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dais y bâtirent le fort Nassau (auj. Glocester), et les Suédois en colonisèrent une autre partie qu'ils nommèrent Nouv.-Suède ; les Hollandais expulsèrent les Suédois, et furent à leur tour expulsés en 1664 par les Anglais. Ceux-ci donnèrent au pays le nom de New-Jersey en l'honneur de sir G. Carteret, qui avait défendu Jersey contre les Parlementaires. Ils l'ont conservé jusqu'à la déclaration d'indépendance (1776).

JÉRUSALEM (c.-à-d. la vision de la paix), Hierosolyma, v. antique de la Palestine, capit. du roy. de Juda, était située dans la tribu de Benjamin, à peu près à égale distance de la Méditerranée et du lac Asphaltite, vers les sources du Cédron. Son enceinte, que l'historien Josèphe évalue à 33 stades de tour, était entourée de triples murs; on y pénétrait par 13 portes. La ville était construite sur plusieurs collines disposées en amphithéâtre et dont les principales étaient celles de Sion et d'Acra ; au S. se trouvaient la vallée de Hinnon et le quartier Maspha, à l'E. la vallée de Josaphat et le mont Moriah. La partie de la v. située sur la mont. de Sion était appelée Hte-Ville ou Cité de David; on y voyait le palais de David et plus tard le palais d'Hérode ; sur le mont Moriah s'élevait le temple magnifique construit par Salomon. A l'époque d'Alexandre, la population de Jérusalem pouvait s'élever à 120 000 hab. Auj. Jérusalem n'a plus rien de son anc. splendeur ; toutefois elle est encore le ch.-l. d'un sandjak de Syrie (pachalik de Damas) et le siège d'un patriarche arménien, d'un évêque catholique et d'un évêque protestant. Elle ne compte plus guère que 15 000 hab. et est divisée en 4 quartiers, celui des Juifs, à l'O. de la colline de Sion; celui des Arméniens à l'E. de cette colline; celui des Chrétiens, autour du St-Sépulcre et de la colline d'Acra ; celui des Musulmans, sur le mt Moriah. Hautes murailles crénelées et garnies de tours. L'église du St-Sépulcre (bâtie par la mère de Constantin, Ste Hélène; incendiée en 1811, mais reconstruite l'année suiv.) en est le plus précieux monument ; on remarque aussi la mosquée d'Omar, el Haram (bâtie en 648), et un assez grand nombre de ruines. Peu d'industrie et de commerce. — Lors de l'entrée des Israélites dans la Terre promise, Jérusalem, dite alors Jébus, appartenait aux Jébuséens. Les Benjamites, dans la tribu desquels elle se trouvait comprise, conquirent la ville basse; mais la v. haute, ou Sion, ne fut conquise que par David, qui fit alors de Jérusalem la capit. de son roy. au lieu de Sichem. Salomon y bâtit le célèbre temple qui porte son nom. Capit. du roy. de Juda, après le schisme des 10 tribus, elle fut prise par Sésac et Néchao, rois d’Égypte, par Amasias, roi d'Israël, vainement assiégée par Sennachérib et prise trois fois par Nabuchodonosor (606, 596, 588), qui finit par la détruire (587). Cyrus en permit le rétablissement (536), et le temple de Salomon, détruit par les Assyriens, fut reconstruit (516). Jérusalem commençait à refleurir, mais le gouvernement tyrannique des Séleucides la remplit de désordre et de sang et amena le soulèvement des Macchabées, qui rendit pour quelque temps aux Juifs leur indépendance, (166-161). Jérusalem fut prise ensuite par Pompée l'an 64 av. J.-C., par Titus l'an 70 de J.-C. (le temple fut alors brûlé et la v. détruite presque tout entière), par Julius Severus en 130, sous Adrien. Cet empereur la rebâtit, y éleva un temple à Jupiter Capitolin, la nomma Ælia Capitolina, et défendit à tous les Juifs d'y mettre le pied, 135. Constantin lui rendit son 1er nom et y éleva une basilique. Julien tenta vainement de faire rebâtir le temple des Juifs. Jérusalem a depuis été prise par les Persans en 614, par les Sarrasins en 636, par les Seldjoucides en 1086, puis par les Croisés, qui, en 1099, y fondèrent le roy. de Jérusalem (V. ci-après); par Saladin en 1187, enfin par les Turcs en 1217. Vendue en 1229 par le sultan Méledin à l'emp. Frédéric II, elle fut reprise par les Musulmans en 1241, conquise en 1382 par les Mamelouks et prise de nouveau en 1517 par les Turcs, qui l'ont gardée depuis. La possession des lieux saints, souvent disputés par les Grecs et les Latins, a été une des causes de la guerre d'Orient, entre la France et la Russie, en 1854. M. Poujoulat a écrit l’Histoire de Jérusalem (1842).

