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elle donna son nom et où elle fut sans cesse en lutte avec les Pictes ; enfin que le Druidisme y régna jusqu’au IVe s., époque à laquelle S. Patrick y introduisit le Christianisme : le nombre des établissements religieux y devint bientôt si grand que l’Irlande fut appelée l’Île des Saints. L’Irlande était alors divisée entre plusieurs rois indépendants, qui portèrent le nom d’O’Neill dans l’Ulster, d’O’Brien dans le Munster, d’O’Connor dans le Connaught, de Mac-Morrough dans le Leinster, d’O’Melaghlin dans le Meath. Aux VIIIe et IXe s., les Danois s’emparèrent de presque toutes les côtes. Vers 1002, Brien-Boron, roi de Munster, devint maître de la plus grande partie de l’île ; il vainquit les Danois à Clontarf (1014). En 1169, Henri II, roi d’Angleterre, qui s’était fait investir de l’Irlande par une bulle du pape Adrien IV dès 1155, y envoya une armée ; il s’y rendit en personne en 1171 : malgré la résistance héroïque de Roderic O’Connor, les Irlandais furent obligés de céder à des forces supérieures, et Jean, fils de Henri II, fut le premier vice-roi d’Irlande. Cependant les Anglais n’avaient soumis qu’une petite partie de l’île (les comtés actuels de Dublin, Meath, Louth et Kildare) ; le reste était encore indépendant. En 1315, Édouard Bruce, frère du roi d’Écosse, y débarqua, et fut proclamé roi a Dundalk par les Irlandais restés libres ; mais il fut vaincu et tué en 1318. Toutefois le pays résista longtemps encore, et la conquête ne fut complétée qu’en 1603, par la soumission de l’Ulster. Les Anglais commencèrent dès lors à faire peser sur l’Irlande un joug intolérable. Déjà plusieurs efforts inutiles avaient été tentés par les Irlandais pour secouer leur domination, lorsqu’au XVIe s. leur refus d’accéder à la Réforme, introduite en Angleterre par Henri VIII, attira sur eux de nouvelles persécutions. Élisabeth dépouilla les Catholiques irlandais de la faculté d’occuper des emplois publics ; Jacques I confisqua les terres des insurgés et les biens du clergé catholique. En 1650, l’Irlande, qui avait pris parti dès 1641 pour Charles I, fut mise à feu et à sang par Cromwell et Ireton. Lors de la révolution de 1688, les Irlandais, fidèles aux Stuarts, se déclarèrent pour Jacques II ; mais la victoire de la Boyne, remportée en Irlande même par Guillaume d’Orange (1690), anéantit leurs espérances. En 1782, ils obtinrent un parlement indépendant ; néanmoins, encouragés par la France, ils s’insurgèrent en 1796. L’insurrection, mal secondée par la République française, fut bientôt comprimée, et les échafauds se relevèrent. En 1800, le parlement anglais décréta l’union définitive des deux pays et supprima l’ombre de parlement que l’Irlande avait conservée ; on laissa, il est vrai, aux Irlandais la faculté d’envoyer au Parlement britannique des députés qui s’y trouvèrent perdus au milieu de ceux de l’Angleterre et de l’Écosse : encore n’y admit-on que les Irlandais anglicans : les Catholiques furent privés du droit d’élection et de représentation. Depuis cette époque, l’Irlande n’a cessé de réclamer, surtout par la voix du célèbre O’Connell (1825-47), l’émancipation des Catholiques et même le rappel de l’union. L’émancipation, longtemps promise et ajournée, fut enfin accordée en 1829, sous le ministère de Robert Peel, mais n’a pas mis un terme aux maux de l’Irlande La misère pousse chaque année un grand nombre d’Irlandais a émigrer en Amérique et en Australie, et la dépopulation du pays a pris des proportions effrayantes. Ces souffrances ont amené en 1865 la conspiration des Fénians (V. ce nom). On doit à Th. Moore, à El. Regnault et au P. Perraud des Hist. de l’Irlande.

IRLANDE (Mer d'), partie de l’Océan Atlantique située entre l’Angleterre et l’Irlande. Elle communique avec l’Atlantique au N. par le canal du Nord, entre l’Écosse et l’Irlande, et au S. par le canal St-George. Elle renferme les îles d’Anglesey et de Man.

