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république, sous la protection de la Grande-Bretagne, est situé dans la mer Ionienne, au S. O. de la Turquie d'Europe, le long des côtes de l'Albanie et de la Grèce. Il se compose de sept îles principales : Corfou (Coryre), Paxo (Ericusa), Théaki (Ithaque), Cérigo (Cythère), Céphalonie, Zante (Zacynthe) et Ste-Maure (Leucade), qui ont pour ch.-lx: Corfou (siége du gouvt), Portogayo, Vathi, Capsali, Argostoli, Zante et Amaxichi. Il faut y joindre un grand nombre d'îlots moins importants : Merlera, Fano, Samotraki, Anti-Paxo, Meganisi, Cerigotto, et, depuis 1849, ceux d'Élaphonisi, Cervi, Sapienza, cédés par le roy. de Grèce. Superf. 3500 k. carrés env. ; popul., 225 000 h. Climat très-doux, sol montagneux. Ces îles produisent peu de céréales, mais beaucoup de raisins, d'olives et du coton. Commerce assez actif. Le gouvt des îles Ioniennes était avant 1863 une république représentative sous le protectorat du souverain d'Angleterre, qui avait le droit de mettre garnison dans les places et de commander les troupes. Un lord haut-commissaire anglais dirigeait les affaires, de concert avec le président du sénat. Ce sénat représentait le pouvoir exécutif ; il était élu tous les cinq ans par des députés envoyés par chacune des sept îles et se composait d'un président, d'un secrétaire d’État et de cinq sénateurs. — Les îles Ioniennes furent célèbres dès l'antiquité ; elles jouèrent un rôle important dans la guerre du Péloponèse (V. CORCYRE). Soumises par Alexandre, puis par les Romains, elles devinrent en dernier lieu province de l'empire d'Orient. Les empereurs byzantins les ayant négligées, Corfou tomba au pouvoir des rois normands de Naples; mais en 1386 les Vénitiens devinrent maîtres de cette île, puis ils étendirent leur domination sur les autres, et, malgré les efforts des Musulmans, ils en restèrent possesseurs jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. En 1797, les Français, déjà maîtres de Venise, s'emparèrent des îles Ioniennes; en 1799 les Russes et les Turcs réunis les leur enlevèrent, et les constituèrent en un État indépendant sous le nom de république des Sept-Iles unies et sous la protection de la Porte et de la Russie. Le traité de Tilsitt (1807) les avait restituées à la France ; mais les Anglais s'en emparèrent dès 1809. En 1815, elles reçurent, avec la dénomination d’États-Unis des Iles Ioniennes, la forme d'une république sous la protection de l'Angleterre, protection qu'elles supportèrent impatiemment. L'Angleterre y ayant renoncé en 1863, elles votèrent aussitôt leur annexion au roy. de Grèce.

IONIENS, Ionii, une des quatre divisions du peuple hellène. Ils descendaient d'Hellen par Xuthus, son fils, qui lui-même fut père d'Ion et d'Achæus. Vers 1440, les Ioniens envahirent l'Ogygie orient. et l'Égiale, et donnèrent à ces deux pays, qui furent depuis l'Attique et l'Achaïe, le nom d'Ionie. Lors de l'invasion des Doriens dans le Péloponèse (1190), les Ioniens de l'Égiale, chassés par les Achéens, se réfugièrent chez leurs frères les Ioniens de l'Attique ; mais l'Attique était déjà encombrée d'habitants : aussi la plupart des Ioniens cherchèrent-ils bientôt un autre séjour. Vers 1140, sous Nélée et d'autres fils de Codrus, ils allèrent en grand nombre fonder des colonies dans les Cyclades et sur la côte O. de l'Asie-Mineure, ainsi que dans les îles voisines. Ils y bâtirent les 12 villes d'Ionie (V. IONIE) et de plus enlevèrent aux Éoliens Magnésie et Smyrne. Les Ioniens d'Asie, envoyèrent à leur tour de nombreuses colonies sur toutes les côtes de la Méditerranée et jusque dans le Pont Euxin : ils furent pendant longtemps, sous le rapport du commerce, les rivaux des Phéniciens, des Carthaginois et des Étrusques. De tous les Hellènes, les Ioniens furent sans contredit les plus prompts à se civiliser. La vie élégante, la poésie, la philosophie, les beaux-arts naquirent chez eux dès le IXe siècle av. J.-C. Homère était Ionien, ainsi qu'Archiloque et Anacréon, les philosophes Thalès, Bias et Héraclite, les artistes Parrhasius et Apelle, la courtisane Aspasie, etc. Le dialecte ionien était le plus doux de la langue hellénique, et le mode ionien (en musique) était le plus efféminé et le plus voluptueux. Les Ioniens ont laissé leur nom à un ordre d'architecture qui se distingue par les doubles volutes qui ornent son chapiteau.

