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JANSSENS (Abraham), peintre flamand, né à Anvers vers 1560, m. en 1631, séjourna longtemps en Italie, où il s'appropria la manière des artistes de ce pays, et contribua puissamment à la chute définitive de l'école de Bruges qui avait dominé pendant tout le XVIe s. Plein de confiance dans son mérite, il se regardait comme supérieur à Rubens. Du reste, fort dérangé dans la conduite, il vécut et mourut misérablement. Ses qualités distinctives sont la couleur et la richesse de la composition. Presque toutes les églises de Belgique possèdent de ses tableaux ; mais ses chefs d’œuvre sont dans l'église des Carmes à Anvers.

JANUS, le plus ancien roi de l'Italie, était, suivant la Fable, fils d'Apollon et de Creuse, fille du roi d'Athènes Érechthée. Il vint s'établir dans le Latium, où il bâtit, près de la r. dr. du Tibre et sur une colline, la ville qui prit de lui son nom de Janicule, et il reçut dans ses États Saturne qui avait été chassé du ciel. Janus poliça les peuples barbares de l'Italie, et eut un règne si paisible qu'on le regarda depuis comme le dieu de la paix. Romulus lui éleva à Rome un temple dont les portes étaient ouvertes en temps de guerre et fermées en temps de paix. Ce temple ne fut fermé que deux fois jusqu'à Auguste, l'une sous Numa, l'autre après la 1re guerre punique. Auguste le ferma après la bat. d'Actium. Depuis, il fut encore fermé 5 fois : la dernière, sous Gordien III, après la guerre des Perses. Janus présidait à l'année : on le représente avec une tête à deux faces adossées l'une à l'autre, dont l'une regarde en avant dans l'avenir, l'autre en arrière dans le passé. Janus tenait une clef à la main, parce qu'il présidait aux portes (janua) et ouvrait l'année. C'est de lui, dit-on, que le mois de janvier (januarius) prit son nom. Les chronologistes placent le règne de Janus au XVe s. av. J.-C. (de 1451 à 1415).

JANUS MONS, nom latin du mont Genèvre.

JANVIER (S.), martyr, était évêque de Bénévent et fut décapité près de Pouzzoles en 291 ou en 305, après avoir été respecté par les bêtes auxquelles il avait été exposé. Ses reliques ont été transportées à Naples, où on lui a élevé une chapelle fameuse; on y conserve dans un vase du sang de ce saint, qui, assure-t-on, se liquéfie spontanément et entre en ébullition chaque année le jour de sa fête (19 sept.).

JANVIER (le P.), chanoine d'Autun, publia en 1742 un poëme français Sur la Conversation, imité de l’Ars confabulandi du P. Tarillon, jésuite. Un sieur Cadot en changea une vingtaine de vers et le publia sous son nom en 1757. Delille a profité de l'ouvrage de Janvier dans son poème de la Conversation.

JANVIER (ordre de St-), fondé en 1738 par Charles, roi des Deux-Siciles (depuis Charles III roi d'Espagne) à l'occasion de son mariage avec Amélie de Saxe. La croix, qui est en or et à 8 pointes, offre l'effigie de S. Janvier, avec une burette de son sang et cette devise : In sanguine fœdus. Le ruban est ponceau.

JANVILLE, ch.-l. de c. (Eure-et-Loire), à 41 kil. S. E. de Chartres : 1200 hab. Jadis fortifié ; ruiné par les Anglais en 1428. Patrie de Colardeau.

JANZÉ, ch.-l. de c- (Ille-et-Vilaine), à 22 k. S. E. de Rennes; 2000 h. Poulardes estimées, dites de Rennes.

JAPET, Iapetus, fils d'Uranus et frère de Saturne, régna en Thessalie et eut, entre autres enfants, Atlas, Prométhée et Épiméthée. Les Grecs le regardaient comme l'auteur de leur race. Il paraît être le même que le Japhet de la Bible.

JAPHET, un des fils de Noé, peupla l'Europe et une partie de l'Asie occidentale. Les Grecs avaient conservé le souvenir de cette tradition quand ils faisaient de Japet le père de leur race. Japhet eut sept fils, Gomer, Magog, Madaï, Javan, Thiras, Tubalet Mosoch. On a fait du 1er le père des Cimbres, du 2e celui des Scythes, du 3e celui des Mèdes, du 4e celui des Ioniens ou Grecs, et des trois derniers les pères des habitants de la Thrace, de la Cappadoce et du Pont.