IRLANDE (NOUVELLE-), île du Grand-Océan Équinoxial, dans l’Océanie, au N. E. de la Nouv.-Bretagne et au S. E. du Nouvel-Hanovre, par 2° 30-4° 59′ lat. S. et 48° 18′-150° 50′long. E. ; 350 kil. de long sur 35 de large. Montagneuse et couverte de forêts ; ; on y trouve en abondance des cocotiers et des muscadiers : les bois sont peuplés d’une multitude d’oiseaux de diverses espèces. Les indigènes sont très-laids, mais moins noirs que les nègres d’Afrique ; leur chevelure est longue et laineuse ; ils sont doux, sobres, hospitaliers, mais défiants. Ils confectionnent avec beaucoup d’adresse leurs armes et leurs instruments de pèche et de chasse. Lieu principal, Port-Praslin, — La Nouv.-Irlande, découverte par Schouten en 1616, a été revue par Tasman (1643), Dampier (1760) et Carteret (1767).

IRMINON, prieur de l’abbaye de St-Germain des Prés, près de Paris, sous Charlemagne et Louis le Débonnaire, a laissé un Polyptique, ou Pouillé de son abbaye, précieux pour l’histoire de la condition des personnes et des terres à cette époque. Il a été publié par B. Guérard, 1845.

IRMINSUL, c.-à-d. colonne d’Irmin (le même qu’Hermann, Arminius), idole des anciens Saxons, était placé sur la montagne fortifiée d’Ehresbourg (maintenant Stadtberg, près de Paderborn). Elle représentait un homme armé à la façon des Germains, tenant un étendard d’une main et une lance de l’autre. C’était le dieu de la guerre, ou selon quelques-uns Arminius déifié. Charlemagne détruisit cette idole en. 772, ainsi que la forteresse qui la défendait

IRNERIUS, Werner ou Garnier, le réformateur de la jurisprudence au moyen âge, était né, selon les uns, en Allemagne, selon d’autres à Milan, ou plutôt à Bologne, vers 1065. Selon une tradition, il avait étudié à Constantinople ; mais il est plus probable qu’il se forma seul par la lecture des jurisconsultes anciens. Il enseigna le droit à Bologne de 1100 a 1120, avec un tel éclat que bientôt l’école de cette ville fut aussi célèbre pour la jurisprudence que l’école de Salerne pour la médecine, La grande-comtesse Mathilde, qui régnait sur la Toscane, et l’empereur Henri V, appelèrent Irnerius dans leurs conseils On place sa mort entre 1138 et 1150. On lui attribue l’institution des grades scientifiques et des insignes affectés à chaque grade. On a de lui des gloses qui justifient peu sa réputation. Il laissa de savants disciples : Azon, Jean Bulgare, Martin Gosia, Porta, et surtout Accurse, qui le fit oublier.

IROQUOIS, confédération jadis puissante d’Indiens de l’Amérique du Nord. qui habitent auj. partie dans les États-Unis (New-York), partie dans le Canada. Ils formaient autrefois 5 nations : les Mohawks, les Onéidas, les Onondagas, les Sénécas, les Cayugas ; auj. ils ne comptent plus guère que 12 000 individus. Ils étaient fiers, guerriers, courageux, hospitaliers, amis fidèles, d’une imagination mélancolique ; l’abus des spiritueux (dont ils ignoraient l’usage avant l’arrivée des Européens) les a abrutis et énervés — En 1603, lorsque les Français arrivèrent au Canada, les Iroquois étaient en guerre avec les Adirondaks. Ceux-ci invoquèrent le secours des Français, et, conduits par Champlain, défirent complètement les Iroquois ; mais les Hollandais ayant anéanti la nation des Adirondaks, les Iroquois reconquirent leur importance. Ils soutinrent les Anglais, d’abord contre les Français, puis contre les Anglo-Américains : aussi, en 1779, ces derniers en massacrèrent-ils un grand nombre et détruisirent-ils leurs villages. Depuis ce temps, les Iroquois vivent sur ce qu’on appelle les réserves de l’État ; mais ils sont resserrés tous les jours par les colons américains, et leur nombre diminue sensiblement.

IRRAOUADDY. V. IRAOUADDY.

IRTYCH ou IRTISCH, grand fleuve de l’Asie septent., sort des monts Altaï, dans la Dzoungarie, traverse le lac Dzaïssang, baigne le gouvt de Tomsk (Russie d’Asie), le N. du Turkestan indépendant, le S. du gouvt de Tobolsk, et, après un cours de près de 3000 kil., tombe dans l’Obi au-dessous de Simarowa. Affluents, l’Oulba, l’Om, l’Ichim et le Tobol. Sur la rive g. de l’Irtych les Russes ont élevé, de Buchtarminsk à Omsk, une ligne de forteresses pour arrêter les Incursions des Tartares.