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ANJOU, Andecavi, anc. prov. de France, entre la Normandie, le Poitou, le Maine, la Bretagne et la Touraine, avait pour capitale Angers, et pour villes principales Château-Gontier, Baugé, Brissac, Craon, Chollet, Beaupréau. Elle forme auj. le dép. de Maine-et-Loire, et une portion des dép. de la Mayenne, de la Sarthe et d’Indre-et Loire. Climat doux, très-favorable aux fleurs et aux arbres fruitiers. — Habité d’abord par les Andecavi, peuple celtique, ce pays fit partie, sous les Romains, de la 3e Lyonnaise. Après la chute de l’empire romain, l’Anjou entra dans la confédération armoricaine. Conquis par le roi franc Childéric, il passa ensuite sous diverses dominations féodales. Il fut érigé en comté par Charles le Chauve en 864 pour Robert le Fort ; puis donné, après la mort de Robert, à un gentilhomme breton nommé Tertule, qui avait rendu de grands services à ce prince. Louis le Bègue confirma dans cette possession le fils de Tertule, Ingelger, en augmentant ses domaines. C’est de cette maison que sont issus les Plantagenets qui régnèrent sur l’Angleterre de 1154 à 1485 : Geoffroy V, dit Plantagenet, comte d’Anjou, ayant épousé la reine Mathilde (1127), donna naissance à Henri, qui régna sous le nom de Henri II. Les rois d’Angleterre possédèrent jusqu’en 1203 le comté d’Anjou, qui n’en continuait pas moins de relever de la couronne de France. À cette époque, l’Anjou fut confisqué sur Jean sans Terre qui avait fait périr son neveu Arthur, dernier héritier du comté (V. ARTHUR et JEAN), et Philippe-Auguste le réunit à la couronne. En 1226, Louis VIII laissa par testament l’Anjou ainsi que le Maine à Charles, son plus jeune fils, qui devint par là chef d’une nouvelle maison d’Anjou, et qui régna, ainsi que sa postérité sur Naples et la Sicile. En 1290, une petite-fille de ce prince, Marguerite, apporta l’Anjou et le Maine en dot à Charles de France, comte de Valois, dont le fils, devenu roi de France sous le nom de Philippe VI, réunit ces deux provinces à la couronne. En 1360, le roi Jean II érigea l’Anjou en duché, et le donna pour apanage à son 2e fils, Louis, qui devint le chef d’une 2e branche de rois de Naples de la maison d’Anjou : c’est à cette branche qu’appartient le bon roi René. Le dernier rejeton de cette famille, Charles IV, institua Louis XI son héritier, et l’Anjou fut irrévocablement réuni à la couronne en 1482. Le titre de duc d’Anjou fut encore porté depuis par plusieurs princes du sang, par François, 4e fils de Henri II, par Henri III, avant qu’il fût, roi ; par deux fils de Louis XIV, qui moururent jeunes ; par un des petits-fils de ce prince, qui devint plus tard roi d’Espagne sous le nom de Philippe V.

ANJOU (François, duc d'), 4e fils de Henri II et de Catherine de Médicis, et frère de Henri III, né en 1554 et mort en 1584, porta d’abord le titre de duc d’Alençon. Il se montra favorable aux Protestants et fut compromis dans une conspiration qui coûta la vie à son favori La Mole (1574). Il se mit à la tête des Flamands révoltés contre Philippe II, fut un instant reconnu souverain des Pays-Bas, et reçut le titre de duc de Brabant (1582) ; mais ayant voulu violer les libertés du peuple qui l’avait élu, il fut chassé. Il avait été sur le point d’épouser Élisabeth, reine d’Angleterre ; au moment de se conclure, ce mariage échoua par le refus de la reine.

ANJOUAN, une des îles Comores, entre la côte orient. de l’Afrique et Madagascar, a 49 kil. sur 33 ; env. 20 000 hab. (mahométans) ; ch.-l. Makhadou. Jadis florissante, auj. très-pauvre, et dépeuplée par les invasions des pirates madécasses.

ANKARSTRŒM (J.), gentilhomme suédois, né en 1761, avait été enseigne dans les gardes du corps et était retiré du service depuis quelques années lorsqu’il entra, avec plusieurs nobles mécontents, dans une conspiration formée contre Gustave III : il se chargea de porter le coup mortel, et, s’étant introduit dans un bal masqué auquel assistait le roi, il tira sur lui un coup de pistolet au moment où le comte de Horn, son complice, lui désignait la victime, en lui adressant ces mots : « Bonsoir, beau masque. » Cet attentat eut lieu le 15 mars 1792. Arrêté et mis en jugement, Ankarstrœm fut décapité après avoir eu le poing coupé.