JÉRUSALEM (Roy. de), fondé en 1099 par Godefroy de Bouillon, lors de la 1re croisade, se composait de la Palestine et avait pour fiefs les principautés de Tibériade et d'Antioche, les comtés de Tripoli et d'Édesse, etc., et était régi par la législation connue sous le nom d'Assises de Jérusalem. Il fut conquis presque entièrement par les Infidèles après la ba taille de Tibériade, 1187, et Jérusalem même tomba au pouvoir de Saladin. Les 3e, 4e et 5e croisades ne changèrent rien à cet état de choses. En 1229, l'emp. Frédéric II, auteur de la 6e croisade, occupa Jérusalem, et se fit céder presque tout le roy. par Mélik-el-Kamel. Mais dès 1239 Jérusalem fut reprise par les Infidèles, et les Mamelouks, en 1291, achevèrent de conquérir ce qui restait aux Francs.

Rois de Jérusalem :
Godefroy de Bouillon, 1099 Sibylle, puis Baudouin V, son fils, 1185
Baudouin I, 1100 Guy de Lusignan, 1186
Baudouin II, 1118 Henri II, de Champagne, 1192
Foulques V, d'Anjou, gendre de Baudouin II, 1131 Amauri de Lusignan, 1197
Baudouin III, 1144 Jean de Brienne, 1209
Amauri, 1162 L'emp. Frédéric II, gendre du préc., 1229-39
Baudouin IV, 1174

Auj. le titre de roi de Jérusalem est encore porté par l'emp. d'Autriche et le roi de Sardaigne, qui se prétendent héritiers des derniers souverains.

JÉRUSALEM (Concile de), fut tenu en 50 par les apôtres, pour fixer les rapports de la nouvelle religion avec l'ancienne alliance. Il déchargea de la circoncision et des pratiques prescrites aux Juifs par la loi de Moïse les Gentils qui embrasseraient le Christianisme. Ce fut le 1er concile; cependant on ne le compte pas généralement parmi les conciles œcuméniques.

JÉRUSALEM (J. Fréd. Guill.), théologien luthérien, né en 1709 à Osnabruck, m. en 1789, fut chargé par le duc de Brunswick de l'éducation de son fils, et fut aumônier et prédicateur de la cour. Il s'occupa avec succès de l'éducation de la jeunesse, donna le plan du Collegium Carolinum de Brunswick et fonda dans l'abbaye de Riddagshausen un séminaire dont il eut longtemps la direction. On a de lui des Lettres sur la religion de Moïse (1762), des Considérations sur les vérités de la religion (1785), un Recueil de sermons estimés (1788-89), et des Écrits posthumes, Leips., 1793. — Son fils, Ch. Guillaume J., qui donnait de grandes espérances, se tua dans un accès de mélancolie, en 1773. Ce jeune homme est le type du Werther de Goethe.

JERVIS (lord). V. ST-VINCENT.

JESSELMERE, v. de l'Inde. V. DJESSALMIRE.

JESSENIUS (Jean JESSEN, dit), savant médecin, né en 1566 à Nagy-Jessen, en Hongrie, enseigna la médecine avec succès à Wittemberg et à Prague, et fut premier médecin des empereurs Rodolphe et Mathias; mais ayant pris part à la révolte des Hongrois contre Ferdinand II, en 1619, il fut arrêté et condamné à mort en 1621. On a de lui : Zoroaster, Wittemberg, 1593; Anatomiæ historia, 1601; Institutiones chirurgicæ, 1601; Vita et mors Tychonis Brahei, et des dissertations sur les maladies de la peau.

JÉSUATES, ordre religieux institué à Sienne en 1363 par S. Jean Colombin, était ainsi appelé, dit-on, parce que ses fondateurs avaient toujours le nom de Jésus à la bouche. Ils soignaient les malades, et distribuaient des remèdes qu'ils fabriquaient eux-mêmes. Ils ne s'étendirent guère au delà de l'Italie et furent supprimés en 1668.

JÉSUITES, dits aussi Compagnie ou Société de Jésus, ordre religieux fondé en 1534 par Ignace de