JAPON, Japan en anglais, Zipon ou Nifon en japonais, empire de l'Asie orientale, se compose de 4 grandes iles : Yéso, Niphon, Xicoco ou Sikokf, Ximo ou Kiousiou, et de beaucoup d'îles moins vastes. Environ 40 000 000 d'hab. ; capit., Yeddo; v. princip., Miyako, Mara, Osaka, Nangasaki, Matsmaï, etc. L'empire japonais se divise en deux parties inégales, l'empire du Japon proprement dit, et le gouvt de Matsmaï. Ce dernier contient l'île d'Yéso, le sud de celle de Tarrakaï ou Saghalien, et les Kouriles méridionales.

Le Japon est un pays montagneux ; il renferme des volcans et est sujet à de fréquents tremblements de terre. Les rivières sont en général assez petites. La chaleur, tempérée par les brises de mer, ne dépasse jamais 36°; il fait très-froid sur les montagnes. Le sol est peu fertile, mais bien cultivé et donne d'excellent riz, divers grains, des légumes, des épices. On trouve au Japon des mines d'or et d'argent, du fer, mais surtout du cuivre en abondance. — Les Japonais forment une race à part : ils ont la tête grosse, le col court, les cheveux noirs, le nez gros, les yeux obliques, le teint jaunâtre; ils sont fiers, vindicatifs, hardis, robustes. Ils sont très-civilisés et fort délicats sur le point d'honneur. Ils ont du goût pour les sciences et les arts, sur tout pour la musique et les spectacles ; contrairement aux usages de l'Asie, ils n'enferment point leurs femmes. L'industrie est très-avancée chez les Japonais; ils fabriquent de belles étoffes, surtout de soie; travaillent habilement le fer et le cuivre, font d'admirables sabres; leurs ouvrages en bois, leurs vernis, leurs porcelaines sont renommés. Deux religions, le sintoïsme et le bouddhisme, se partagent le Japon ; la doctrine de Confucius y est aussi répandue. Le gouvernement est une monarchie héréditaire, despotique et féodale. Le pouvoir fut longtemps dispute entre le koubo ou taïkoun, emper. temporel, et le mikado, emper. spirituel, considéré comme incarnation divine et chef de la religion. Le mikado, omnipotent jusqu'en 1158, était depuis 1585 presque annulé par le taïkoun. Par suite de la révolution de 1866, le pouvoir suprême est revenu aux mains du mikado; le taïkoun n'est plus que le chef de l'armée et l'exécuteur des décisions du mikado. Au-dessous, du taïkoun sont des princes feudataires, dits daïmios. — Au XIIIe siècle Rubruquis et Marco-Paolo apprirent à l'Europe l'existence du Japon. Vers le XVIe siècle, les Jésuites portugais parvinrent à s'y introduire et convertirent un grand nombre d'habitants; mais leurs succès donnèrent de l'ombrage et suscitèrent une persécution générale; en 1637 l'empereur ordonna que les Portugais et leurs alliés ou parents japonais seraient déportés à Macao. Les Hollandais surent alors, en se déclarant les adversaires des Jésuites, se concilier l'affection du souverain, et ils obtinrent le droit exclusif de commercer avec le Japon ; mais depuis quelques années, des traités conclus avec diverses puissances (en 1852 avec les États-Unis, en 1854 avec l'Angleterre, en 1858 avec la France) ont ouvert plusieurs nouveaux ports, entre autres Nangasaki, Simoda, Matsmaï ou Hakodadi, Kanagawa, Fiogo, Nee-e-gata. En outre, les villes de Yeddo et d'Osaka pourront aussi recevoir des commerçants européens. Kæmpfer, qui visita Yeddo en 1690 et 1691, Thunberg, en 1772 et 1776, Siebold, qui séjourna dans le Japon de 1823 à 1830, ont écrit des relations curieuses sur cette contrée.

JAQUELOT (Isaac), théologien protestant, né à Vassy en 1647, m. en 1708, quitta la France à la révocation de l'édit de Nantes, se retira d'abord à Heidelberg, puis à La Haye, et enfin à Berlin; où il remplit les fonctions de prédicateur du roi et de pasteur de l'église française. Il eut de vives disputes avec Bayle et Jurieu. On a de lui, entre autres écrits : Dissertation sur l'existence de Dieu, La Haye, 1697; Traité de la vérité et de l'inspiration des livres du Vieux et du Nouveau Testament, Rotterdam, 1715.

JAQUOTOT (Marie Victoire), peintre sur porcelaine, née à Paris en 1772, m. à Toulouse en 1855, fut attachée à la manufacture de Sèvres en 1800, et au cabinet du roi en 1816. Son œuvre est considérable; on cite surtout la Ste-Famille, la Belle jardinière, la