IOS, auj. Nio, petite île de la mer Égée, une des Cyclades, entre Amorgos et Sicinos, a 16 kil. sur 8. C'est là, dit-on, que mourut Homère.

IOULIS, auj. Jouli, v. de l'île de Céos, patrie de Simonide. Jadis riche, elle offre encore de belles ruines.

IORI, IOURIÉ, formes russes du nom de George. Ce noms a été porté par 3 princes qui ont régné en Russie. V., à l'art. Russie, le tableau des souverains;

IOWA, État de l'Amérique du N., entre ceux de Wisconsin et d'Illinois à l'E., de Missouri au S. et les districts des Mandanes et des Osages au N. et à l'O. ; 235 000 kil. carr.; 250 000 hab. ; ch.-l., Iowa-City. Il est arrosé par le Mississipi, le Missouri et leurs affluents, l'Iowa, qui lui donne son nom, la riv. des Moines, le Cédar, etc. Grandes richesses minérales; sol fertile et bien cultivé, mais seulement vers le S.: céréales, plantes oléagineuses, sucre, tabac, etc.; vastes prairies. L'industrie et le commerce y sont encore peu avancés. — L'Iowa faisait jadis partie de la Louisiane et fut cédé avec elle par la France aux États-Unis en 1803. Ce fut d'abord un district qui dépendait du Missouri, puis du Wisconsin ; en 1838, il fut érigé en territoire; il devint État souverain en 1846.

IOWA-CITY, v. des États-Unis , capit. de l’État d'Iowa, à 1000 kil. N. O. de Washington ; 6000 hab. Fondée en 1839, elle s'accroît tous les jours.

IPHIANASSE. V. IPHIGÉNIE.

IPHICLÈS, fils d'Amphitryon et d'Alcmène et frère utérin d'Hercule, épousa Pyrrha, fille de Créon, roi de Thèbes, et sœur de Mégare. Il assista à la chasse du sanglier de Calydon, et mourut des blessures qu'il reçut en combattant avec Hercule contre Argée, roi des Éléens. Il eut pour fils Iolas.

IPHICRATE, général athénien, était fils d'un cordonnier. Très-jeune encore, il contribua puissamment à délivrer sa patrie du joug des 30 tyrans (403 av. J.-C.). Peu après, il fit la guerre aux Thraces, et rétablit sur le trône Seuthès, allié d'Athènes. 11 remporta plusieurs victoires sur les Spartiates (393), et prit une flotte syracusaine, auxiliaire des Lacédémoniens. Il conduisit des secours à Artaxerce, roi de Perse, contre l’Égypte (374), et fut sur le point de s'emparer de Memphis et de tout le pays. Il rétablit sur le trône de Macédoine Eurydice, que l'usurpateur Pausanias en avait chassée. Iphicrate introduisit des réformes importantes dans l'armure des soldats athéniens. Malgré ses services, il fut exilé pour avoir faibli dans l'attaque de Byzance : il mourut obscurément en Thrace. Cornélius Népos a écrit sa vie.

IPHIGÉNIE, fille d'Agamemnon et de Clytemnestre. Un calme opiniâtre arrêtant trop longtemps l'armée des Grecs dans l'Aulide, Calchas leur déclara que Diane, irritée contre Agamemnon, retenait les vaisseaux et qu'elle ne pourrait être apaisée que par le sang d'une princesse de la famille du roi. Agamemnon, après avoir lutté longtemps, accorda le sacrifice de sa fille aux sollicitations des princes ligués : mais Diane, apaisée, mit à sa place une biche, qui lui fut immolée, et elle transporta dans la Tauride cette princesse, pour en faire sa prêtresse. Oreste, son frère, que la tempête avait porté sur ces côtes, faillit être immolé par elle à la déesse ; mais il se fit reconnaître de sa sœur, et, l'ayant enlevée, il quitta avec elle ce pays inhospitalier. Iphigénie a fourni à Euripide le sujet de deux tragédies célèbres, I. en Aulide et I. en Tauride. La 1re a été imitée en franç, par Rotrou (1640), Racine (1674), Leclerc et Coras (1676), en italien par Dolce (1560), en allemand par Schiller (1790). La 2e l'a été en français par Lagrange-Chancel (Oreste et Pylade, 1697), Duché (1704), Guimond de la Touche (1757), en allemand par Gœthe (1786). Gluck et Piccini en ont fait le sujet de beaux opéras.

IPHITUS, roi d'Élide. L'an 884 av. J.-C., il rétablit les jeux olympiques qui avaient déjà été institués par Hercule plusieurs siècles auparavant, et qui