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9o Apulie (avec la Peucétie et l’Iapygie), 10o Lucanie, 11o Brulium. — Dans le partage de l’empire romain qui eut lieu à la mort de Constantin (337), on donna le nom de Préfecture d’Italie à l’une des deux grandes divisions de l’empire d’Occident, qui comprenait même des pays situés hors de l’Italie. Cette préfecture était divisée en quatre diocèses : 1o le diocèse d’Italie, comprenant la Vénétie avec l’Istrie au N. E., l’Émilie au S. O., la Flaminie au S. E. de l’Émilie, la Ligurie à l’O. de la Vénétie, les Alpes Cottiennes au N. E., la Rhétie 1re et la Rhétie 2e au N. ; 2o le diocèse de Rome, subdivisé en Tuscie-et-Ombrie au S. de l’Émilie ; Picenum à l’E., Samnium au S., Valérie à l’O., Campanie au S. O. du Samnium, Apulie-et-Calabre à l’E, Brutium-et-Lucanie au S. ; plus la Sicile, la Sardaigne et la Corse (le Latium formait un district particulier) : 3o le diocèse d’Illyrie ; 4o le diocèse d’Afrique. V. ces noms.

Italie au moyen âge. Sous Justin II, empereur d’Orient en 570, après la chute de l’empire romain d’Occident, l’Italie se trouvait partagée entre l’empire d’Orient et les Lombards. Les possessions lombardes comprenaient toute l’Italie septentrionale avec une partie de l’Italie centrale, et se divisaient eu 36 duchés dont les principaux étaient ceux de Frioul, de Brescia, d’Ivrée, de Turin et de Pavie au N., de Toscane et de Spolète au centre, de Bénévent au S. L’empire romain d’Orient possédait les côtes septentrionales de l’Adriatique qui formaient l’Exarchat de Ravenne ; la Pentapole, composée des cinq villes de Rimini, Pesaro, Fano, Sinigaglia et Ancône ; Tarente et le patricial de Calabre, les duchés de Naples et de Rome, les côtes de la Ligurie avec Gênes. — Au IXe s. Charlemagne constitua en faveur de son 2e fils Pépin le Royaume d’Italie, qui comprenait, avec l’Italie lombarde ou Lombardie, la Bavière et l’Alémanie ou Souabe méridionale. Il avait donné au pape l’Exarchat de Ravenne et la Pentapole qui formèrent depuis le Patrimoine de Saint-Pierre. — À partir du Xe s., l’Italie, en proie à des révolutions perpétuelles, se partagea en un nombre infini de duchés et de comtés indépendants, qu’il est impossible d’énumérer. Du XIIe au XIIIe siècle, la plupart des villes maritimes s’érigèrent en républiques, entre autres Venise, Gènes, Pise, Amalfi, et Naples ; un grand nombre de villes libres de Lombardie formèrent dans le nord de l’Italie une confédération dite Ligue Lombarde, à la tête de laquelle se trouvaient Milan et Pavie. L’agrandissement progressif des États de l’Église, les conquêtes des Normands dans l’Italie méridionale, la soumission de la Lombardie par les empereurs d’Allemagne, les guerres que se firent dans les États de Naples et de Sicile les maisons d’Anjou et d’Aragon, changèrent encore plusieurs fois les divisions de l’Italie (V. ci-après la notice historique).

Italie moderne. Avant 1789, on y distinguait : le royaume de Sardaigne, la république de Gênes, la république de Venise, le duché de Modène, le duché de Parme, le grand-duché de Toscane, les États de l’Église, le royaume de Naples. Depuis, l’Italie septentrionale, conquise par les Français en 1797, forma la République Cisalpine (V. ce nom), qui comprenait le Milanais, la république de Venise, les duchés de Modène et de Massa-Carrara et trois légations des États de l’Église. En 1804, la Savoie, le Piémont et le comté de Nice se trouvaient réunis à l’empire français dont ils formaient 7 départements. En 1805, la république Cisalpine prit le nom de Royaume d’Italie ; ce royaume accru successivement de diverses portions de territoire, finit en 1809 par compter 24 dép.

