paris, 1639-79, 13 vol. in-fol. (avec Hippocrate), et de G. Kühn, Leipsick, 1821-33, gr.-lat., 20 vol. in-8. M. le Dr Daremberg en a entrepris la trad. complète en français, Paris, 1854, et années suivantes.

GALIGAI (Leonora). V. CONCINI.

GALILÉE (la), Galilæa, une des quatre grandes divisions de la Palestine, la plus septentrionale, était bornée au N. par le cours du Léonte et par le Liban qui la séparaient de la Phénicie, à l'E. par le Jourdain et le lac de Tibériade ou mer de Galilée, au S. par les chaînes des monts Gelboé et Carmel, à l'O. par la Méditerranée. Elle comprenait les tribus de Nephtali, Aser, Dan et Zabulon, avait pour ch.-l. Sepphoris ou Diocésarée, et renfermait en outre les v. d'Acco ou Ptolémaïs, Nazareth, Cana, Béthulie, Capharnaüm. Elle se divisait en Galilée supérieure (Galilæa superior, Galilæa populosa, Galilæa Gentium), habitée par un mélange d'Égyptiens, d'Arabes et de Phéniciens; et Galilée inférieure (Galilæa inferior), autour du lac de Tibériade. Comprise dans le roy. d'Hérode, elle devint à la mort de ce prince le partage de son fils Philippe, qui la gouverna pendant toute sa vie. Réunie momentanément à l'empire romain en 34, elle fut donnée par Caligula au petit-fils d'Hérode, Agrippa, à la mort duquel, en 44, elle fut de nouveau réduite en prov. romaine, avec tout le reste de la Palestine, sous le nom de Judée. Dans les derniers temps de l'empire, elle fit partie de la Palestine 1re, qui dépendait du diocèse et de la préfecture d'Orient. Elle est auj. comprise dans le pachalik d'Acre en Syrie. Les Orientaux l'appellent Beled-el-Boukra (pays de l'Évangile). — Souvent on donne à J.-C. le nom de Galiléen, parce qu'il fut élevé à Nazareth, v. de Galilée, et qu'il fit en Galilée ses premiers miracles; de là aussi le nom de Galiléens donné aux Chrétiens.

GALILÉE (mer de), ou de TIBÉRIADE. V. TIBÉRIADE.

GALILÉE (Empire de). On nommait ainsi une association qu'avaient formée au XVe s. les clercs des procureurs de la Chambre des comptes de Paris, pour se distinguer des clercs des procureurs au parlement, qui s'étaient constitués en Royaume de la Basoche. Ce nom leur venait de ce qu'ils se réunissaient dans la rue de Galilée qui longeait les bâtiments de la Chambre des comptes, et où habitaient beaucoup de Juifs. Cette bizarre association dura jusqu'en 1789.

GALILÉE, Galileo Galilei, né en 1564 à Pise, d'une famille noble, mais pauvre, fut destiné par son père à la médecine, mais abandonna bientôt cette étude pour celle des sciences mathématiques vers lesquelles l'entraînait un goût naturel. Il y fit de tels progrès que dès l'âge de vingt-quatre ans, il fut nommé par la protection des Médicis professeur de mathématiques à l'Université de Pise. Inquiété dans cette ville à cause de la hardiesse de ses idées en physique, qui étaient contraires aux doctrines reçues, il résigna sa chaire en 1592; mais peu après, il fut nommé professeur à Padoue et obtint dans cette ville de grands avantages. Il y fit ses découvertes les plus importantes. Après avoir enseigné une vingtaine d'années à Padoue, il vint se fixer à Florence sur les instances du grand-duc de Toscane, et jouit auprès de ce prince d'une grande faveur. Mais la fin de sa vie fut empoisonnée. Ayant publié un ouvrage dans lequel il exposait, selon Copernic, le mouvement de la terre et l'immobilité du soleil, il se vit, en 1633, dénoncé au tribunal de l'inquisition de Rome : on l'accusait d'être en contradiction avec la Bible. Condamné à l'âge de 70 ans, il fut contraint d'abjurer ses doctrines à genoux et fut privé de sa liberté pour un temps indéfini. On dit qu'après avoir prononcé l'abjuration, il ne put s'empêcher de dire à demi-voix : E pur si muove (et pourtant elle se meut). Il n'est pas vrai, du reste, qu'il ait été, comme on le croit vulgairement, plongé dans les cachots de l'inquisition, et qu'il soit mort en captivité. On lui donna pour prison le logement même d'un des officiers supérieurs du tribunal, mais toujours sous la surveillance du saint-office ; il lui fut même permis quelque temps après de résider dans une maison de campagne auprès de Florence, et d'y poursuivre ses études. Néanmoins il ne voulut plus rien publier depuis. Il perdit la vue à l'âge de 74 ans, et mourut 4 ans après, en 1642. Galilée fut le véritable créateur de la physique expérimentale : on lut doit la découverte des lois de la pesanteur, l'invention du pendule (qui lui fut suggérée un jour par les oscillations isochrones d'une lampe suspendue à la voûte de l'église de Pise), celle de la balance hydrostatique, d'un thermomètre, du compas de proportion, et enfin du télescope qui porte encore son nom (1609) : avec ce dernier instrument, il fit une foule d'observations (entre autres celles des satellites de Jupiter, 1610), qui changèrent la face de l'astronomie. Ses principaux ouvrages sont: Sidereus nuntius, Florence, 1610, où il expose ses découvertes astronomiques; Quatre dialogues sur les systèmes du monde de Ptolémée et de Copernic, en italien, 1632, trad. en latin par Bernegger, Strasbourg, 1656; cet ouvrage est considéré comme un chef-d'œuvre pour le style aussi bien que pour la science : c'est celui qui fournit les motifs de sa condamnation; Dialogues sur le mouvement et sur la résistance des fluides, imprimé à Leyde en 1638, par les soins du comte de Noailles, ambassadeur de France à Rome; Epistolæ tres de conciliatione sacræ Scripturæ cum systemate telluris mobilis, 1649, posth. Ses Œuvres ont été réunies à Milan, 1808, 13 vol. in-8. M. Alberi en a publié à Florence une édit. plus complète, sur des mss. récemment retrouvés, 1843-46, 20 vol. in-8.

GALIN (P.), musicien, né à Bordeaux en 1786, mort à Paris en 1822, inventa une méthode nouvelle pour simplifier l'enseignement de la musique, qu'il appela Méloplaste, et la développa dans l'écrit intitulé : Exposition d'une nouvelle méthode pour l'enseignement de la musique, Bordeaux et Paris, 1818. Cette méthode, renouvelée de J. J. Rousseau et dans laquelle l'étude du rhythme est séparée de celle de l'intonation, a été depuis propagée et perfectionnée par MM. Paris et Chevé.

GALITCH ou GALITZ, v. de Russie d'Europe (Kostroma), à 116 kil. N. E. de Kostroma; 6000 hab. Fondée en 1152 par le grand-duc George Dolgorouki. On croit que c'est cette ville qui a donné son nom à la famille Galitzin.

GALITZIN (maison de), illustre famille russe, issue à la fin du XVe siècle de Michel Ivanovitch Boulgakof, qui descendait lui-même des grands princes de Lithuanie. Boulgakof avait reçu le surnom de Galitza (c.-à-d. gantelet), d'un gant de cuir qu'il avait