ANKOBER, État abyssinien, au S., entre 9° et 11° lat. N., se compose des 2 prov. de Choa et d’Efat, et a pour capit. Ankober, à 450 kil. S. E. de Gondar. C’est l’État le plus civilisé de l’Abyssinie.

ANNA. V. ANNE.

ANNABERG, v. du roy. de Saxe, à 37 kil. S. O. de Freyberg, tire son nom d’une anc. église de Ste-Anne ; 5500 h. Mines d’étain, fer, argent, cobalt.

ANNAM ou VIETNAM, dit aussi EMPIRE ANNAMITIQUE, grand État de l’Inde transgangétique, baigné à l’E. et au S. par la mer, a pour bornes au N. la Chine, à l’O. l’Inde anglaise, l’Empire birman, l’Empire siamois, et se divise en 6 régions : Tonquin ou Drang-Ngai, Cochinchine ou Drang-Trong, Tsiampa, Cambodje annamite, Laos annamite, royaume de Bao ; 1450 kil. sur 600 ; capit. Hué ; env. 23 000 000 d’habitants. Une chaîne de mont. partage l’empire en 2 moitiés longitudinales ; 2 autres chaînes le séparent, l’une de l’empire siamois, l’autre de la Chine. Quelques bons ports. Grande fertilité, sauf vers les mont. et au S. : végétation des tropiques, riz, sucre ananas, thé, poivre, bétel, cocotiers, etc. Bancs de corail énormes ; beaucoup de fer ; sel, marbre, albâtre ; un peu d’or dans les rivières. Les Annamites sont en général semblables aux Chinois, mais plus robustes : leur langue leur écriture, sont dérivés du chinois ; la plupart des institutions sont celles de la Chine : on y trouve des classes de lettrés et de mandarins. Leur gouvt est despotique ; leur armée est d’environ 150 000 hommes ; ils ont de l’artillerie sur le modèle des Européens. — Ce pays, civilisé par les Chinois au IIIe siècle av. J.-C., fut tantôt soumis à la Chine, tantôt indépendant. Lé-Loa assura sa liberté en 1363 ; à cette époque commence la dynastie des Lé, qui règne aussi sur la Cochinchine. En 1774 eut lieu dans le Tonquin la révolte des 3 frères Taï-tsoung, qui furent pendant 20 ans maîtres de tout l’empire. Ils furent expulsés en 1795 par Gia-Long, prince issu de la dynastie cochinchinoise ; un Français, Pigneau, évêque d’Adran, concourut puissamment à cette révolution : il obtint en conséquence toute la confiance du roi et put répandre le Christianisme dans ses États. Les successeurs de ce prince se montrèrent au contraire fort hostiles aux missionnaires, et les persécutions qu’ils exerçaient nécessitèrent en 1858 une expédition hispano-française, à la suite de laquelle le roi régnant se vit obligé de signer en 1860 un traité désavantageux et de céder à la France la Basse-Cochinchine.

ANNAPOLIS v. des États-Unis, ch.-l. du Maryland, sur la baie de Chesapeak, à 60 kil. N. E. de Washington ; 4000 hab. Théâtre et banque ; hôtel du gouvt. — V. de la Nouv.-Écosse, par 67° 42′ lat. N., sur une riv. de même nom, a son emb. dans la baie de Fundy ; 1200 hab. Port magnifique. Fondée par des Français en 1604, elle se nommait jadis Port-Royal.

ANNAT (Fr.), Jésuite, né à Rhodez en 1607, mort à Paris en 1670, devint provincial de son ordre et confesseur de Louis XIV (1654-1670). Adversaire ardent des Jansénistes, il fit condamner par la Sorbonne plusieurs de leurs propositions et écrivit contre eux, entre autres ouvrages, le Rabat-joie des Jansénistes (1666). Son nom serait ignoré si Pascal ne lui eût adressé ses deux dernières Provinciales.

ANNATES, redevance que payaient à la chambre apostolique, en recevant leur bulle, ceux qui étaient pourvus d’un bénéfice, consistait dans le revenu d’une année. Ce droit, longtemps perçu par les papes dans toute la chrétienté, et introduit en France en 1320, fut la source de querelles sans cesse renaissantes entre la cour de Rome et la plupart des souverains de l’Europe. Henri VIII supprima les annates