Départements. Chefs-lieux.
Agogna, Novare.
Olona, Milan.
Lario, Cômo.
Au N. du Pô et à l’ouest. Adda, Sondrio.
Serio, Bergame.
Mella, Brescia.
Haut-Pô, Crémone.
Mincio Mantoue.
Adige, Vérone.
Haut-Adige, Trente.
Bacchiglione, Vicence.
Au N. du Pô et à l’est. Brenta, Padoue.
Adriatique, Venise.
Piave, Bellune.
Tagliamento, Trévise.
Passeriano, Udine.
Crostolo, Reggio.
Panaro, Modène.
Reno, Bologne.
Bas-Pô, Ferrare.
Au S. du Pô. Rubicone, Forli.
Metauro, Ancône.
Musone, Macerata.
Tronto, Fermo.

En 1801, le grand-duché de Toscane fut érigé en Royaume d’Étrurie ; mais en 1808 il fut compris dans l’empire français, auquel il donna 3 dép. (Méditerranée, Arno et Ombrone), tandis que les États de l’Église, déjà absorbés en partie par le royaume d’Italie, donnaient à l’empire français deux départements (Trasimène et Rome). — L’Italie méridionale continua de porter le titre de Royaume de Naples ; elle renfermait les principautés indépendantes de Bénévent et de Ponte-Corvo, récemment créées. Les événements de 1814 changèrent cet état de choses et établirent en Italie les divisions suivantes, qui ont subsisté avec de légères modifications jusqu’à ces dernières années.

États. Capitales.
Italie septentrionale.
Royaume Sarde, Turin.
Principauté de Monaco, Monaco.
Royaume Lombard-Vénitien (à l’Autriche), Milan.
Italie centrale.
Duché de Modène, Modène.
— de Parme, Parme.
— de Lucques, Lucques.
— de Massa-Carrara, Massa.
Grand-duché de Toscane, Florence.
États de l’Église, Rome.
République de Saint-Marin, Saint-Marin.
Italie méridionale.
Royaume des Deux-Siciles, Naples.

Italie actuelle. Depuis l860, l’Italie, dont le nom n’était plus guère, selon le mot de Metternich, qu’une expression géographique, forme un royaume unique, dont le roi de Sardaigne a été proclamé le chef, et qui comprend tous les États autrefois séparés, à l’exception des États de l’Église (Patrimoine de St-Pierre et Campagne de Rome). Le nouveau roy. avait été provisoirement divisé en 10 régions : Piemont, Ligurie, Sardaigne, Lombardie, Parmesan, Modenais, Romagne, Toscane, Naples, Sicile ; il forme aujourd’hui (1869) 69 provinces.

Histoire. L’Italie, suivant les traditions romaines, fut d’abord appelée Saturnie, à cause de Saturne, qui, chassé de Crète par son fils Jupiter, y trouva un asile auprès de Janus, roi du pays, à qui il enseigna l’usage des lettres et de l’agriculture. Plus de 400 ans avant la guerre de Troie, une colonie d’Arcadiens vint s’établir en Italie, sous la conduite d’Œnotrus, de qui le pays prit le nom d’OEnotrie. Italus, l’un de ses successeurs, lui donna celui d’Italie. Évandre, obligé de quitter le Péloponèse, y mena vers le XIIIe s. av. J.-C. une nouvelle colonie d’Arcadiens, et bâtit la petite ville de Pallanteum, sur le mont appelé depuis Palatin. Peu de temps après, Énée, à la tête d’une troupe de Troyens qui avaient échappé à la fureur des Grecs, aborda à l’embouchure du Tibre, et ayant épousé Lavinie, fille du roi Latinus, bâtit la ville de Lavinium. Quoi qu’il en soit de ces traditions, l’Italie primitive fut peuplée d’Aborigènes, de Pélasges (dits aussi Tyrrhènes et Sicules), de Liburnes, d’Opici ou Osques ; elle reçut ensuite des Hellènes venant du continent grec, puis deux émigrations de conquérants gaulois (les Cimbres et ensuite les Senones et autres Celtes